EDUCATION

Les clés pour réussir son entrée en sixième

HD-387---6e-filles-classeCollège, travail personnel, vie privée… L’entrée en sixième est synonyme de profonds bouleversements pour les élèves. Pendant cette période charnière, les parents doivent être plus attentifs que jamais.

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De tous les événements qui ponctuent une scolarité, le passage du CM2 à la 6e est certainement l’un des plus perturbants. Après avoir passé des années dans une école rassurante avec un maître unique, l’élève se retrouve projeté dans un établissement nouveau avec une multitude d’enseignants. Finie aussi la classe unique où il avait son bureau attitré. Désormais, il doit changer de salle à chaque intercours, et ne pas oublier son carnet de correspondance, ses nombreux manuels et cahiers, etc.

Le collège marque aussi une nouvelle étape dans l’acquisition de l’autonomie. L’entrée en 6e est généralement le moment où l’enfant se voit confier les clés de la maison, commence à prendre seul les transports en commun. Peut-être même devra-t-il se lever seul le matin et qu’il rentrera avant le reste de la famille le soir à la maison. Il devra alors se prendre en main pour goûter, faire ses devoirs… Sans compter qu’avec le collège arrive aussi le temps des tentations. De la cigarette à l’école buissonnière en passant par le téléphone portable et, bien sûr les copains et les amours, les sujets d’intérêt extra-scolaires sont nombreux.

 

Un fossé que l’on cherche à réduire

N’importe quel enfant aurait de quoi être perturbé par une telle montagne de changements. A en croire une enquête menée en 2012 dans plusieurs écoles du Nord de la France, 29 % des élèves se disent angoissés à l’idée d’entrer au collège. La peur de ne plus voir ses copains et ses copines, la crainte de ne pas suivre le rythme et l’angoisse d’arriver en retard en classe ou de se perdre dans les couloirs sont les principales causes de ce stress.

Conscients que l’entrée au collège constitue un passage délicat qui peut avoir un impact important sur la poursuite de la scolarité, la plupart des établissements organisent des réunions de pré-rentrée, font visiter leurs locaux aux élèves de CM2, invitent les parents à rencontrer l’équipe pédagogique…

Certains vont même plus loin. A Montpellier, par exemple, le collège Arthur-Rimbaud organise tout au long de l’année des échanges sur le thème des contes et des défis maths regroupant les élèves de 6e et ceux des écoles environnantes. « Lorsqu’il était en CM2, mon fils a participé à un défi lecture avec des élèves de sixième. Ensemble, ils avaient rencontré un auteur de littérature jeunesse. Il avait aussi passé une journée complète au collège pendant laquelle il avait fait du sport avec les collégiens, suivi un cours de technologie et mangé au réfectoire. Ça lui avait permis de dédramatiser », se souvient le papa de Pierre.

Depuis la rentrée 2013, chaque établissement doit en outre disposer d’un conseil école-collège, un organe regroupant les équipes du primaire et du secondaire censé garantir une certaine continuité pédagogique entre le premier et le second degré et faciliter la transition des élèves. Enfin, pour réduire encore le fossé qui existe, un « cycle de consolidation », regroupant les classes de CM1, de CM2 et de 6e, sera mis en place progressivement, à partir de la rentrée 2015.

 

HD-387---6e-papaLes parents au premier rang

Mais les équipes éducatives ne peuvent pas grand-chose sans le soutien des familles. Plus que jamais, l’année de transition CM2-6e doit être celle du dialogue entre les enfants et leurs parents. Acheter suffisamment tôt le matériel dont il aura besoin et lui expliquer à quoi serviront chaque cahier et chaque classeur lui permettra d’anticiper sa future organisation. S’il angoisse à l’idée de se perdre dans les couloirs ou de ne pas avoir assez de temps pour changer de classe, rassurez-le en lui disant que tous ses copains seront dans le même cas que lui. Et s’il a peur que des plus grands que lui ne l’embêtent, rappelez-lui que des adultes seront toujours là pour l’aider en cas de problème. Rencontrer l’enseignant de primaire peut aussi permettre de le rassurer sur ses capacités. A condition toutefois que le message soit positif. « En disant à mon fils qu’il risquait de ne pas suivre au collège parce qu’il était trop lent en classe, l’institutrice de CM2 a mis sur mon fils une pression inutile, se souvient une maman. J’ai beaucoup discuté avec lui pour tenter de rattraper le coup, mais le mal était fait ».

Au cours des premières semaines suivant la rentrée, faites en sorte d’être présents à ses côtés. Chaque soir, prenez le temps de vérifier avec lui les devoirs qu’il a faits et ceux qu’il aura à faire dans les jours qui viennent de manière à éviter qu’il ne se retrouve d’un seul coup face à une montagne de travail. Faites en sorte qu’il relise ses cours du lendemain afin de ne pas être pris au dépourvu en cas d’interrogation surprise. Aidez-le aussi à faire son cartable, en triant avec lui les manuels et les cahiers dont il aura besoin le lendemain. Trop d’élèves ont tendance à prendre avec eux toutes leurs affaires par peur d’oublier un manuel ou un cahier. Bien sûr, assister aux différentes réunions d’accueil et se rendre sur place lors des remises de bulletin est essentiel.

