EDUCATION

Grand témoin « Evaluation » : André Antibi

André Antibi, 67 ans, est professeur émérite de mathématiques à l’université Paul Sabatier de Toulouse. Il enseigne aussi à l’école d’ingénieurs Sup-Aéro. Chercheur en sciences de l’éducation, il a dirigé l’Institut de recherche pour l’enseignement des mathématiques (IREM) et supervise une collection de livres scolaires de l’éditeur Nathan. Il est l’auteur de « La constante macabre » (2003), « Comment supprimer la constante macabre » (2007) et « 50 paradoxes de l’enseignement, pour en rire ou en pleurer » (2011), éditions Math’Adore Nathan.
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Depuis 1988, vous dénoncez les dérives de l’évaluation. Comment est né ce combat ?
André Antibi – On sait depuis longtemps que les enseignants adaptent inconsciemment leur façon de noter, qu’ils modifient la longueur des sujets, jouent sur les barèmes ou s’interdisent de poser des question trop faciles de manière à ce que des élèves réussissent et que d’autres échouent. C’est ce que j’appelle la constante macabre. Pendant longtemps, on a pensé que cette situation était normale. En 1988, je me suis rendu compte que c’était au contraire une injustice et j’ai voulu y mettre fin.
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Quelles sont les conséquences de cette constante macabre ?
Cette tradition ancrée profondément engendre une perte de confiance et une grande souffrance chez les élèves en échec. Quant au professeur, il passe à leurs yeux pour celui qui cherche à les piéger plutôt qu’à les évaluer. En France, l’apprentissage est d’une très bonne qualité. Malheureusement, l’évaluation des compétences est déplorable.
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A la place, vous prônez une évaluation par contrat de confiance (EPCC).
Je propose que l’enseignant avertisse systématiquement ses élèves de la date et du contenu du contrôle et réponde à toutes leurs interrogations avant le jour J. Le sujet, quant à lui, doit strictement coller au programme. Seule une ou deux questions plus larges sont posées. Il ne doit pas y avoir de question piège.
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Avec l’EPCC, les notes sont-elles conservées ?
Je suis extrêmement favorable aux notes, mais pas sous leur forme actuelle. Avec l’EPCC, elles sont beaucoup plus justes et représentent mieux la valeur des élèves. Les résultats de nos tests le montrent clairement. La constante macabre est supprimée, les élèves travaillent plus en classe et une relation de confiance s’établit entre les élèves, leurs parents et les enseignants.
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Où en êtes vous de votre combat ?
L’existence de la constante macabre est désormais acceptée à tous les niveaux, chez les chercheurs, les enseignants et dans les cabinets ministériels. Le fait que le ministre de l’Education nationale exprime sa volonté de s’y attaquer me donne l’espoir de voir l’EPCC généralisée.

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André Antibi, votre avis sur…

 

… le niveau des élèves

Il est faux de dire qu’il a tendance à baisser. Les élèves sont certainement moins bons qu’avant en orthographe, mais ils sont meilleurs dans d’autres domaines et abordent des sujets qui n’existaient pas. Les priorités ont évolué. L’enseignement aussi.

… le programme scolaire

Le système éducatif français est très bon, mais les programmes doivent nécessairement évoluer en même temps que la société. Il y a un débat à avoir sur l’évolution des contenus et sur les priorités à donner à l’enseignement.

… la formation des enseignants

Elle va globalement dans le bon sens. Je suis d’ailleurs complètement favorable au maintien des IUFM, même si tout n’est pas parfait. Car enseigner n’est pas inné. C’est un métier qui s’apprend.

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Pour en savoir plus sur le combat d’André Antibi

 

Rendez-vous sur le site internet qui présente le Mouvement Contre La Constante Macabre, ainsi que les propositions déposées par André Antibi le 27 Juillet 2012 dans le cadre de la concertation nationale sur l’école.

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Réponse - “Grand témoin « Evaluation » : André Antibi”

  1. Le 22 décembre 2020 à 17 h 06 min RODRIGUEZ MARIE ROSE a écrit #

    JE NE DIRAIS RIEBµN CONTRE LES PROFESSEURS ILS SONTS LA POUR ENSEIGNER MAIS POUR CE QUI CONCERNE LEURS ELEVES C EST AUTRE CHOSE INDISIPLINER AU PLUS HAUT POINT NE VOULANT REIN APRRENDE JE REGRETTE QUE LEURS PARENTS NE COMPRENNENT REIN A L EDUCATION DE LEURS ENFANTS JE SERAIS TOUJOURS DU COTE PROFESSEUR ONT NE PEUT RIEN Y CHANGER C EST DE NOS JOURS COMME CELA
    MERCI MONSIEUR ANDRE ANTTIBI !!!! MERCI A VOUS!

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