DOSSIER

Dossier : apprentissage des langues vivantes, un mal français ?

HD-391-dessin-ouv-dossierLes enquêtes se suivent et leurs conclusions se ressemblent. Les Français ne sont pas bons en langues. Les réformes censées tirer vers le haut le niveau des élèves ont beau se succéder, rien n’y fait. Pour tenter une fois de plus d’inverser cette tendance, de nouvelles mesures entreront en vigueur à la rentrée prochaine. Les enseignements de la première et de la deuxième langue vivante commenceront encore plus tôt qu’aujourd’hui. Des efforts seront aussi portés sur la diversité linguistique (y compris celle des langues régionales), la mobilité des élèves et la formation des enseignants. L’enjeu est important. Nos faiblesses en langues commencent à peser sérieusement sur le rayonnement des salariés français dans le monde et sur l’insertion des jeunes sur le marché de l’emploi. D’après le rapport « Langues et employabilité » concernant les années 2014 et 2015, 45 % des entreprises font de la maîtrise d’une ou plusieurs langues étrangères un critère de recrutement. Plus que jamais, savoir parler français ne suffit plus !

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La rentrée 2016 sera celle des langues. Les premiers effets du plan Stratégie langues vivantes, dévoilé par la ministre de l’Education nationale Najat Valaud-Belkacem en janvier dernier, verront le jour dès le mois de septembre. Ce plan s’appuie d’abord sur une diversification de l’offre linguistique. Aujourd’hui, en effet, seuls 8 % des élèves de primaire étudient une autre langue que l’anglais. Ils étaient autour de 20 % en 2001-2002. La ministre, pour qui cette omniprésence de la langue de Shakespeare à l’école pose problème, promet que, dès la rentrée 2016, 5500 écoles élémentaires proposeront l’enseignement d’une autre langue vivante que l’anglais, soit 1 200 de plus qu’aujourd’hui. Un accent particulier sera mis sur l’allemand : 1 000 écoles et 700 collèges de plus enseigneront la langue de Goethe. Le plan Stratégie langues vivantes entend aussi rendre les parcours linguistiques plus cohérents afin qu’un élève qui a appris l’allemand en primaire ne soit pas obligé d’arrêter au collège faute d’enseignement. Une carte permettant de géolocaliser les offres de langues vivantes partout en France sera prochainement mise en ligne sur le site de l’Onisep.

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HD-391---dossier-4Inégalités territoriales

Le renforcement de la mobilité des élèves constitue l’autre enjeu de ce plan Langues. Durant l’année 2014-2015, seuls 11,3 % des élèves sont partis à l’étranger dans le cadre d’un projet scolaire. Même si c’était un peu plus que l’année précédente (9,5 %), cette proportion reste faible. Surtout, en fonction du département dans lequel ils habitent, les élèves n’ont pas les mêmes chances d’en bénéficier. Alors que plus de 15 % des élèves du Finistère ou des Ardennes sont partis à l’étranger dans le cadre d’un voyage scolaire, moins de 5 % des élèves de Seine-et-Marne ou des Bouches-du-Rhône ont fait de même. Et trop d’élèves passent toute leur scolarité sans jamais avoir la possibilité de se rendre dans un pays étranger.

La mobilité est pourtant essentielle pour améliorer sa pratique, découvrir la culture du pays et surtout permettre à l’élève de cerner l’intérêt qu’il peut tirer en apprenant cette langue. Afin d’accroître ce genre d’échanges, le ministère souhaite que d’ici 2017 tous les collèges et lycées soient engagés dans un partenariat avec un établissement étranger et que 50 % des écoles de primaire soient impliquées dans un projet international (lire notre interview Grand témoin sur le programme eTwinning, ci-dessous). Par ailleurs, la circulaire encadrant les séjours des élèves à l’étranger devrait être mise à jour et les expériences à l’étranger devront dorénavant être valorisées, par exemple en faisant figurer dans le nouveau livret scolaire les compétences acquises par l’élève lors de ces déplacements.