Enfin, suivez plus que jamais ses résultats et soyez attentif aux remarques des enseignants, sans lui mettre pour autant sur les épaules une pression inutile ni trop l’étouffer. « Les collégiens ont besoin de leur petit monde à eux, encore plus qu’au primaire. Par exemple, ils n’aiment pas toujours que les parents les accompagnent jusqu’au portail du collège. Ils ont envie d’avoir les parents un peu plus à distance », prévient la psychologue Christine Brunet *.

 

HD-387---6e-t-shirt-orangeRéagir sans tarder

Si vous voyez que ses notes sont en baisse ou que son attitude se dégrade, ne tardez pas à réagir. Un mot dans le carnet de correspondance, voire une rencontre avec le professeur principal peut suffire à lever un malentendu ou désamorcer un conflit. Si le souci concerne une matière précise, n’hésitez pas à aller voir l’enseignant concerné afin de comprendre ce qui ne va pas. Si les problèmes concernent son attitude en dehors de la classe, des retards ou des absences, le conseiller principal d’éducation est l’interlocuteur à privilégier. Si besoin, le représentant de la PEEP peut servir d’intermédiaire entre les parents et l’équipe pédagogique.

Enfin, sachez que de bons résultats passent aussi par une bonne hygiène de vie. Veillez à ce que votre enfant prenne un bon petit-déjeuner avant de partir, qu’il goûte à son retour, ne passe pas trop de temps devant les écrans et ne se couche pas trop tard. Même s’ils se sentent grands, les enfants de 11 ans ont encore besoin d’au moins 9 heures de sommeil.

* Note : sur le site Psychologie.com.

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ZOOM

Accompagnement personnalisé

Tout au long de leur année de 6e, les jeunes collégiens bénéficient d’un accompagnement personnalisé (AP). Il se présente sous la forme de séances menées en petits groupes par un ou plusieurs professeurs du collège après l’élaboration d’un projet par l’ensemble de l’équipe pédagogique. Le dispositif est conçu de manière à pouvoir s’adapter facilement aux besoins de chaque élève. Les séances, intégrées à l’emploi du temps de 6e, ont lieu généralement chaque semaine à raison de 2 heures hebdomadaires, mais peuvent être regroupées sur une période précise de l’année. Si l’AP permet à certains élèves de bénéficier d’une remise à niveau dans les matières où ils éprouvent des difficultés, il peut aussi, en fonction des besoins, être utilisé pour aider un élève à asseoir ses acquis de 6e, à renforcer sa culture générale, à lui faire acquérir des méthodes de travail ou à l’aider à mieux s’organiser.

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POINT DE VUE

Patrice B., professeur d’anglais

« Entre les visites du collège, les réunions de pré-rentrée et les cours de méthodologie, nous faisons tout pour rassurer les élèves. Nous discutons aussi entre professeurs pour éviter de les surcharger de travail, au moins pendant les premières semaines. En début d’année, nous menons des tests afin de repérer les élèves qui rencontrent des difficultés et nous leur proposons de l’accompagnement personnalisé afin de combler leurs lacunes. Il y en a toujours qui ont plus de mal à s’adapter que d’autres, mais ils finissent tous par rentrer dans le rang assez rapidement. Toutefois, avec 150 élèves à gérer en parallèle, il nous est difficile de tout voir. C’est la raison pour laquelle nous comptons beaucoup sur les parents pour nous alerter sur d’éventuels problèmes. Si les notes ne sont pas au rendez-vous, c’est peut-être que l’enfant ne travaille pas assez ou qu’il n’arrive pas à s’organiser. Mais parfois, cela révèle un malaise plus profond dont l’origine peut être extérieure au collège. Dans tous les cas, la réussite passe par un dialogue entre l’élève, l’équipe enseignante et la famille. Quand je rencontre les parents, je m’aperçois qu’ils sont parfois plus stressés que leur enfant. Par peur que leur enfant rate sa scolarité, ils attendent de lui plus qu’il ne peut donner. Ils doivent prendre garde à ne pas transmettre leurs propres angoisses, mais au contraire l’écouter, l’accompagner et le rassurer plutôt que de lui répéter chaque jour que chaque mauvaise note hypothèque un peu plus son avenir. »

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TEMOIGNAGE

Julie, maman de Rémi et Théo, élèves de 3e et de 6e

« Bien que ce soient de bons élèves, mes fils ont tous les deux rencontré des difficultés en sixième. L’aîné, qui ne supportait pas qu’on le traite d’intello, nous faisait des crises d’angoisse le soir. Le fait de l’inscrire à l’association sportive le mercredi lui a fait beaucoup de bien car il a pu rencontrer des élèves dans un autre contexte. Quant au cadet, son ennui dans certaines matières se traduisait par de grosses colères à la maison. Quelques séances de sophrologie et un dialogue constructif avec l’équipe enseignante ont été profitables, même si tout n’est pas résolu. »

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