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Jeux vidéo : comment éviter les dérives ?

HD-400---jeux-video-2Si pour la très grande majorité des jeunes, il reste un loisir anodin, le jeu vidéo peut avoir chez certains un effet addictif dont il faut savoir repérer les premiers signes.

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Le temps où il était l’apanage des jeunes geeks est révolu. Désormais, le jeu vidéo est l’affaire de tous. De l’enfant de 3 ans jusqu’au sénior, tout le monde joue. Il faut dire qu’en une décennie, le marché du jeu vidéo s’est considérablement démocratisé. Plus besoin de posséder un ordinateur ultra-puissant ou une console de salon. Désormais, chacun peut jouer sur son smartphone, sa tablette ou son téléviseur. Le nombre de titres disponibles aussi s’est considérablement étoffé. Si l’on peut toujours se mettre dans la peau d’un militaire, d’un super héros ou d’un joueur de foot, on peut aussi s’amuser en triant des bonbons, en gérant une armée virtuelle ou en faisant évoluer un avatar. Le prix contribue lui aussi à cette démocratisation, beaucoup de jeux pour smartphone étant proposés gratuitement grâce à un financement par la publicité.

Les Français sont de plus en plus accros et, dans un sens, ce serait positif… Car plusieurs études ont démontré les effets bénéfiques des jeux vidéo. Selon la dernière en date, menée en 2017 par des chercheurs de l’université de Glasgow en Ecosse, les « gamers » (joueurs en français) seraient plus enclins que les autres à résoudre des problèmes qui se présentent à eux, à s’adapter à des situations nouvelles et à faire preuve d’un meilleur esprit critique que les autres. Les jeux vidéo développeraient également la dextérité et la réactivité dès le plus jeune âge et, en permettant de trouver des partenaires aux quatre coins de la planète, ils iraient même jusqu’à favoriser l’apprentissage des langues étrangères et l’ouverture sur le monde.

 

Un abus dangereux pour la santé

Pour autant, mal maîtrisé, le jeu vidéo peut aussi avoir des effets négatifs. Sur le porte-monnaie tout d’abord. Si de nombreux jeux sont gratuits, d’autres coûtent cher. Et entre le jeu lui-même (jusqu’à 80 euros), le pass annuel à 60 euros pour pouvoir jouer en ligne avec certaines consoles et les contenus complémentaires (aires de jeux, personnages, véhicules, etc.) que proposent les éditeurs, la facture peut grimper vite, très vite ! Attention aussi aux jeux dits « free-to-play », téléchargeables gratuitement mais dans lesquels il est possible, très facilement, d’acheter divers accessoires permettant d’avancer plus vite dans le jeu. Des parents se sont déjà retrouvés à devoir payer plusieurs centaines voire plusieurs milliers d’euros après que leur enfant a abusé de ces paiements.

Au-delà de cet aspect matériel, l’abus de jeu peut surtout avoir un impact sur la qualité du sommeil, sur les résultats scolaires voire sur la santé de l’enfant. Les scénarios de certains jeux sont tellement prenants qu’ils sont capables de faire perdre toute notion de temps. Quant aux graphismes, ils sont si réalistes qu’il devient parfois compliqué de s’extirper de ce monde virtuel. Poussé à l’extrême, ce risque d’addiction peut même amener certains adolescents à délaisser loisirs, amis et famille pour jouer.

 

HD-400---jeux-video-1Le rôle central des parents

Face à cette situation, les parents doivent prendre les devants. La première chose qu’ils ont à faire est de fixer des moments précis pendant lesquels leur enfant a le droit de jouer. Ces créneaux peuvent varier en fonction l’âge de l’enfant, mais aussi de son caractère et du temps qu’il consacre à d’autres activités, mais ils doivent dans tous les cas se terminer au moins 2 heures avant le coucher. Installer un logiciel de contrôle parental peut aider à faire respecter cette règle. La plupart peuvent en effet être paramétrés pour couper automatiquement l’accès aux jeux aux heures choisies. L’autre règle importante est d’installer la console ou l’ordinateur dans un lieu de passage, et non dans la chambre de l’adolescent. Cela permet non seulement de jeter régulièrement un œil sur l’écran, mais aussi de s’intéresser à ce que fait l’enfant et pourquoi pas de jouer avec lui.