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La France à la traîne

Ce énième plan d’apprentissage des langues vivantes sera-t-il le bon ? Il faut l’espérer, car les années passent et les Français restent inexorablement parmi les Européens maîtrisant le moins bien les langues étrangères. Le dernier indice édité par EF Education First place la France à la dernière place des pays de l’Union européenne au niveau de leurs compétences en anglais, très loin derrière la Suède et la Finlande et juste devant la Russie, la Turquie et l’Azerbaïdjan. Ces conclusions rejoignent celles de la dernière enquête européenne sur les compétences linguistiques, publiée en juin 2012, selon laquelle les Français seraient les plus mauvais de tous les Européens en anglais, que ce soit pour la lecture, la compréhension orale et la production écrite. Seulement 14 % des élèves français parleraient convenablement anglais, contre 82 % à Malte ou en Suède !

La France n’est pourtant pas restée les bras croisés. Le début de l’enseignement des langues vivantes n’a cessé d’être avancé et la formation des enseignants a été renforcée. Depuis 2010, les lauréats au concours de professeurs des écoles doivent justifier du niveau 2 du CLES, une certification mesurant les compétences en langues, et des formations sont prévues pour les enseignants ayant quitté les IUFM (Instituts universitaires de formation des maîtres, remplacés depuis par les Espé) avant cette date. D’innombrables ressources utilisables en classe leur sont aussi proposées, qu’elles soient générées par des établissements publics (Météo France, le Louvre, l’Institut du monde arabe, la Bibliothèque nationale de France…) ou qu’elles proviennent de médias étrangers, à l’image du programme BBC Worldwide learning ou de ce que propose la RTVE espagnole. A partir de la rentrée prochaine, élèves et enseignants germanistes pourront en outre piocher dans les ressources du portail Deutsch für Schulen mis en place par le Cned (centre national d’éducation à distance) et l’Institut Goethe sur le modèle d’English for schools pour l’anglais.

Les enseignants sont aussi de plus en plus nombreux à s’appuyer sur les nouvelles technologies pour enseigner les langues. Grâce aux ordinateurs, les élèves peuvent visionner des vidéos en anglais, et avec les tablettes numériques, ils peuvent enregistrer leur voix, se corriger et envoyer leurs devoirs par mail à l’enseignant. Enseignante à l’école des Marronniers de Meaux (77), Isabelle Dufrêne utilise quant à elle régulièrement les forums et le système de visioconférence proposés par la plate-forme en ligne eTwinning pour faire communiquer en anglais ses CE2 avec des élèves de Pologne, de Grèce, de Belgique et de Turquie. « Ils ont commencé par présenter leur école, leur famille, leur pays… Aujourd’hui, ils travaillent sur les musées et les œuvres d’art. Cette manière de faire crée de l’émulation et donne du sens à l’apprentissage. Récemment, mes élèves ont dû venir à bout d’une grille de mots croisés que leur avaient soumise leurs correspondants. Ils se sont donné du mal pour la remplir. Et grâce à la visioconférence, ils se rendent compte qu’il existe des accents différents et ils osent prendre la parole sans avoir peur de faire des erreurs ».

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Des doutes sur l’avenir

Diversité, mobilité… si le plan Stratégie langues vivantes est séduisant sur le papier, il n’est pas sans poser des questions. Le fait de diversifier l’offre de langues, par exemple, est a priori une bonne idée. Mais qu’adviendra-t-il lorsqu’un enfant ayant commencé à apprendre l’anglais se retrouvera dans une école où l’allemand est roi, après avoir déménagé par exemple ? Même chose pour les enseignants qui pourront très bien être évalués sur une langue pendant leurs études avant de devoir en enseigner une autre. Ces problèmes existent déjà, mais ils risquent de se multiplier malgré les promesses du ministère de tout mettre en œuvre pour que chaque élève puisse continuer à apprendre la même langue tout au long de sa scolarité.

