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MAGAZINE – Le smartphone, meilleur ami des adolescents…

Les ados délaissent de plus en plus leur téléphone portable basique pour des smartphones, dotés de multiples fonctions. Mais attention, pour les parents, il est indispensable de poser certaines limites…

Jouer à des jeux vidéo, surfer sur le net, écouter de la musique, prendre des photos, envoyer des messages, faire des vidéos… Aujourd’hui la fonction « téléphone » des portables est noyée parmi la multitude de fonctions dont disposent ces indispensables petits boîtiers.
« Leur smartphone c’est le journal intime du XXIe siècle, ils y consignent leurs photos, leurs numéros de téléphone, les messages de leurs amis. Celui de ma fille lui est totalement indispensable », explique Guillaume, père d’Anaïs, 15 ans.
Pour disposer d’autant de fonctions, les portables ne suffisent plus, ce sont les smartphones qui ont désormais la cote chez les ados. Ces combinés nouvelle génération bénéficient d’un accès à Internet aisé, d’une multitude d’applications et sont souvent dotés d’un écran tactile, plus facile d’usage. « L’utilisation de mon smartphone est plus fluide que celle d’un portable classique, confie Léo, 16 ans, le clavier tactile est tellement pratique pour envoyer des SMS que j’aurais du mal à revenir à mon vieux combiné. »
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Le sentiment d’appartenir à un groupe
Autre raison de cet engouement, eux qui sont très attentifs au regard de l’autre, sont dans une superficialité rassurante, sont sans arrêt connectés à leur cercle d’amis et peuvent réagir immédiatement. Grâce aux nouveaux forfaits illimités et l’accès à Internet, ces nouveaux outils décuplent leur sentiment d’appartenance à un groupe et les possibilités de communiquer entre eux…
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Droit à l’image
Un tel engouement pour un objet aussi onéreux induit forcément des conséquences négatives. Racket, vols, jalousie… Posséder un tel objet n’est pas anodin. La psychologue spécialiste de l’adolescence Béatrice Copper-Royer conseille ainsi de leur fournir un code de bonne conduite à observer : « Attention surtout à ne pas étaler votre modèle dernier cri : un enfant de 13 ou 14 ans qui se promène un smartphone à la main est forcément en situation de vulnérabilité ».
« Les derniers modèles attirent les regards des autres mais les anciens ne les intéressent pas, voilà pourquoi je n’ai jamais craqué pour les nouveautés », témoigne Léo.
Attention également aux problèmes de droit à l’image, on ne filme pas des personnes de son entourage dans des situations difficiles et surtout on ne diffuse pas de vidéos sur les réseaux sociaux sans leur autorisation. Enfin, il s’agit de les mettre en garde contre les amis virtuels.
Voilà pourquoi certains collèges, s’ils tolèrent les portables éteints au fond du sac, interdisent les smartphones au sein de l’établissement suite à de nombreux problèmes d’atteinte à la vie privée. Est visée notamment la publication de photos prises dans l’enceinte scolaire.
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Attention à l’accès à Internet
« En général, les enfants possèdent un portable à l’entrée au collège. C’est là où les parents ne doivent pas céder pour un smartphone, car grâce à celui-ci ils ont un accès incontrôlé à internet, ce qui est une nuance énorme, car sur Internet, nombre de garçons de 12/13 ans regardent des vidéos pornos », explique Béatrice Copper-Royer.
Il est préférable de commencer par un téléphone simple avec un forfait bloqué le temps du collège, en attendant que le jeune utilisateur mûrisse.
« Le souci est qu’avec mon opérateur, on ne me propose que des téléphones avec accès à Internet, difficile d’acheter autre chose », regrette Alice, maman de Louise, 12 ans. Souvent, les parents cèdent lorsqu’ils changent de smartphone et abandonnent leur ancien modèle à leur enfant. Il est ainsi primordial de leur indiquer des façons de faire surtout avec l’explosion des forfaits illimités, leur apprendre à poser eux-mêmes leurs limites, à se forger une auto-discipline face à l’abondance des propositions liées au smartphone.
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Apprendre à gérer l’usage compulsif du téléphone
« Les parents ont pour mission de leur apprendre à trouver les limites en eux-mêmes. L’auto-discipline est d’ailleurs l’un des aspects du passage de l’enfance à l’âge adulte », décrypte Joëlle Menrath, sociologue, auteur d’une enquête pour la fédération française des télécoms.
Au début, il faut ainsi leur apprendre à gérer cet usage compulsif, à être raisonnables, leur interdire l’usage à table, au moment du coucher et pendant les devoirs. Bref, il faut initier le jeune utilisateur aux règles de civilité sans oublier de donner soi-même l’exemple…

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REPERES
Chiffres clés

• Les ventes de smartphones atteindront en 2012 13,3 millions d’unités vendues contre 9,6 millions de mobiles, une hausse de 16 % par rapport à 2011. En 2008, il se vendait 21,7 millions de mobiles pour 1,8 million de smartphones, d’après une étude de GFK Consumer Choices.
• 2 500 SMS sont envoyés chaque mois par un adolescent français soit 80 par jour, selon une étude de l’Arcep de 2012.
• Une étude américaine menée par l’analyste Gene Munster démontre que l’iPhone est un smartphone qui séduit plus facilement les ados que les adultes. D’après les résultats obtenus, 3/4 des possesseurs d’iPhone aux Etats-Unis seraient encore à l’école. Elle établit que 34 % des élèves de secondaire auraient un iPhone et que 40 % souhaiteraient s’en procurer un dans les six prochains mois.

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L’avis du spécialiste
Maryse Vaillant, psychologue clinicienne et auteur de « Pardonner à ses enfants »

« Le smartphone sert essentiellement à un usage de communication. Les adolescents l’utilisent pour faire circuler des photos, commenter un événement mais jamais n’iront faire de recherches pour leur travail ou d’autres fins utiles. C’est pour cela qu’avant de les équiper, il faut leur apprendre la puissance de cet appareil, leur expliquer qu’il ne s’agit pas d’un outil inoffensif. Ensuite, je recommande aux parents d’être raisonnables et d’attendre une occasion pour offrir un smartphone à leur ado. En effet, il ne faut pas perdre de vue qu’un smartphone peut coûter jusqu’à la moitié d’un SMIC. Il faut donc se poser la question « Pourquoi habituer un ado à posséder un objet qu’il ne pourra acquérir avec ses premiers salaires ? ». C’est un objet trop précieux, trop cher et qui va en plus attirer les convoitises »

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