Il est enfin important, pour les parents, de s’informer sur les jeux auxquels s’adonne leur enfant. Vérifier qu’ils sont adaptés à son âge en regardant l’indication qui figure sur le boîtier ou la page de présentation (système PEGI), ne suffit pas. Il faut aussi se faire une idée de la manière dont le jeu fonctionne. Il s’agit d’un « FPS » (ou First person shooter), un jeu qui met le gamer dans la peau d’un tireur d’élite ou d’un militaire ? Méfiance. Ces jeux sont particulièrement immersifs. C’est le cas également des jeux « massivement multijoueurs » qui se déroulent dans des mondes virtuels ayant la particularité de ne jamais s’arrêter d’évoluer. Les joueurs ont donc tendance à s’y connecter très régulièrement pour vérifier que leur personnage est toujours vivant ou que leur campement n’a pas été détruit. Enfin, pensez à vous renseigner sur la durée moyenne d’une partie. Cette indication vous évitera de mécontenter votre enfant en l’obligeant à arrêter sa partie avant la fin. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de l’association e-Enfance (e-enfance.org) où le fonctionnement de nombreux jeux est décrypté.

Nécessaire aujourd’hui, cette vigilance parentale sera essentielle demain. Avec la démocratisation des casques de réalité virtuelle et les progrès annoncés de l’intelligence artificielle, il sera encore plus compliqué, pour certains jeunes, de revenir à la réalité. Les parents devront alors, plus que jamais, poser des règles et les faire respecter.

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REPERES

Tout le monde joue !

Entre 2005 et 2016, le pourcentage de Français disant jouer a explosé, passant de 29 à 68 % de la population ! Si plus de 9 jeunes de moins de 24 ans sur 10 jouent, les adultes sont de plus en plus nombreux à s’adonner à ce loisir. 70 % des 25-45 ans et environ 50 % des plus de 50 ans disent jouer régulièrement. Résultat : l’âge moyen des joueurs français atteint désormais 34 ans, contre 21 ans 11 ans plus tôt, selon le syndicat national du jeu vidéo. 24 % des joueurs disent jouer presque tous les jours. Si la console reste le support favori, 60 % jouent sur smartphone.

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400-jeu-video-JustineAtlan_POINT DE VUE

Justine Atlan, directrice de l’association e-Enfance

« Les jeux vidéo ne focalisent plus autant l’attention qu’avant, non seulement parce que de plus en plus d’adultes sont des joueurs, mais aussi parce que le jeu vidéo s’inscrit dorénavant dans une problématique plus large. Beaucoup de parents nous contactent parce qu’ils trouvent que leur enfant passe trop de temps devant les écrans. Nous leur conseillons dans ce cas d’en discuter avec lui en se basant sur un décompte objectif et précis des moments passés à jouer. Sans ce décompte, les perceptions de chacun auront tendance à minimiser pour l’un ou majorer pour les autres le temps de jeu. Des règles, notamment les moments de jeu et leur durée, doivent être fixées et appliquées, mais pour qu’elles ne soient pas vécues comme arbitraires, elles doivent être adaptées au type de jeu, l’âge et l’évolution de l’enfant. Le cadre de jeu peut varier en fonction du jour de la semaine, mais aussi d’autres critères, comme les résultats scolaires ou la météo par exemple. De telles restrictions risquent de générer parfois de la frustration et du conflit, mais au final, l’enfant se sentira soulagé et rassuré de savoir qu’il existe des limites. »

Il est possible de trouver de l’aide en appelant Net Ecoute au 0800 200 000 (service et appel gratuits).

 

 

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