- numéro 393 - Novembre-décembre 2016
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MAGAZINE
EN FAMILLE
messages qu’ils diffusent ont changé eux
aussi.
« Pendant longtemps, la prévention
se limitait à énumérer les risques pour la
santé et à rappeler l’interdiction de la
consommation de cannabis. Ce mes-
sage ne passait pas auprès des jeunes,
se
souvient Jean-Pierre Couteron, psycholo-
gue et président de la Fédération Addic-
tion.
Aujourd’hui, nous avons une appro-
che plus globale qui insiste beaucoup sur
les compétences psycho-sociales. Nous
donnons par exemple des clés aux jeunes
pour prendre leurs propres décisions, nous
les incitons à défendre leur point de vue,
nous leur apprenons à se détacher du
groupe. C’est nettement plus efficace
pour lutter contre les addictions »
.
« Quand j’anime des groupes, j’amène les
participants à s’interroger sur leur
consommation, sans nier le côté festif,
ex-
plique pour sa part Romy Impedovo, infir-
mière à l’Association de formation et de
prévention du risque alcool (AFPRA) à
Mulhouse (68).
Je les fais par exemple ré-
fléchir sur les raisons qui les poussent à
continuer de fumer alors que la première
cigarette qu’ils avaient prise les avait fait
tousser ou vomir »
.
Les adultes en première ligne
Cette toute nouvelle approche s’accom-
pagne d’un gros effort de forma-
tion à destination des professionnels
en contact avec les jeunes, qu’ils
soient enseignants, animateurs ou
personnels éducatifs.
« Nous vou-
lons les sensibiliser à l’importance
de détecter tôt les jeunes suscepti-
bles de souffrir d’addiction et leur
donner des outils pour les convain-
cre de se rendre dans nos Consul-
tations jeunes consommateurs
(CJC), des lieux d’accueil anony-
mes et gratuits où des profession-
nels informent et conseillent les
jeunes et leur entourage sur toutes
les formes d’addictions »,
explique
Jean-Pierre Couteron.
Les parents aussi ont un rôle impor-
tant à jouer en matière de préven-
tion.
« S’ils se posent des questions, il
faut qu’ils en discutent avec leur en-
prévention à un tournant
(suite page 34)
Danièle Jourdain-Menninger,
présidente de la Mission interministérielle de lutte contre
les drogues et les conduites addictives (Mildeca)
« La baisse de la consommation d’alcool et de tabac et
la stabilisation de celle du cannabis résultent du
tournant que nous avons pris en matière de prévention.
Depuis quelque temps, en effet, nous nous inspirons de
nouvelles méthodes qui ont prouvé leur efficacité. La
Mildeca finance par exemple la diffusion de messages
sur les smartphones ainsi que des projets de vidéos ou
de webséries réalisées par des lycéens pour les autres
lycéens : c’est la prévention par les pairs. Le message
passé lors des interventions dans les établissements a
également évolué. Si les jeunes sont mis en garde
contre les risques de la
consommation des drogues, nous
les armons pour résister à la
pression des copains, pour
renforcer leur estime d’eux-mêmes, pour mieux gérer
leur stress, etc. Outre les Consultations Jeunes
Consommateurs, nous menons, avec la Caisse nationale
d’allocations familiales (Cnaf) des actions à destination
des familles et nous allons bientôt expérimenter de
nouvelles méthodes de lutte contre les trafics autour
des établissements scolaires. »
« Les nouvelles méthodes de prévention
ont prouvé leur efficacité »
fant, qu’ils essaient d’en savoir plus sur sa
consommation et sur les raisons qui le
poussent à boire ou à fumer,
conseille
Romy Impedovo.
Ils ne doivent pas non
En 2015, les lycéens sont 41,5 % à déclarer une ivresse
au moins une fois par mois ; contre 52,3 % en 2011.