Quel avenir pour les Rased ?
Le ton monte dans les rangs des Réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté. De nombreux postes ont été supprimés ces dernières années et le dispositif ne bénéficie que d’une simple mention en annexe du projet de loi pour la refondation de l’école. Zoom sur sa fonction et son devenir.
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TEMOIGNAGES
Quelles solutions pour les RASED ?
« Des Rased complets peuvent faire économiser de l’argent, cela diminuerait l’extériorisation des soins, la médicalisation. (…) Et pourquoi ne pas envisager des Rased en collège pour soutenir les équipes, aider aux projets, permettre une réflexion sur ce en quoi consiste la difficulté… »
Anne-Loup Rampillon, seule maîtresse « rescapée » option E en Haute-Garonne
« Il me paraît impossible de pouvoir recréer le fonctionnement pensé pour les Rased, à moins que des milliers de postes soient créés… Les personnels ont très mal vécu les suppressions et ceux qui ont repris des classes n’ont plus envie de revenir. De plus, penser qu’on peut assurer un service à tous les élèves sur tout le territoire sans que le personnel ne soit remboursé de ses déplacements est voué à l’échec. Il s’agit de penser un nouveau système car la prise en charge des plus fragiles se doit d’être un service de l’Education nationale. Il faut reprendre la formation des enseignants spécialisés. Faut-il aller vers une refonte des spécialisations ? Faut-il aller vers une implantation seulement dans les zones sensibles si on est incapable de couvrir tous les territoires ? »
Martine Heyer, psychologue scolaire depuis 1995 dans le Cher
« La première urgence est d’annoncer un avenir pour les Rased (ou un dispositif revu) car les personnels formés et compétents ont soit perdu leur poste, soit se découragent devant des conditions d’exercice fortement dégradées. Beaucoup partent ou envisagent de partir vers d’autres postes. Il faut donc urgemment donner un horizon pour ne pas perdre toutes ces compétences qui seront très longues et coûteuses à reconstruire. Ensuite il faut remettre des postes et relancer une formation spécialisée pour que tous les élèves en ayant besoin puissent bénéficier d’une aide spécialisée de qualité à l’école et sur leur temps scolaire. En effet, rajouter du temps d’aide aux élèves en difficulté en dehors du temps de classe (aide personnalisée) devient une sorte de “double peine” : “ Tu as du mal à l’école ? Et bien tu vas en avoir encore plus ! ” »
Stéphanie de Vanssay (lire son témoignage plus bas)
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REPERES
Florence Denis, le quotidien d’un maître E
8h : arrivée à l’école, préparation de différents documents pour les séances avec des groupes ou des évaluations individuelles. Echanges d’infos en salle des maîtres.
De 8 h 30 à 11 h 30 : séances de 3/4 d’heure à une heure en petits groupes en élémentaire ou maternelle ou travail en classe en co-intervention ou évaluation individuelle. Souvent changement d’école à la récréation.
Sur la pause méridienne : prise de notes sur les séances du matin préparation de matériel pour les séances de l’après-midi, mais très souvent réunion avec des enseignants pour faire le point sur des suivis d’élèves, pour aider à mettre en place un PPRE (Programmes personnalité de réussite éducative), pour analyser les difficultés d’un élève non suivi, participation à un PPS (Projet personnalisé de scolarisation).
Après-midi : même chose que le matin. Après la classe, réunions avec des enseignants ou des parents, prise de notes, compte-rendu d’évaluation, bilans de suivis, préparation de séances, projets…
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POINT DE VUE
Stéphanie de Vanssay, enseignante spécialisée à dominante pédagogique (maître E) depuis huit ans dans les Hauts-de-Seine et conseillère technique au syndicat SE-Unsa
« Notre quotidien est d’observer les élèves en difficulté en classe, parler avec leur enseignant, réfléchir à la meilleure façon de leur venir en aide. Il s’agit de les prendre en charge en petits groupes ou de les accompagner dans la classe. Nous mettons en place des actions de prévention des difficultés, des rencontres avec les parents et avec les partenaires connaissant l’enfant (orthophoniste, travailleur social…). L’enseignant spécialisé du Rased est au service de chaque élève en difficulté, il œuvre pour trouver tous les leviers qui vont lui permettre de mieux réussir à l’école, de s’appuyer sur ses points forts pour surmonter ses difficultés. Il est à la fois dans l’école tout en étant extérieur à la classe, il a un regard de l’intérieur mais avec du recul. Un de ses rôles essentiels est de permettre aux adultes entourant l’enfant et l’enfant lui-même à changer de regard. Chaque élève est capable de mobiliser ses ressources et son intelligence pour apprendre et peut réussir des tâches scolaires. »