EDUCATION

EDUCATION – Pédagogie : l’économie au lycée

Depuis septembre 2010, l’économie est devenue une matière incontournable de la classe de seconde. Avec la réforme du lycée, les élèves ont en effet l’obligation de choisir au moins un des deux enseignements d’exploration étiqueté « économie ». Le point sur cette innovation, un an après sa mise en place.

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« Le choix obligatoire d’un enseignement d’économie répond notamment à la faiblesse constatée de la culture économique dans la population française, explique Pierrick Rousseau, inspecteur d’académie-inspecteur pédagogique régional (IA-IPR) en économie et gestion (EG) à Nantes, Il était souhaitable d’accroître l’exposition d’un plus grand nombre d’élèves à cette discipline. » Si l’objectif est bien d’initier les élèves à une matière inconnue d’eux jusqu’alors, il ne s’agit pas d’influencer leur choix d’orientation pour autant. « Comme son nom l’indique, l’enseignement d’exploration et notamment en SES ou en PFEG ne préjuge pas de l’orientation », insiste Nathalie Badia, professeur de SES au lycée George Sand de Domont (Val-d’Oise). « Les familles ont encore en tête que ces enseignements d’exploration ont un caractère déterminant, or c’est faux ! », martèle à son tour Didier Lahaye, IA-IPR en économie et gestion à Versailles, « il faut que la réforme s’installe dans les esprits : il n’y a aucun lien entre les enseignements d’exploration choisis et la filière future. »
Mais alors, pourquoi cette obligation faite aux élèves et en quoi consiste-elle ? « Il s’agit de permettre à tous les élèves d’acquérir des principes de base en économie, mais aussi de valoriser ces parcours et de donner envie aux élèves de travailler dans le monde économique », affirme Éric Biset, proviseur du lycée Parc de Vilgénis de Massy, situé dans l’Essonne. Il faut toutefois distinguer les sciences économiques et sociales (SES) des principes fondamentaux de l’économie et de la gestion (PFEG) qui, même s’ils abordent tous deux des questions économiques, le font dans deux esprits distincts.

Les sciences économiques et sociales : une approche globale
« En seconde, les SES ont trois objectifs fondamentaux, résume Marc Pelletier, IA-IPR en SES à Nantes : donner des éléments de culture économique et sociologique que l’on considère comme indispensables à tout citoyen ; éclairer les choix d’orientation des élèves et faire acquérir les notions et raisonnements essentiels en économie et en sociologie dans la perspective d’une poursuite d’études au lycée et au-delà dans l’enseignement supérieur. » « Cet apprentissage a aussi pour ambition de développer chez les élèves des compétences méthodologiques : extraire des informations de documents et les traiter grâce à des calculs (indices, taux de variation etc.), les analyser et en faire la synthèse », précise Christiane Lefebvre, IA-IPR en SES à Versailles.
« En série ES, donc à partir de la première, l’enseignement se structure autour des trois disciplines constitutives des SES : la science économique, la sociologie et la science politique, des objets d’étude communs à ces trois sciences sont également abordés au travers des regards croisés sur l’entreprise et l’action publique », explique Marc Pelletier. La terminale sera l’occasion de pousser encore plus avant la réflexion. L’élève aura alors le choix entre deux enseignements de spécialité : l’économie approfondie et les sciences sociales et politiques.

