EDUCATION

CPGE, grandes écoles : de l’exigence à l’excellence

HD-391---grande-ecole-3Polytechnique, Saint-Cyr, HEC… Spécificité française, les grandes écoles jouissent d’une réputation d’excellence et d’élitisme. Sélectives, mais basées sur le mérite, elles s’ouvrent désormais à un plus large public, les voies d’admission se diversifiant, même si les classes préparatoires (CPGE) demeurent le meilleur chemin pour y accéder.

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Qu’entend-on par « grande école » ? Si elles ont pour point commun de « recruter leurs élèves par concours et d’assurer des formations de haut niveau », comme le définit l’Education nationale, l’appellation « grande école » regroupe en réalité différentes catégories d’établissements de l’enseignement supérieur : écoles d’ingénieurs (les plus nombreuses), d’agronomie et vétérinaires, écoles de management qui forment aux métiers de la gestion, du management, du marketing et de la finance, écoles normales supérieures (ENS) qui préparent aux métiers de l’enseignement et de la recherche. Mais également des écoles très spécifiques, telles l’École des chartes, qui forme des archivistes-paléographes, et les grandes écoles militaires, comme l’École de Saint-Cyr, qui prépare aux carrières d’officier dans l’armée de terre.

Ces écoles proposent le plus souvent des formations en 3 ans (5 ans pour les écoles vétérinaires) et sont accessibles, sur concours, après deux années d’études après le bac ; les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) étant la voie privilégiée.

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HD-391---grande-ecole-2Avant la grande école, la classe préparatoire

Les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) préparent leurs étudiants aux concours des grandes écoles, en deux ans ou trois ans – une année de redoublement est permise. Installées dans des lycées, elles recrutent après la terminale, sur dossier (inscription avec le dispositif APB, admission post-bac). Ces CPGE sont réparties en trois grandes catégories.

  • Les classes préparatoires littéraires (hypokhâgne et khâgne) conduisent aux concours des écoles normales supérieures, de l’école nationale des chartes, mais aussi des écoles supérieures de commerce et de gestion, et des instituts d’études politiques (IEP). On distingue deux voies : les classes préparatoires A/L, dites « Lettres » et les classes préparatoires B/L, dites « Lettres et sciences sociales ». Les baccalauréats L (55 % des effectifs en 2014) et S sont à privilégier pour accéder à ces classes prépas.
  • Les classes préparatoires scientifiques préparent elles les étudiants aux concours des écoles d’ingénieurs, des écoles normales supérieures et des écoles nationales vétérinaires. Elles sont classées en 7 voies, qui préparent chacune à des concours distincts. Deux exemples : les voies appelées MPSI et PCSI (dédiées principalement aux élèves titulaires d’un bac S – 95 % des étudiants en CPGE scientifique !) permettent l’accès aux concours d’entrée des écoles renommées que sont Polytechnique, Centrale, les Ecoles nationales supérieures des Mines, l’Ecole nationale des Ponts et Chaussées, entre autres. Autre exemple, la voie « TPC » (ouverte notamment aux bacheliers technologiques STL), elle, donne accès aux concours d’entrée des écoles de chimie.
  • Organisées en trois filières (scientifique, économique et technologique), les classes préparatoires économiques et commerciales préparent les étudiants aux concours des écoles supérieures de commerce, des écoles nationales de la statistique, des instituts d’études politiques, ainsi que de l’École normale supérieure de Cachan, qui est spécialisée dans les disciplines technologiques, scientifiques et de gestion.

 

La formation en classe prépa est très exigeante et requiert de fortes capacités de travail : pendant deux ans au moins, les élèves y suivent un enseignement intensif, avec des horaires chargés, et doivent fournir un travail personnel conséquent, avec de nombreux devoirs à rendre et des « colles » (interrogations orales) à raison de 2 heures par semaine.

A la rentrée 2013, on dénombrait environ 25 000 étudiants inscrits en 1re année de CPGE scientifique, un peu plus de 10 000 en 1re année de CPGE économique et sociale, et un peu moins de 7 000 dans la filière littéraire. Au terme de leurs années de classes préparatoires, les étudiants qui n’intègrent pas une grande école peuvent poursuivre leurs études à l’université. A leur intention, une attestation descriptive du parcours de formation de chaque étudiant est délivrée, mentionnant les crédits qu’il peut faire valider par l’établissement d’enseignement supérieur dans lequel il poursuivra ses études.

 

HD-391---grande-ecole-1Autres voies d’accès

Si les classes préparatoires ont été spécialement créées pour préparer les concours aux grandes écoles (d’où leur nom !), elles ne sont plus, loin de là, le seul chemin pour les intégrer. Alors qu’en moyenne 4 élèves sur 10 inscrits dans une grande école ont suivi une CPGE, la conférence des grandes écoles (association qui regroupe la quasi-totalité des grandes écoles en France) explique cette nouvelle situation par deux grandes raisons :

– la forte progression des offres de formation en 5 ans directement après le baccalauréat. Par exemple : les Instituts nationaux de sciences appliquées, Universités technologiques, Ecoles nationales d’ingénieur, qui proposent 8 000 places post-bac sur les 29 000 diplômés annuels des écoles d’ingénieurs françaises. Si les écoles de commerce sont moins nombreuses sur ce positionnement post-bac, les titulaires d’un bac + 2, type BTS ou DUT, intègrent de plus en plus ces grandes écoles.