Faire débuter plus tôt l’étude de la première langue vivante va aussi dans le bon sens, à condition que la qualité de l’enseignement soit à la hauteur, ce qui est loin d’être le cas au primaire. Même si des efforts ont été réalisés, le niveau des élèves dépend encore en trop grande partie de l’investissement de l’enseignant et de sa capacité à lui-même parler cette langue. La loi pour la refondation de l’école votée en 2013 prévoit bien un plan exceptionnel de formation des enseignants du premier degré en langues, mais l’effort fourni semble insuffisant pour permettre de rattraper rapidement le retard accumulé.

Besoin et motivation

Quant à la réforme de la formation initiale, elle a été mise en place trop récemment pour montrer son efficacité. Sans compter qu’en matière de formation, tous les enseignants ne sont pas logés à la même enseigne. En fonction de l’académie dans laquelle ils exercent, certaines enseignants bénéficient de stages de plusieurs semaines à l’étranger alors que d’autres doivent se contenter de quelques outils censés leur permettre d’enseigner une langue qu’ils ne maîtrisent pas.

Pour pallier ce manque d’expérience, certaines écoles font appel à de jeunes diplômés en langue ou à des locuteurs natifs aux qualités éducatives plus ou moins développées. Parfois, ce sont des professeurs de collège qui assurent les cours de langue en primaire. Mais faute de budget suffisant, ces alternatives restent rares et dans 98 % des cas, ce sont les enseignants du primaire qui assurent les séances de langue.

La situation ne s’améliorera pas non plus tant que l’approche pédagogique ne changera pas. Même si les directives ministérielles insistent sur l’importance d’une pratique régulière de l’oral en classe, les enseignants français ont encore trop tendance à privilégier la perfection grammaticale sur la base d’exercices, là où ils devraient tout faire pour inciter l’enfant à parler, quitte à ce qu’il se trompe. C’est tout le message de François Grosjean, professeur à l’université de Neuchâtel en Suisse, dans son ouvrage « Parler plusieurs langues : le monde des bilingues » : « Pour apprendre une langue étrangère, il faut surtout qu’il existe un besoin, si possible accompagné d’une motivation, précise-t-il. Avant d’être une matière scolaire, la langue vivante devrait être un moyen de communication » .

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A SAVOIR

Une première langue dès le CP

C’est l’une des avancées les plus visibles du plan Stratégie langues vivantes. A la rentrée prochaine, l’enseignement de la première langue vivante commencera dès le CP et non plus en CE1 comme c’est le cas aujourd’hui. La deuxième langue, quant à elle, sera abordée à partir de la classe de cinquième. Jusque-là, elle l’était en quatrième. Ce commencement précoce augmentera de manière significative le nombre d’heures allouées aux langues vivantes sur l’ensemble de la scolarité. Ces nouveaux quotas d’heures s’accompagneront de nouveaux programmes conçus par cycle et adossés au cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL).

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Un environnement linguistique défavorable

En matière d’apprentissage des langues vivantes, le système éducatif français n’a pas fini de rattraper son retard. Dans des pays comme l’Espagne, Malte, la Croatie ou la Pologne, par exemple, l’enseignement de l’anglais commence encore plus tôt qu’en France. Dans la grande majorité des autres pays, la formation des enseignants est nettement plus poussée. La France fait aussi partie des pays européens où l’enseignement d’une matière en langue étrangère (l’histoire enseignée en anglais, par exemple) est le moins développé. Au-delà des cours, la réussite passe également par un environnement linguistique favorable. Ainsi, dans les pays qui affichent plusieurs langues officielles, les enfants sont baignés dès leur plus jeune âge dans une culture multilingue. Et si les élèves du Nord de l’Europe parlent mieux anglais que nous, c’est aussi parce qu’ils y sont confrontés dès leur plus jeune âge, à la télé et au cinéma notamment.

