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Repas le plus important de la journée, le petit-déjeuner rompt un jeûne de 10 à 13 h. Il est pourtant de plus en plus

délaissé par les enfants par manque de sommeil ou de temps… avec des conséquences sur leur scolarité.

MAGAZINE

SANTÉ

numéro 393 - Novembre-décembre 2016 -

www.peep.asso.fr

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De l’importance

du

petit-déjeuner

«R

epas essentiel pour les pe-

tits comme les grands, le

petit-déjeuner doit couvrir

20 à 25 % des besoins nutri-

tionnels journaliers », rappellent à l’unisson

les acteurs de la santé. Et pourtant, selon

une enquête du Crédoc, 3,4 élèves par

classe arrivent le ventre vide de manière

quasi quotidienne. Et dans l’enseigne-

ment prioritaire ce chiffre passe à 6 élèves

par classe.

« Ce chiffre est en augmenta-

tion depuis 5 ans, tout d’abord en raison

de la crise. Car les familles en difficulté ro-

gnent sur ce repas pour tenter de préser-

ver les autres »

, analyse Pascale Hébel, di-

rectrice du Département Consommation

du Crédoc. Selon Sabine Mala, nutrition-

niste,

« s’ils délaissent le petit déjeuner,

c’est souvent dû au mode de vie familial.

Par manque de temps, les enfants se lè-

vent à la dernière minute et zappent le

petit-déjeuner »

. Un manque d’habitude

que constate aussi David, enseignant de

primaire qui a participé à l’enquête :

« Les

parents travaillent, ils partent avant l’en-

fant. Ce dernier se retrouve seul et n’a

pas le réflexe de prendre un petit-déjeu-

ner »

. Le rôle des parents est en effet pri-

mordial dans l’éducation nutritionnelle.

« Il

faut tout faire pour stimuler leur appétit

afin que ce soit un repas plaisir ! »

, ajoute

le Dr Mala, qui livre des astuces en ce sens

(lire en encadré ci-dessous).

Apprendre le ventre plein

Ce phénomène inquiète d’autant plus

que les enseignants interrogés constatent

que 82 % de ces enfants sont fatigués,

83 % sont moins concentrés et moins at-

tentifs et 61 % participent moins en classe.

D’autres études ont mis en relation les

performances cognitives et les capacités

de création, diminuées en cas d’absence

de petit-déjeuner.

« La nuit, le corps pompe dans ses réser-

ves énergétiques et le matin il a quasi-

ment épuisé celles en glucides. Si un en-

fant ne mange pas, son taux de glycémie

chute vers 10 ou 11 h, ce qui provoque

des troubles de la concentration et des

difficultés de mémorisation »

, confirme

Laurence Plumey (auteur du « Grand livre

de l’alimentation », éd. Eyrolles). Autre

conséquence, la tentation du grignotage

dans la matinée.

« Cet apport de graisses

et de sucres peut entraîner une prise de

poids »

, met en garde le Dr Mala. Les ris-

ques sur la santé sont importants, ces ha-

bitudes, ancrées petit, perdurent à l’âge

adulte, et sont facteurs d’obésité notoires.

Eviter la routine

« Il n’existe pas de petit-déjeuner type

mais une structure à privilégier »

, explique

le Dr Mala. Au menu, un produit laitier (lait,

yaourt, faisselle…) pour les apports de cal-

cium, vitamines A, B2 et D ; un produit cé-

réalier (tartines, pain complet ou céréales

peu sucrées) ; avec le pain une fine cou-

che de beurre ou de confiture ou de miel ;

et un fruit ou un fruit pressé ;

« préférez aux

jus des vrais fruits qui ont plus de vitamines

et moins de sucres »

, conseille la nutrition-

niste. Le Crédoc recommande surtout de

varier la composition pour éviter la rou-

tine… et démarrer la journée en beauté,

par un repas qui soit aussi l’occasion d’un

moment convivial en famille !

n

L’avis du pro

Dr Sabine Mala,

médecin nutritionniste

« Veiller aussi au sommeil ! »

« Le saut du petit-déjeuner peut venir d’un dîner la

veille trop copieux ou trop tardif, qui nuit à la qualité

du sommeil. L’enfant, fatigué, a plus de mal à se lever, moins d’appétit… Dès

que l’on allège le dîner, on retrouve l’appétit au saut du lit, car le jeûne varie de

10 à 13 h selon leur âge. Or l’enfant en pleine croissance brûle 600 calories la

nuit, il ne faut pas mésestimer ses besoins ! Il faut préserver le plaisir, ne pas

stigmatiser les aliments mais diversifier. S’il faut être vigilant sur les céréales

très sucrées et les viennoiseries, ne les interdisez pas mais réservez-les pour le

week-end. Manque de temps ? Préparez la table la veille, pour n’avoir plus qu’à

réchauffer, faites griller une tartine, son odeur ouvre l’appétit ! Et surtout évi-

tez de les réveiller à la dernière minute, avancez l’heure du réveil comme du

coucher, pour qu’ils prennent goût à ce premier repas : de bonnes habitudes

pour toute leur vie ! »