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MAGAZINE – Santé : vaincre le bégaiement


S’il est mieux connu du grand public depuis le film « Le discours d’un roi », le bégaiement n’en reste pas moins un trouble qui peut s’avérer très handicapant. Heureusement, des solutions existent.

Albert Einstein, Winston Churchill et l’empereur britannique George VI avaient un point commun : tous les trois souffraient de bégaiement. Comme ces trois grands hommes, 1 % de la population a une tendance incontrôlée à répéter les syllabes, à prolonger des sons ou à rester bloquée au début de certains mots. Ces troubles du langage peuvent même dans certains cas s’accompagner de mouvements involontaires du visage ou du reste du corps. Léger, il passe quasiment inaperçu, mais dans sa forme la plus sévère, ses conséquences sociales peuvent être dramatiques. Cibles de moqueries, de nombreux enfants bègues préfèrent éviter de parler et se renferment sur eux-mêmes jusqu’à se désociabiliser totalement. « Pendant mon enfance, j’avais peu d’amis et je ne participais pas en classe même si j’avais la bonne réponse, se souvient Jonathan, 18 ans. Encore aujourd’hui, je parle peu, je suis renfermé. »

Une origine pluri-factorielle
Les premiers signes du bégaiement apparaissent le plus souvent avant l’âge de 7 ans, pendant la période d’apprentissage du langage. En général, ces troubles disparaissent d’eux-mêmes au bout de quelques mois, mais dans un cas sur cinq, les blocages et les répétitions de syllabes perdurent voire s’amplifient pour des raisons qui restent floues. Le facteur génétique joue un rôle important dans cette chronicisation du bégaiement. Un enfant dont les parents bégaient a trois fois plus de risques de bégayer aussi. A cette prédisposition s’ajoutent d’autres facteurs. Un tempérament anxieux et perfectionniste de l’enfant, une ambiance familiale tendue (disputes, séparation…), un événement mal vécu (la naissance d’un petit frère, le deuil d’un proche…) sont autant d’éléments susceptibles de déclencher un bégaiement. Une pression éducative excessive de la part des parents (concernant les résultats scolaires, l’apprentissage de la politesse, de la propreté…) ou encore l’étude d’une langue étrangère sont aussi des éléments qui peuvent, chez certains enfants « à risque », renforcer le bégaiement. Mal dans sa peau, l’enfant se met alors à buter sur les mots, notamment dans les moments de fatigue, de stress et en présence de public. La seule crainte de bégayer et la volonté d’y remédier ne font généralement que renforcer le bégaiement.
Le bégaiement n’est pourtant pas une fatalité. Pris suffisamment tôt, quelques séances chez l’orthophoniste suffisent le plus souvent à régler le problème. Dans de rares cas, un traitement plus approfondi voire un suivi psychologique seront nécessaires. Toutefois, le bégaiement n’est pas vaincu pour autant. Une adolescence difficile, une déception amoureuse ou une contrariété au travail favorisent la récidive. Dans la plupart des cas, les troubles disparaissent lorsque le patient parvient à surmonter ses émotions et à renforcer sa confiance en lui. Des activités comme le chant ou le théâtre, peuvent l’y aider.

Marie-Pierre Poulat, orthophoniste et membre de l’Association Parole-Bégaiement (APB)

« Dès les premiers signes du bégaiement, les parents doivent adopter une attitude apaisante en évitant les conseils du genre « calme-toi » ou « réfléchis avant de parler », qui font croire à l’enfant que la parole est le résultat d’un processus bien défini. Ils doivent avant tout faire en sorte de maintenir une ambiance constante dans le foyer, éviter les grands moments d’émotion et réduire pour un temps leurs exigences éducatives. »

Marie-Pierre Poulat est l’auteur, avec Mireille Gayraud-Andel du livre « Le bégaiement, comment le surmonter », éditions Odile Jacob. A paraître courant septembre 2011. 336 pages. 17 euros.
Renseignements et commande : www.odilejacob.fr.

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