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TEMOIGNAGE

391-dossier-langues-Kiebel2Marie-Line Kiebel, enseignante de primaire à l’école de Rhinau (67)

« Bien que je parle couramment l’anglais, je suis tenue d’enseigner l’allemand à mes CM2. Pendant plusieurs années, j’ai pu m’appuyer sur un intervenant, mais depuis l’année dernière, ce n’est plus le cas. Deux formations de 3 semaines à Strasbourg et 1 mois à Stuttgart m’ont permis de progresser, sans toutefois atteindre un niveau suffisant pour enseigner correctement l’allemand à mes élèves. Aujourd’hui, une collègue intervient dans ma classe une fois par semaine pour s’occuper de la partie orale dans le cadre d’un échange de service. Pour ma part, je me charge de l’écrit en m’appuyant sur les programmes officiels et sur divers supports pédagogiques. Bien que les résultats soient là, je voudrais pouvoir faire plus. J’aimerais instaurer des rituels quotidiens en allemand comme le font des collègues bilingues ou bien organiser des échanges avec des écoles outre-Rhin, ce que je ne peux pas faire faute de pouvoir communiquer avec les enseignants ».

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ZOOM

Le programme Erasmus + fait bouger les élèves

S’il est surtout connu pour son rôle vers le public étudiant, le programme Erasmus + comporte aussi un volet destiné aux collégiens et aux lycéens.

Le programme Erasmus Mobilité des élèves permet ainsi aux jeunes d’au moins 14 ans et scolarisés à plein temps de passer entre 3 et 10 mois dans un établissement étranger. Il faut pour cela que l’établissement d’origine ait noué un partenariat avec l’école dans laquelle il souhaite se rendre et ait déjà participé à des projets communs (exposition, création d’un journal ou autre). Avant son départ, des réunions sont organisées avec l’équipe enseignante et les parents ; ensuite, sur place, le jeune est encadré par des enseignants formés et hébergé dans une famille d’accueil. En 2014, 181 élèves français sont partis suivre une partie de leur année à l’étranger.

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Des classes bilangues préservées… mais pas partout

Elles devaient disparaître à partir de la rentrée 2016 avec le lancement de l’enseignement d’une deuxième langue vivante dès la cinquième. Finalement, environ deux tiers des classes bilangues devraient être préservés. Face à la grogne, le ministère de l’Education nationale a étendu le concept de « classe bilangue de continuité » qui permet de maintenir une classe bilangue dans le cas où les élèves de sixième ont appris une autre langue que l’anglais au primaire. Le nombre d’écoles proposant une autre langue que l’anglais étant censé augmenter, des classes bilangues ouvriront dans certains collèges alors que d’autres fermeront ailleurs.

Pour autant, tous les collégiens ne seront pas logés à la même enseigne. Alors que l’académie de Paris gardera toutes ses classes bilangues, celles de Poitiers, Grenoble, Rouen et Lyon en perdront près des trois quarts. Quant à celle de Caen, elle n’en conservera que trois.

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GRAND TEMOIN

391-dossier-langues-MCCB-2Marie-Christine Clément-Bonhomme, Directrice du développement international chez Canopé/CNDP, coordinatrice France Etwinning

 

En quoi eTwinning participe-t-il à l’apprentissage des langues étrangères ?

eTwinning est une plate-forme en ligne lancée en 2005 dans le cadre du programme eLearning de la Commission européenne. Elle fait aujourd’hui partie intégrante du programme Erasmus +. Elle met à disposition des enseignants et des élèves des outils pour travailler avec des homologues étrangers sur des projets communs dans des espaces totalement sécurisés appelés Twinspaces. Les classes peuvent échanger des courriers électroniques avec leurs correspondants, écrire un livre en commun, poster des vidéos ou encore communiquer en direct par le biais de visio-conférences. D’ailleurs, eTwinning permet de valider certains items du B2i (brevet informatique et internet).