– Une multiplication des passerelles universités – grandes écoles et une meilleure connaissance de ces passerelles possibles (concours parallèles), accessibles aux étudiants titulaires d’une licence universitaire, d’un DUT ou d’un BTS.

 

Caractéristiques notables

Les grandes écoles se caractérisent par leur grande autonomie. Même si les étudiants en sortent avec des connaissances pointues dans certains domaines (chimie, aéronautique, gestion…), la formation encourage l’acquisition d’une culture pluridisciplinaire solide. La pédagogie y est souple, mais encadrée, et s’organise autour de cours magistraux et de travaux en petits groupes. Les directeurs de ces établissements, notamment des grandes écoles de commerce et d’ingénieurs, privilégient aussi une coopération étroite avec les milieux économiques, les échanges avec des établissements d’enseignement étrangers, ainsi que la constitution de réseaux utiles dans la poursuite de la vie professionnelle.

 

Quelle insertion professionnelle ?

Sortir diplômé d’une grande école ouvre la voie à des postes de cadres (managers ou ingénieurs) dans les grandes entreprises et dans l’administration notamment. Le master (bac+5), diplôme délivré par les grandes écoles, une garantie d’emploi à la sortie ? Globalement, on peut répondre par l’affirmative. L’enquête insertion des jeunes Diplômés de la Conférence des Grandes Écoles, réalisée en 2015 auprès de 173 grandes écoles, montre que le taux net d’emploi des jeunes diplômés oscille autour de 80 % – après 12-15 mois sur le marché du travail, seuls 6,5 % des jeunes diplômés sont à la recherche d’un emploi. Chiffre encore plus significatif, l’entrée dans la vie active est rapide puisque plus de la moitié des élèves ont trouvé un emploi avant la sortie de leur école et 75 % moins de deux mois après.

Autre indicateur marquant : de 15 à 20 % d’une promotion commencent une carrière professionnelle à l’étranger. Preuve s’il en est de l’ouverture à l’international apportée par les formations des grandes écoles. Un atout parmi beaucoup d’autres, comme le salaire d’embauche des jeunes diplômés, trois fois sur quatre en CDI, qui s’élève en moyenne à 33 000 euros bruts annuels.

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A SAVOIR

Chiffres-clés

  • 85 % des étudiants débutant une CPGE scientifique intègrent une grande école
  • Aux concours 2014 des écoles d’ingénieurs, 30,6 % des inscrits sont des boursiers.
  • Selon une étude de la DGESIP / DGRI de mars 2013 : dans les grandes écoles, 47 % des étudiants sont issus d’un milieu « cadres et professions intellectuelles supérieures », 10 % sont issus d’une famille de catégorie « artisan, commerçant ou chef d’entreprise », seuls 5 % sont issus d’un milieu ouvrier.
  • 107 grandes écoles proposent des filières par apprentissage.
  • 40 % des masters (bac + 5) délivrés chaque année en France, soit plus de 60 000, le sont par les grandes écoles.

 

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ZOOM

Féminisation croissante dans les écoles d’ingénieurs

Qui a dit que les maths étaient réservées aux garçons ?! La promotion des études scientifiques auprès des filles porte ses fruits : elles représentaient 28,4 % de l’effectif total d’élèves-ingénieur(e)s en 2014-2015, toutes typologies d’écoles confondues, avec 36 857 étudiantes inscrites (Enquête de la Sous-direction des systèmes d’information et des études statistiques – SIES). Une hausse de 42,2 % sur les dix dernières années !

En 2014, le nombre de nouvelles diplômées d’écoles d’ingénieurs était de 9 617, ce qui correspond à 29,3 % de la totalité des élèves-ingénieurs diplômés pour cette même année. Il s’agit d’une hausse de 4 % par rapport à l’année précédente.

A titre de comparaison, on compte 50 % de jeunes filles dans les écoles de commerce et de management.

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Quels frais de scolarité ?

A l’inverse de l’université, où suivant le niveau d’étude, les frais d’inscription sont réglementés (et assez peu élevés toute proportion gardée – 184 euros pour une année en licence par exemple), les frais de scolarité des grandes écoles sont eux très variables.

Par exemple, celles qui forment à l’administration ou à l’armée (Polytechnique, l’ENA, l’ENS, Saint-Cyr…) rémunèrent leurs étudiants le temps de leur scolarité ! Mais ceux-ci sont ensuite obligés de travailler dans la fonction publique quelques années. S’ils souhaitent la quitter, ils doivent racheter leur scolarité, autrement dit rembourser une partie de l’argent qui leur a été versé pendant leurs études (jusqu’à 50 %).

Dans les écoles d’ingénieurs, les frais font le grand écart : de 615 euros par an (année 2015-2016) dans les écoles sous tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur (55% des écoles) à plus de 9000 euros par an dans certaines écoles privées.

 

Ces « chères » études de commerce

En revanche, en ce qui concerne les écoles de commerce, qui sont en grande majorité privées, les frais de scolarité sont très élevés et varient en moyenne autour de… 10 000 euros par an ! Le recours à un prêt étudiant est donc – très – souvent indispensable… Les écoles de commerce proposent d’ailleurs un financement grâce à des conventions passées avec des banques partenaires… On remarquera que le « prêt étudiant garanti par l’Etat » est lui suspendu depuis mars 2016… Notons enfin que les étudiants boursiers bénéficient généralement d’une exonération partielle des frais de scolarité.

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