Les principes fondamentaux de l’économie et de la gestion : une approche concrète
Quant aux PFEG, « ils doivent permettre de donner aux élèves de seconde les clefs de compréhension de l’environnement dans lequel ils vont évoluer dans leur parcours professionnel futur et donc d’identifier les principes de fonctionnement des organisations (entreprises, administrations publiques, associations, etc.) », atteste David Lagedamon, IA-IPR en EG à Nantes. « Il s’agit d’approcher avec les élèves le management des entreprises, l’état d’esprit des consommateurs, les impératifs liés au développement durable, explique pour sa part Didier Lahaye. Pour cela les professeurs peuvent prendre appui sur le terrain économique local. »
La plupart des professeurs de PFEG aussi bien que de SES encouragent ce type de rencontres entre entrepreneurs et élèves. C’est notamment la vocation de « 100 000 entrepreneurs » qui organise des témoignages d’entrepreneurs bénévoles dans les établissements scolaires (lire l’interview de Philippe Hayat, son fondateur).
« Dans notre établissement, les SES et PFEG, comme tous les enseignements d’exploration, ne sont pas notés, mais évalués au moyen d’une appréciation littérale (ce qui n’est pas le cas partout, NDLR), souligne Éric Biset, proviseur du lycée Parc de Vilgénis de Massy. Malheureusement pour les parents comme les élèves cela revient à déconsidérer la matière, ils attendent des notes. » De même, « si sur le papier un bac ES et un bac STG préparent aux mêmes choses, ce ne sont pas les mêmes élèves qui y sont orientés, soutient Christiane Lefebvre, IA-IPR. « Nous avons encore beaucoup à faire dans la lutte contre certaines représentations. »
C.C.

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INTERVIEW
Dominique Chamblay, professeur de SES au lycée Descartes de Montigny-le-Bretonneux (Yvelines)

Quelle différence faites-vous dans l’enseignement des SES depuis la mise en œuvre de la réforme du lycée qui en a fait un enseignement d’exploration ?
L’enseignement d’exploration SES comme n’importe quel autre enseignement d’exploration ne prédétermine en aucun cas l’orientation des élèves. C’était déjà le cas de l’option SES jusqu’à l’an passé. Toutefois, l’approche de cet enseignement a évolué. L’objectif n’est plus de faire emmagasiner des connaissances aux élèves, mais de leur faire explorer un nouveau champ disciplinaire, de leur apporter un éclairage sur des notions, des mécanismes.

Quels sont les objectifs poursuivis tout au long de cet apprentissage ?
Il doit participer à la construction de leur culture économique, sociologique. Nous confrontons les élèves à des problèmes économiques ou sociaux et leur indiquons des éléments concrets pour appréhender ces phénomènes.

Comment les élèves conçoivent-ils cette nouvelle approche ?
J’ai éprouvé un retour plutôt positif. J’ai eu l’impression de leur faire découvrir des phénomènes dont ils avaient au mieux une vague idée, j’ai ressenti un réel déclic, qu’ils s’étaient ouverts à quelque chose.

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INTERVIEW
Philippe Hayat, chef d’entreprise depuis quinze ans et fondateur de 100 000 entrepreneurs

Quelle est la vocation de 100 000 entrepreneurs ?
Notre action consiste à envoyer des entrepreneurs dans des classes, de la 4e à l’enseignement supérieur, afin de transmettre la culture d’entreprendre. Nos interventions s’adressent à des élèves de 13 à 25 ans. Les rencontres sont organisées à la demande des enseignants, avec l’accord des chefs d’établissement.

Comment se déroulent ces interventions ?
Pendant deux heures, nos intervenants vont décrire leur aventure professionnelle aux élèves. Nous leur suggérons de raconter leur histoire tout en posant des questions aux élèves. À un fabricant de logiciels, nous conseillons de dire ce qu’il fabrique puis d’interroger les élèves : qui sait ce que c’est, comment fonctionne un ordinateur, qui peut en avoir besoin…

Pourquoi défendez-vous l’entrepreneuriat auprès des jeunes ?
Le fait que les jeunes entreprennent est une réponse à beaucoup de maux de notre société : marché du travail sinistré, financement des retraites, chômage, problème d’intégration… Nous pensons que les jeunes sont la richesse de notre pays et son avenir. Il faut les encourager à prendre leur vie en main. Mais beaucoup ne savent même pas qu’ils peuvent entreprendre, alors nous allons vers eux pour leur expliquer que c’est possible.

Retrouvez 100 000 entrepreneurs en ligne à l’adresse : http://www.100000entrepreneurs.com.

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