Même si rien ne vaut les échanges physiques, eTwinning rend possible une sorte de mobilité virtuelle, plus accessible et moins coûteuse. Aujourd’hui, 370 000 enseignants sont inscrits sur eTwinning, dont 33 000 en France. Nous constatons une accélération des inscriptions depuis 3-4 ans.

 

Comment expliquez-vous un tel enthousiasme ?

Les enseignants sont nombreux à rechercher de nouvelles manières d’enseigner les langues vivantes. eTwinning leur offre l’opportunité d’être mis en contact avec des partenaires de 35 pays différents pour monter des projets en commun. Il leur donne aussi la possibilité d’échanger avec des enseignants d’autres pays sur leurs pratiques pédagogiques. Avec eTwinning, ils rejoignent une communauté professionnelle en ligne.

Qui plus est, le système est très souple. Que ce soit au niveau du thème, de la forme, de la durée du projet ou du nombre de partenaires impliqués, les enseignants disposent d’une grande latitude. Ils peuvent aussi choisir de travailler avec leur classe entière, avec un groupe d’élèves ou bien dans le cadre d’un club. Ce sont eux enfin qui déterminent la langue utilisée pour les échanges. Dans la moitié des cas, il s’agit de l’anglais.

 

Grâce à eTwinning, les élèves apprennent plus facilement la langue. Quelle est votre recette ?

Nous travaillons sous forme de projets avec, à chaque fois, une production finale, qu’il s’agisse d’un livre électronique, d’une exposition, d’un film… Cela donne un objectif aux élèves qui se sentent plus impliqués, plus motivés.

La mise en situation aussi est un puissant moteur. Les élèves savent que s’ils ne prononcent pas bien certains mots ou si une règle grammaticale importante leur échappe, ils ne seront pas compris. Le désir et la fierté de communiquer avec quelqu’un de leur âge les motivent aussi et la prise de parole est dédramatisée. Sachant qu’ils ne seront pas jugés, ils osent parler sans craindre de faire des erreurs. Notre expérience montre que pour réussir, il est essentiel de donner du sens à l’apprentissage, que les enfants comprennent pourquoi on leur demande d’apprendre une langue étrangère et à quoi elle leur servira. Cette approche qui a prouvé son efficacité mériterait d’être développée.

 

Plus d’informations : eTwinning.fr.

 

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POINT DE VUE

Michel MIGNOT, lecteur de La Voix des Parents, mais surtout Audio-Psycho-Phonologiste, Professeur de Lettres & Musique, et Chef de chœur diplômé d’Etat, a souhaité nous apporté sa contribution sur l’apprentissage des langues étrangères. 

 

Apprendre facilement les langues étrangères

A l’ère de la mondialisation toujours plus grandissante, le fait de maîtriser les langues étrangères est très important. Dans un premier temps, le don des langues n’est rien d’autre que la capacité de régler son oreille sur les fréquences d’une langue étrangère.

L’oreille est fondamentalement ouverte à un large spectre de fréquences et peut saisir une multiplicité de rythmes. Au cours de son développement, l’oreille se calque sur la langue maternelle. Ainsi des langues différentes occupent des bandes de fréquences différentes. Un Anglais utilise pour parler les fréquences allant de 2000- 4000 (selon la soumission aux influences nord-américaines) à 12000 hertz, un Français, les fréquences de 100 à 300 hertz et de 1000 à 2000 hertz, la plupart des personnes parlant slave, les fréquences de 100 à 18000 hertz, le germanophone les fréquences de 100 à 3000 hertz. Par conséquent il y a une oreille « anglaise », une oreille « française », une oreille « slave » ou « allemande », car une personne peut parler uniquement les fréquences qu’elle entend.

