intention de créer un vivier unique de
remplaçants plus à même, selon elle, de
répondre aux besoins.
Manque d’anticipation
Dans le secondaire, c’est encore plus
compliqué. Dans la plupart des cas, il
revient au principal ou au proviseur de
pallier les absences, soit en reportant les
cours, soit en les faisant assurer par un
collègue enseignant la même matière.
Malheureusement, cette solution n’est
pas toujours envisageable, le plus sou-
vent pour des questions d’emploi du
temps, mais pas seulement. «
Les profes-
seurs d’un établissement ont déjà refusé
de remplacer un de leurs collègues de
physique car ils estimaient que cela
aurait fait le jeu du rectorat. Ils sont fina-
lement revenus sur leur décision deux
mois plus tard car ils ne voulaient pas
pénaliser davantage les élèves »
, se sou-
vient Dominique Pinck.
Au collège et au lycée, seules les absen-
ces de plus de 15 jours sont prises en
charge par le rectorat. Mais là aussi, les
remplaçants manquent et le système
grince.
« Certains des 15 postes man-
quants étaient le fait de mutations et de
départs en retraite qui n’avaient pas été
pris en compte,
souligne Frédéric Billard.
Il y a un manque évident d’anticipation
des services de l’Education nationale ».
En Moselle, Dominique Pinck a vécu la
même expérience :
« Alors que le princi-
pal d'un collège avait prévenu la direc-
tion académique trois mois à l'avance,
une enseignante partie en congés mater-
nité n'a pas été remplacée pendant 3
semaines »
.
« Il arrive aussi que les chefs
d’établissement ne transmettent pas l’in-
formation comme il le faudrait à
leur hiérarchie,
constate Myriam Menez.
Depuis que nous faisons systématique-
ment remonter les absences au rectorat,
la situation s’est améliorée »
.
Les vacataires en dernier recours
Pour pallier le manque de remplaçants,
le recours à des vacataires est souvent
envisagé. Ces personnels, recrutés par le
biais de Pôle Emploi ou de petites annon-
ces, se retrouvent alors du jour au lende-
main face à des élèves. Mais sans forma-
tion ni expérience, les résultats n’ont rien
de miraculeux.
« Les vacataires sont à
l’origine de nombreux signalements des
parents,
ajoute Myriam Menez,
que ce
soit pour des questions de compétence,
des problèmes de gestion de classe,
d’absentéisme, parfois même de com-
portement ou de langage »
. Sans parler
du fait qu’un vacataire peut refuser un
poste parce qu’il est trop éloigné de son
domicile ou mettre fin à son contrat sans
préavis.
L’état des lieux est inquiétant et une
chose est sûre : la situation ne s’amélio-
rera pas sans une réelle volonté politique
et un travail de longue haleine. Outre le
recrutement d’enseignants supplémen-
taires et la réforme des systèmes de rem-
placement, la ministre a annoncé son
intention de réactiver un protocole de
remplacement des absences de courte
durée datant de 2005… mais qui n’a
jamais été opérationnel ! Elle a égale-
ment promis de publier chaque année
des indicateurs sur le nombre d’absences
et de faire en sorte de mieux accompa-
gner les enseignants à l’origine d’arrêts
trop fréquents. Si ces mesures vont dans le
bon sens, elles ne suffiront pas à inverser la
tendance. Il est pourtant grand temps de
trouver enfin des solutions à la hauteur du
problème.
« Nous n’arrêtons pas d’en-
voyer des courriers et de passer des coups
de téléphone pour signaler des absences
et réclamer des remplaçants. Nous allons
même jusqu’à médiatiser certaines situa-
tions pour faire bouger les choses, mais
nous commençons à nous décourager »
,
se désole Dominique Pinck.
n
CB
EDUCATION
VIE SCOLAIRE
numéro 394 - Janvier-février 2017 -
www.peep.asso.fr6
Le système actuel de remplacement des enseignants conduit parfois à des situations ubues-
ques. Par exemple, un enseignant disponible ne pourra être sollicité même s’il se trouve à
proximité, faute d’appartenir au département de l’établissement.
De plus en plus d’établissements se tournent vers
Internet et notamment vers le site
Leboncoin.frpour trouver des remplaçants. A Vigneux-sur-Seine,
dans l’Essonne (91), un professeur de technologie
absent depuis 2 mois a été remplacé une semaine
après la publication d’une annonce par les parents
d’élèves. Avant cela, un collège d'Ille-et-Vilaine (35)
avait trouvé le professeur de mathématiques qui lui
manquait par le même biais.
Cette situation s’est reproduite un peu partout en
France. Réticente au départ, la hiérarchie a fini par
laisser faire.
Tous les moyens sont bons pour recruter !