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MAGAZINE – Bien gérer cauchemars et terreurs nocturnes

En journée, entendre son enfant pleurer et avoir peur est déjà éprouvant. Lorsque cela se produit la nuit, à cause d’un cauchemar ou d’une terreur, c’est encore plus douloureux. Mais ces manifestations nocturnes s’apprivoisent.

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« Il ne nous reconnaît pas », « il faut la consoler longtemps », « il hurle et a l’air en transe », « elle a des spasmes, c’est très violent »… Les descriptions des « crises » nocturnes enfantines sont parfois troublantes. Tout parent est, un jour ou l’autre, confronté à des épisodes de cauchemars ou de terreurs nocturnes. Des situations peu évidentes à gérer au bord du lit en pleine nuit. Les tentations d’intervenir tout de suite ou d’en parler le lendemain sont fortes et pourtant, cela ne constitue pas nécessairement la solution adéquate. Si les enfants doivent se familiariser avec le monde de la nuit, les parents doivent aussi apprivoiser le sommeil de leurs petits.
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Distinguer cauchemar et terreur
L’une des clés consiste à connaître le mécanisme des cycles et celui des rêves. Qu’ils soient bons ou mauvais, ces derniers surviennent surtout en deuxième partie de nuit. « Quand le corps commence à être bien reposé, c’est au tour de l’esprit de récupérer », explique Lyliane Nemet-Pier, psychologue et psychanalyste (1). Pour accomplir ce travail de restauration psychique, le cerveau endormi […] fait un travail de « nettoyage », trie les souvenirs et les émotions de la journée, en extirpe certains. Et selon les résultats, ce seront les rêves ou les cauchemars qui surgiront. » La période critique se situe entre 3 et 9 ans « parce que l’enfant traverse un âge de turbulences : grandes acquisitions, rentrées scolaires, principales étapes du développement », poursuit la psychanalyste.
Des scénarios inconscients à ne pas confondre avec un autre tumulte : la terreur nocturne au cours de laquelle l’enfant hurle, se débat, les yeux ouverts et semblant parfois être comme « possédé ». « La terreur se produit en général une à trois heures après l’endormissement […]. Elle s’arrête comme elle était venue, l’enfant se rendort de lui-même. Elles surviennent souvent par périodes et disparaissent généralement d’elles-mêmes au bout de quelques mois », explique Lyliane Nemet-Pier.
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Agir en conséquence
Rêver ou cauchemarder n’est pas pathologique. Cela peut être utile pour comprendre une difficulté mal vécue par l’enfant, mais il faut davantage partager et rassurer qu’interpréter. Aussi, sur le moment, « vos bras, vos câlins, vos paroles sont la meilleure façon de le replonger dans la réalité, commente la psychanalyste. Attention, c’est de vous dont il a besoin à ce moment-là, pas du grand frère ou de la grande sœur. » Le lendemain, il est possible d’en parler, mais seulement si l’enfant le désire. En outre, assurez-vous qu’il n’appréhende pas le coucher par la suite.
Quant aux terreurs, aussi spectaculaires soient-elles, il faut accepter de ne rien faire comme indique le Dr Nemet-Pier : « l’éveiller serait le faire remonter trop brutalement à la surface et il ne comprendrait pas ». Traumatisantes pour les parents, il est pourtant inutile d’en reparler avec lui le lendemain au risque de le perturber. Rassurez-vous en vous disant que l’épisode ne lui évoquera rien, cela fait partie du mystère des songes…
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Note
1. Peur du noir, monstres et cauchemars, Lyliane Nemet-Pier et Françoise Devillers, éd. Albin-Michel.
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POINT DE VUE
Béatrice di Mascio, pédiatre à Paris, auteur de « Mon enfant, de la naissance à la maternelle », éd. Albin-Michel

« La terreur nocturne fait partie intégrante de l’apprentissage de l’enfant. Quasi obligatoire pour son développement psycho-affectif, elle lui permet de revivre une situation perturbante et d’en imaginer la fin. Inconsciemment, il règle ses comptes. C’est pour cela qu’il ne faut pas intervenir. En cas de rêves ou de terreurs à répétition, les parents doivent accompagner l’enfant, l’aider à trouver une stratégie pour le rassurer et éloigner son angoisse. »

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