EDUCATION

EDUCATION – Service civique : à l’école de la maturité

Après deux ans d’existence, premier bilan sur le Service civique, une initiative qui recueille un écho certain auprès des jeunes qui y trouvent de multiples avantages. Témoignages de volontaires à l’appui !

-

Mercredi 27 juin, près de 1 000 volontaires se sont réunis gymnase Japy à Paris, puis au Champ-de-Mars à l’occasion du premier rassemblement national de volontaires en Service civique pour témoigner de leur expérience. Deux ans après sa création, cette journée lancée par la plateforme interassociative pour le Service civique coordonnée par la CPCA et l’Agence du service civique était l’occasion de promouvoir, mais aussi de rendre hommage à l’engagement citoyen des milliers de jeunes engagés dans un Service civique qui œuvrent chaque jour pour « aider leurs concitoyens et construire une société plus juste ». Et ils sont de plus en plus nombreux : près de 25 000 jeunes devraient effectuer leur Service civique en 2012. Mais comment expliquer un tel engouement ? Jean-Benoît Dujol, directeur de l’Agence du Service civique a bien quelques éléments de réponse : « On ressent un engagement très fort chez les jeunes, c’est une génération qui a un appétit de sens très marqué. Le service civique offre un cadre à cette jeunesse désireuse d’être en responsabilité, de faire bouger les choses. Les jeunes se retrouvent dans un milieu de travail, au contact d’un milieu professionnel. Forcément on apprend, on se découvre capable de faire des choses parfois assez complexes. »
-
Reprendre confiance en soi
Teddy Weber, 25 ans, s’est surpris lui-même. Après cinq ans de galère « à traîner en bas des bâtiments » de son quartier de Cronenbourg, près de Strasbourg, il découvre le Service civique grâce à un coordinateur de Unis-Cité (1) et œuvre au sein du programme « Mediaterre ». Sa mission : sensibiliser des familles modestes aux économies d’énergie et leur enseigner des éco-gestes susceptibles de réduire leur facture énergétique. « Je me demandais à quoi je servais et je ne pensais qu’à moi, reconnaît-il. Cette expérience m’a beaucoup apporté, j’ai appris à reprendre confiance en moi, j’y ai compris que c’est quand on se lève tôt le matin que les choses se passent. Et non quand on émerge à 14 h comme c’était mon cas. En apportant des conseils simples aux gens, j’ai pu les aider à faire des économies : en les encourageant à ne pas surchauffer l’hiver, en installant un mousseur sur leurs robinets, en privilégiant les douches aux bains, en mangeant moins de viande aussi. »
« Le Service civique est un formidable tremplin pour les jeunes sans expérience et sans compétences, souligne Marie Trellu-Kane, la co-fondatrice et présidente d’Unis-Cité. Il peut permettre de remettre des jeunes qui étaient en rupture dans une démarche dynamique. » « Cette expérience a deux grands effets sur ces jeunes, explique Élise Renaudin, directrice déléguée de l’Afev (2) (Association de la fondation étudiante pour la ville) : ils acquièrent de l’expérience et ils se rendent utiles en ayant le sentiment d’agir très concrètement. » Aucun diplôme n’est nécessaire pour s’engager, « les jeunes qui candidatent envoient un curriculum vitae à titre indicatif, mais le principal critère de sélection reste la motivation, on recrute des personnalités plus que des profils », assure Jean-Benoît Dujol.
-
Lutter contre les préjugés
Outre le regain de confiance en soi qu’apporte cette expérience aux volontaires, tous décrivent un autre aspect moins évident mais tout aussi enrichissant pour eux. « Ce n’est pas un job comme le Mc Do, garantit Jean-Baptiste, 23 ans, engagé de septembre à juin 2012 à l’Afev. Le Service civique recrée du lien social entre les jeunes et la société, il permet de changer le regard de gens qui voient souvent les jeunes comme des être égoïstes. Nous contribuons à casser les préjugés. » Tous les préjugés. Ainsi lors de leur Service civique les jeunes sont souvent amenés à travaillent en binôme, notamment chez Unis-Cité. « Depuis toujours, nous mettons l’accent sur la mixité sociale, insiste Marie Trellu-Kane. L’idée du Service civique étant aussi de sortir de son milieu et de ses habitudes, il est important que ce soit un moment de brassage, cela permet de travailler sur les préjugés et de lutter contre la discrimination. » « J’étais en binôme avec Amandine, une bac + 3 issue d’un milieu rural, raconte Teddy Weber, on a beaucoup appris l’un de l’autre, avant elle n’aurait jamais mis un pied dans un quartier. De se confronter pendant neuf mois, ça aide à mieux vivre ensemble. »
Convaincue du bien-fondé du Service civique et de ses nombreuses vertus, Marie Trellu-Kane fait partie de ses imprescriptibles défenseuses et porte-drapeaux : « L’enjeu sociologique, écologique, humain est tel, et puis il y a tant à faire, il faudrait que cela devienne naturel que les jeunes consacrent un temps de leur vie à aider les autres. »
-
Notes
1. Association à but non lucratif, indépendante et laïque, créée en 1994 afin d’organiser et de promouvoir l’idée d’un Service civique en France.
2. Fondée en 1992, cette association œuvre dans le domaine de l’accompagnement individualisé, un projet qui réunit un étudiant et un enfant, dans une approche d’éducation non formelle.