Ainsi il est plus aisé de comprendre pourquoi les Français ont, par exemple, un accès plutôt difficile aux autres langues. Pour eux et pour les Italiens, les bandes de fréquences que la langue privilégie sont plutôt étroites. Les personnes des pays slaves sont au contraire avantagées. Les bandes des fréquences d’environ 20 langues slaves couvrent presque la globalité de la bande passante du langage humain. Il en résulte que les personnes des pays de l’est sont souvent plus douées en langues.

En outre, chaque langue possède un temps de latence spécifique qui est nécessaire pour prononcer une syllabe et s’entendre soi-même.

Les techniques utilisées en audio-psycho-phonologie permettent d’ »ouvrir » l’oreille à une langue étrangère. Avec des programmes réglés spécifiquement, l’oreille peut s’habituer à de nouvelles fréquences, au rythme et à la mélodie d’une autre langue. Grâce à cet entraînement auditif, on peut apprendre plus vite une langue étrangère et mieux la parler.

 

 

* fréquences en hertz

 

 

A chaque région du globe, à chaque pays, correspondent divers types d’audition.

Les Allemands n’entendent pas comme les Français qui, eux-mêmes, n’ont pas la même oreille que les Italiens.

L’impédance de l’air en est la principale cause. Les caractéristiques du milieu ont façonné les différentes langues au fil des siècles, donnant à chacune sa spécificité à laquelle l’oreille doit s’accoutumer.

Parler une langue, c’est donc adapter sa propre écoute aux fréquences acoustiques de cette langue, ce qui n’est pas toujours spontanément réalisable. Il convient alors de faire subir à l’oreille un entraînement spécifique.

 

1°)  »La voix ne contient que ce que l’oreille entend » ; ce qui signifie : je parle mal une langue parce que je ne l’entends pas correctement.

 

2°)  »Si l’on donne à l’oreille la possibilité d’entendre correctement, on améliore instantanément et inconsciemment l’émission vocale » : j’entends mieux une langue, donc je la parle mieux.

 

3°) « Il est possible de transformer la phonation par une stimulation auditive entretenue pendant un certain temps » : par l’écoute d’une langue sous appareillage électronique je parviens à « intégrer » définitivement cette langue.

 

Les enveloppes des courbes fréquentielles

 

L’étude détaillée des éléments de la parole au moyen d’analyseurs sophistiqués permet de visualiser les différentes fréquences utilisées, ce qui permet de déterminer la pente de la courbe d’une langue.

 

Ces graphiques indiquent les différences fondamentales qui existent entre les groupes linguistiques sur le plan auditif concernant le plan de «l’écoute» de chaque langue. Ils permettent de comprendre certaines affinités et aussi certaines incompréhensions entre nations.

Le temps de latence, comme cité plus haut, est un paramètre purement neurologique. Il s’agit du temps nécessaire à l’oreille pour se mettre à l’écoute. L’oreille ne se contente pas de décrypter les sons, elle dispose d’un appareil, le vestibule, qui induit le sujet à mettre son corps dans une position déterminée pour pouvoir répondre. Entre le moment où l’oreille se tend et celui où elle saisit son objet sonore s’établit donc le temps de latence auditif.

L’Oreille Humaine :

 

Elle peut capter une large gamme de fréquences (16 à 16 000 Hz) et percevoir une infinité de rythmes. Mais au fil des années, notre oreille se contente d’être efficace dans les fréquences et les rythmes propres à notre langue maternelle et nous prenons des habitudes dont nous ne savons plus nous défaire.

Chaque langue utilise donc de façon préférentielle certaines plages de fréquences sonores, appelées Bandes Passantes, comme le montre le tableau ci-dessous :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur un plan concret :

Un test d’écoute va permettre d’évaluer les capacités de perception de l’individu et de déterminer ses aptitudes dans l’apprentissage de la langue désirée.

Un programme sous appareillage électronique sera institué en plusieurs étapes :

Les séances de sensibilisation par les sons filtrés de la langue étrangère, véritable bain acoustique qui ouvre l’oreille.

