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MAGAZINE – Conduite accompagnée, mode d’emploi

L’apprentissage anticipé de la conduite, ou conduite accompagnée, permet aux personnes d’au moins 16 ans d’acquérir une expérience concrète de la conduite avant de se lancer seul au volant. Un choix judicieux à plus d’un titre !

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Il vient tout juste de fêter ses 16 ans et vous vous posez la question de l’inscrire en cours de conduite accompagnée. Première formalité pour le candidat : s’inscrire dans une auto-école qui le suivra tout au long de sa formation, jusqu’à son permis. Si certains regrettent cette obligation, qui manque de souplesse, le formateur Pierre Talon explique que « le moniteur initial est le mieux placé pour mener l’enfant à la réussite » et que, dans le pire des cas, on peut faire un transfert de dossier.
Suite à une évaluation préalable, un contrat de formation, qui ne peut pas être inférieur à 20 heures de leçons pratiques, est signé entre l’auto-école et l’apprenti conducteur qui suivra en parallèle des cours de code. Dès que cette épreuve théorique est réussie et le niveau de conduite jugé suffisant, une attestation de fin de formation initiale est délivrée permettant au jeune de conduire dans le cadre de la conduite accompagnée. A compter de ce moment, l’apprenti devra parcourir 3 000 km minimum accompagné d’un adulte. Au cours de cette période, l’élève se rendra avec son accompagnateur à deux rendez-vous pédagogiques. Au deuxième rendez-vous, le formateur évalue si l’élève est apte à être présenté à l’épreuve pratique du permis de conduire.
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Une motivation indispensable
Si tous les jeunes peuvent être inscrits à l’apprentissage anticipé à la conduite, leur motivation compte beaucoup. « Nicolas n’était pas attiré par la conduite alors que Laurent et Fabien posaient des questions et étaient très motivés. Laurent s’est inscrit le jour même de ses 16 ans. En revanche, Nicolas ne s’est jamais inscrit à la conduite accompagnée », explique Françoise, leur mère.
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Une myriade d’avantages
Véritable plus, la conduite accompagnée (AAC) améliore le taux de réussite au permis de conduire, réduit la durée du permis probatoire (2 ans au lieu de 3 ans), avec lequel on ne possède que 6 points au lieu de 12 et permet de récupérer les 6 points manquants en deux ans au lieu de 3.
Elle est aussi un gage de sécurité qui n’a pas échappé aux assureurs. « Pour accompagner celle-ci, les assurances proposent durant la formation une extension de garantie, sans surprime. Puis lorsque le permis sera obtenu, la surprime “jeune conducteur” ne pourra dépasser 50 % au lieu de 100 % lorsque le conducteur novice n’a pas suivi la conduite accompagnée », indique Alexis Merkling, responsable du marché auto à la fédération française des sociétés d’assurance.
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Moins d’accidents
Cet apprentissage anticipé est aussi bénéfique pour le passage du permis de conduire. « Lorsque je suis arrivée le jour du permis, j’étais très confiante. Une assurance acquise au fil de mes années de conduite », se rappelle Margaux, 20 ans. D’ailleurs, les jeunes qui passent la conduite accompagnée ont de meilleurs résultats à l’examen du permis : en 2011, 71,5 % d’entre eux ont été reçus contre 54 % pour ceux qui passent par la formation dite traditionnelle. Enfin, les jeunes qui ont suivi cette formule ont moins d’accident .
C’est ainsi que pour tous ces avantages la mairie de Six-Fours (Var) propose une bourse de 200 euros à tous les jeunes de la commune inscrits à la conduite accompagnée. « La population des jeunes conducteurs est une population particulièrement à risque, explique l’adjoint au maire en charge du dossier, André Merchéyer. Toute formation renforçant l’expérience des futurs jeunes conducteurs et faisant baisser le nombre d’accidents est utile, c’est pour toutes ces raisons que nous avons mis en place cette bourse il y a 5 ans ».

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L’avis du spécialiste
Frédéric Péchenard, Délégué interministériel à la sécurité routière

En parallèle à la conduite accompagnée, il existe depuis peu la conduite supervisée. Pouvez-vous nous parler de ce programme ?

Lors du Conseil interministériel de la sécurité routière (CISR) de janvier 2009, la possibilité de conduire et de se perfectionner avec un accompagnateur s’est ouverte aux plus de 18 ans n’ayant pas fait le choix de l’AAC dès 16 ans. Nous avons donc mis en place la conduite supervisée. Dans ce cadre, les conditions sont moins contraignantes qu’avec la conduite accompagnée puisque la phase de conduite accompagnée est de 3 mois minimum pendant lesquels l’élève doit avoir réalisé au minimum 1 000 kilomètres. D’ailleurs, la conduite supervisée progresse en 2012 avec 3 000 candidats par mois.


En revanche, on constate une baisse de l’apprentissage anticipé de la conduite…

On constate effectivement une baisse du nombre d’élèves faisant appel à la formule de l’AAC. Elle s’explique en partie par le temps demandé aux accompagnateurs pour assurer leur rôle et aussi par le coût plus élevé des forfaits proposés par les écoles de conduite pour cette formation. En effet, l’AAC comprend trois rendez-vous pédagogiques qui s’ajoutent à la formation traditionnelle.


Pourtant, elle comporte nombre d’avantages…

Effectivement, le taux de réussite au permis est supérieur en passant par la conduite accompagnée et les assureurs n’appliquent pas la sur-prime « jeune conducteur » pour les élèves ayant suivi cette formule. Au total, le coût global de la formation se révèle ainsi moins élevé que la formation traditionnelle et permet d’économiser jusqu’à 500 euros.

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Point de vue
Pierre Talon, patron d’auto-école à Delle, Territoire de Belfort

« La conduite accompagnée est excellente car ce sont les kilomètres parcourus qui forgent le conducteur. Durant ces heures de conduite, les apprentis découvrent des situations variées auxquels ils ne sont pas toujours confrontés en cours : la neige, la nuit, le brouillard… En revanche la conduite accompagnée est efficace si les parents ne tolèrent aucun laisser-aller au volant car un conducteur laxiste peut être un mauvais conseiller. Inculquer des mauvaises habitudes à l’apprenant, c’est hypotéquer l’obtention du permis. »

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ZOOM
Des cours de code au lycée

Depuis janvier, la région Poitou-Charentes expérimente dans des lycées des séances de code de la route avec l’objectif d’une généralisation du dispositif à l’ensemble de la région en septembre. Il s’agit de formations théoriques qui viennent compléter les cours de code pris en auto-école. La raison de cette initiative a été expliquée par la présidente du conseil régional de Poitou-Charentes, Ségolène Royal : « Le code est acquis rapidement, il est bachoté avant l’examen du permis. Tous les spécialistes de la sécurité routière nous disent qu’il faut que le code de la route soit appris de façon structurée sur le long terme ».

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POUR EN SAVOIR PLUS
Consultez l’éclairage du site de la Prévention routière sur la conduite accompagnée.

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