__________

REPERES

Service civique mode d’emploi

Le Service civique (loi du 10 mars 2010) est un engagement volontaire. Il permet à tous les jeunes qui le souhaitent de s’investir dans des missions d’intérêt général pour une durée de six à neuf mois au moins 24 heures par semaine. Il est dédié aux jeunes de 16 à 25 ans. Les volontaires perçoivent une indemnité de 559 e mensuels (dont 103 financés par l’organisme d’accueil) et se voit reconnaître une protection sociale complète (maladie, retraite, etc.). Une année de Service civique ouvre les mêmes droits à la retraite qu’une année de travail.  L’engagement du volontaire s’effectue au sein d’un organisme agréé pour deux ans par l’Agence du Service civique. Il peut s’agir d’une association, d’une fondation reconnue d’utilité publique, d’un établissement ou d’un service public, d’une collectivité locale. L’organisme doit veiller à la diversité des profils des jeunes qu’il accueille. Il doit désigner un tuteur et dispenser une formation civique et citoyenne au volontaire et l’accompagner dans l’élaboration de son projet d’avenir.

À l’issue de sa mission, le volontaire reçoit une attestation de Service civique ainsi qu’un document qui décrit les activités exercées, ses aptitudes, les connaissances et les compétences acquises.

__________

INTERVIEW
Jean-Benoît Dujol directeur de l’Agence du service civique

Après deux ans d’existence, quel bilan tirez-vous du service civique ?

Depuis 2010, la dynamique instituée par le service civil a changé d’échelle. On est passé de 300 jeunes au lancement du service civil à 6 000 jeunes en 2010, puis à 15 000 en 2011. Pour 2012, nous nous sommes fixé un nouvel objectif : de 25 000 volontaires, il pourrait être 75 000 en 2014. À terme on vise 15 % de la classe d’âge soit 100 000 jeunes âgés de 16 à 25 ans par an. L’idée c’est que tout le monde connaisse au moins quelqu’un qui a fait le service civique. On a un retour très favorable malgré le scepticisme initial. On recense 140 000 jeunes inscrits sur notre site à la recherche d’informations. On constate que les volontaires sont rarement des mineurs, ils ont plutôt 21 ans. Nous avons surtout des filles qui sont plus présentes, plus volontaires (57 % des volontaires en 2011). Nous avons une grande diversité de profils, de niveau de formation, de localisation géographique, des jeunes de tous les milieux. Les candidats pourvus du bac sont surreprésentés par rapport aux infra-bac. Nous veillons à ce qu’il n’y ait pas de discriminations lors du recrutement.

Mot-clé:,

Pas de commentaires pour le moment.

Donnez votre avis