Comme les adultes, les enfants sont sujets aux crises de migraine. Mais il est impératif de bien la diagnostiquer
pour bien la traiter.
MAGAZINE
SANTÉ
numéro 386 - Mai-juin-juillet 2015 -
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La migraine
chez l’enfant
V
otre enfant se plaint d’avoir
mal à la tête ? Peut-être souf-
fre-t-il de migraine. Ce mal,
que l’on a tendance à n’attri-
buer qu’à l’adulte, est aussi très fréquent
chez les plus jeunes. Il serait la principale
cause de céphalée chez l’enfant et
l’adolescent. La migraine chez l’enfant
se caractérise avant tout par un mal de
tête au niveau du front, le plus souvent
des deux côtés du crâne. Cette douleur
donne la sensation de « taper » sur le
crâne. On dit qu’elle est « pulsatile ». La
migraine se reconnaît aussi par la puis-
sance élevée de la douleur et par le fait
qu’elle nécessite de stopper toute acti-
vité jusqu’à ce qu’elle disparaisse,
contrairement à un mal de tête classi-
que.
La migraine peut être accompagnée
dans certains cas de nausées et de vo-
missements, d’une pâleur, voire d’une in-
tolérance à la lumière et au bruit. Elle est
parfois précédée de troubles de la vision
ou de l’audition appelés « aura » (impres-
sion de voir double, d’entendre des siffle-
ments, etc.). En général, la crise est plus
courte chez l’enfant de moins de 15 ans
que chez l’adulte (entre 2 et 48 heures).
Conseils à suivre
La migraine ne doit pas être confondue
avec d’autres formes de mal de tête,
notamment la céphalée de tension qui
survient plutôt en fin de journée et dont
la douleur, non pulsatile, est localisée à
l’arrière du crâne. Celle-ci est aussi
moins intense que la migraine et
n’oblige pas l’enfant à stopper ses acti-
vités. Elle ne doit pas non plus être
confondue avec une hypertension crâ-
nienne qui, elle, nécessite une consulta-
tion en urgence. Cette dernière se ca-
ractérise par des maux de tête
récurrents dont la fréquence et l’inten-
sité augmentent avec le temps. Elle se
déclenche généralement le matin au
réveil et est accompagnée d’importants
vomissements.
En cas de migraine, le premier réflexe est
d’isoler l’enfant dans un endroit sombre
et silencieux avant d’aller consulter son
médecin traitant. En fonction de l’impor-
tance de la douleur, de la fréquence
des crises et de leur impact sur les résul-
tats scolaires, celui-ci vous dirigera peut-
être vers un centre spécialisé dans le
traitement de la migraine chez l’enfant
(lire encadré). Des traitements de fond
permettent d’espacer les crises ou de
réduire leur intensité.
Un Projet d’accueil individualisé (PAI)
peut aussi être mis en place avec
l’école afin que l’enfant puisse avoir ac-
cès à son traitement et se repose dans
une pièce sombre dès l’apparition des
premiers symptômes.
Un mal bénin
Rassurer l’enfant sur le caractère bénin
de la migraine et limiter l’exposition aux
facteurs déclenchants tels que le stress,
la chaleur, la forte luminosité ou la
contrariété, permettent aussi de de ré-
duire les risques de crise. Enfin, bonne
nouvelle : une étude a montré que chez
la plupart des individus, les migraines in-
fantiles disparaissaient à l’âge adulte.
n
Dr Silvia Romanello,
médecin spécialiste à la clinique de la migraine de l’hôpital Robert-Debré à Paris (75)
« Entre l’école, les activités extrascolaires et les
situations familiales parfois compliquées, les enfants
sont de plus en plus sujets au stress et à l’anxiété,
générant une augmentation du nombre de céphalées.
Pour autant, la migraine n’est pas une fatalité. Après
une série d’examens, nous présentons l’enfant à un
psychologue qui l’aide à identifier les facteurs
déclenchants.
Avant d’envisager un traitement médicamenteux, nous
tentons d’autres approches. L’hypnose et la relaxation,
notamment, ont montré leur efficacité dans le
traitement des migraines. »
« L’hypnose et la relaxation ont montré leur efficacité »