MAGAZINE – Asthme et sport sont-ils compatibles ?
Les asthmatiques peuvent souffler, le sport est bien compatible avec leur pathologie. Mieux, il est recommandé !
La pratique sportive, à condition de respecter quelques précautions, est préconisée par tous les spécialistes. Comme en témoigne ce guide réalisé par le Comité français d’observation des allergies (CFOA) destiné à abolir les dernières appréhensions et préjugés sur le sujet.
« Il ne faut surtout pas dispenser de sport les enfants asthmatiques, répète Marie-Claude Romano, médecin conseiller technique de l’Education nationale honoraire et secrétaire générale de l’Association française de promotion de la santé scolaire et universitaire (AFPSSU), il fait partie intégrante de leur traitement. » « Beaucoup de champions olympiques sont asthmatiques », rappelle-t-elle. Source d’épanouissement personnel, le sport permet d’améliorer les capacités respiratoires dans la mesure où il assure le développement des muscles thoraciques et une adaptation cardio-vasculaire, comme l’explique Sophie Silcret-Grieu, allergologue à Paris. « Les grands sportifs tolèrent mieux leur asthme : ils compensent du fait de leur puissance musculaire, explique-t-elle. De même, la pratique du chant ou d’un instrument à vent apprend à mieux gérer son souffle. »
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Un nécessaire suivi
Les spécialistes le répètent : tous les sports sont envisageables à condition que l’enfant soit suivi et que son asthme soit stabilisé. « L’asthme est soit sous-estimé, soit surestimé à l’école, en raison d’une méconnaissance de cette affection », note Sophie Silcret-Grieu. « On assiste ainsi à des comportements très variables en fonction des professeurs. Certains prennent cela pour un problème d’ordre psychologique. » D’où l’importance d’instaurer un dialogue avec les enseignants et notamment avec les professeurs d’EPS, notamment lorsque l’enfant doit utiliser un bronchodilatateur avant ses cours dans le cadre d’un Projet d’accueil individualisé (PAI). De même vis-à-vis des enfants qui « peuvent parfois avoir peur de prendre leur traitement de crainte d’être stigmatisés ».
Autres précautions indispensables : les asthmatiques doivent s’échauffer avant l’effort et éviter les changements de température importants. « Certains sports sont moins conseillés que d’autres, tempère Marie-Claude Romano, surtout par temps froid, ainsi les cross par une température négative ne sont pas recommandés. » La plongée avec bouteilles constitue le seul sport véritablement déconseillé par les allergologues devant l’équitation, responsable quant à elle, d’allergies sévères. « Le choix du sport que pratiquera l’enfant doit s’effectuer en fonction des affinités de l’enfant, met en garde Marie-Claude Romano, si on le force, le stress généré peut provoquer une crise d’asthme. »
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POINT DE VUE
Patrick Rufin, praticien consultant attaché à l’Hôpital Necker Enfants Malades, allergologue
« Il existe très peu de sports déconseillés aux enfants asthmatiques. Certaines activités sont plus « asthmogènes » que d’autres, telles que la course ou les sports de fond. Je recommande les sports ludiques ou de ballons qui permettent d’alterner les périodes d’exercice et de repos. Il faut prévoir un échauffement musculaire d’autant plus important que le temps est froid et sec car ces conditions accentuent les crises d’asthme induit. Si au cours de l’effort physique l’enfant est gêné, il doit arrêter l’exercice et (re)prendre un bronchodilatateur. Cela suffit souvent à condition que l’enfant adapte sa vitesse de course à son essoufflement. C’est une question de bon sens ! »
Les asthmatiques peuvent souffler, le sport est bien compatible avec leur pathologie. Mieux, il est recommandé !
Patrick Rufin, praticien consultant attaché à l’Hôpital Necker Enfants Malades, allergologue