Les séances actives par des mots, des textes à répéter ou des lectures de la langue à intégrer : ces exercices permettent ainsi à l’oreille de s’entraîner à contrôler l’accent, la musique de la langue, le rythme, l’intonation.

 

 

Pour qui ?

 

  • Les enfants

 

A quel âge doit-on aborder l’apprentissage d’une langue étrangère ? C’est un sujet d’actualité dans les milieux scolaires où l’on semble souhaiter de plus en plus qu’une sensibilisation débute dès l’école enfantine. C’est l’âge idéal pour « ouvrir l’oreille » : « le petit enfant a une oreille, capable d’intégrer tous les univers sonores, celui de sa langue maternelle comme celui d’une langue étrangère ».

 

  • Les adolescents

« Un élève en difficulté d’apprentissage dans une langue étrangère est dans la même position qu’un enfant qui ne parvient pas à écrire, lire ou parler sa langue maternelle. Il est « dyslexique » c’est-à-dire en difficulté d’écoute ».

Nous devons donc aider les adolescents en apprentissage à ouvrir leurs oreilles aux sons sélectifs de la langue à intégrer : par là même, tout leur comportement va changer.

Devant le développement extraordinaire des moyens de communication, face à l’essor des échanges internationaux nous devons tout faire pour offrir à nos enfants la possibilité de communiquer en plusieurs langues.

 

  • Les adultes

Que ce soit à titre personnel ou professionnel, il est nécessaire de prendre quelques précautions pour atténuer les « a priori » qu’ont les adultes en matière d’apprentissage lorsqu’il s’agit de leur proposer de nouvelles techniques audio-vocales.

Deux idées sont à évoquer : « premièrement, la langue maternelle est un barrage qu’il faut contourner.

Deuxièmement, on écoute avant de parler puis, et seulement après, on étudie la structure du discours. »

Parler une langue signifie entrer dans une psychologie particulière, adopter une pensée bien spécifique et ajuster son corps de telle sorte qu’il prenne la posture que lui impose la langue. Le don des langues est en réalité le don de l’écoute.

 

Addendum

 

La méthode globale utilisée, en France notamment, depuis trente ans au moins, pour apprendre à lire aux enfants, perturbe considérablement la mise en place des circuits cérébraux (voir les travaux de Sperry aux USA et du docteur Wettstein-Badour en France). Elle est fondée sur une appréhension intuitive, sensible, thalamique – donc affective – et non sur la certitude que devrait donner l’écoute des sons et la reconnaissance des lettres qui les composent. Elle déstructure et empêche une bonne latéralisation de l’enfant.

Ses conséquences sont catastrophiques pour tous les apprentissages qui supposent la mémoire pure, c’est-à-dire la faculté analytique de retenir des données sans pouvoir recourir à l’associativité, grâce à laquelle les enfants normalement doué se tirent du mauvais pas dans lequel les précipite un mauvais apprentissage de la lecture. On compense en devinant. Quand il faut apprendre une langue étrangère, il n’est pas question de ruser. On sait ou on ne sait pas. Lorsque les circuits de la mémoire ne sont pas structurés, on apprend, on apprend mais on ne retient rien.

L’oreille des Français est déjà peu performante par nature pour faire face à cet apprentissage linguistique, mais si en plus les petits Français sont systématiquement latéralisés à l’envers (oreille gauche dominante), leurs espérances de maîtriser un jour une langue étrangère est mise à mal. Sur toute l’étendue des fréquences sonores de la voix humaine, le français n’utilise qu’une octave, contre quatre à l’anglais… et onze au russe !!!
Pourquoi avons-nous tant de mal à parler anglais ? Pourquoi les Slaves sont-ils  » doués  » pour les langues ? Cette inégalité de naissance n’est pas affaire de don, mais d’oreille : éduquons-la, ouvrons-la, et nous découvrirons que nous sommes nés pour parler toutes les langues.

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