EDUCATION

EDUCATION – Pédagogie : le point sur la surveillance des élèves

D’une classe à l’autre, les enfants apprennent les règles propres à leur nouvel environnement. Parmi elles, celles liées à leur sécurité. Comment évoluent ces règles de surveillance destinées à protéger les enfants tout en permettant leur apprentissage de l’autonomie ? D’une classe à l’autre, les enfants apprennent les règles propres à leur nouvel environnement. Parmi elles, celles liées à leur sécurité. Comment évoluent ces règles de surveillance destinées à protéger les enfants tout en permettant leur apprentissage de l’autonomie ?

Le principe réglementaire est simple : « L’institution scolaire assume la responsabilité des élèves qui lui sont confiés du moment où ils arrivent dans l’établissement, à celui où ils le quittent, selon Gilles Gustau, directeur des établissements du rectorat de l’académie de Montpellier. Dans les textes réglementaires, il est prévu que l’accueil se fasse dix minutes avant le début des cours, à ce moment précis, les élèves sont pris en charge par des personnels de l’Éducation nationale. »
« Toute la difficulté consiste à surveiller les entrées et les sorties et à distinguer collégiens et lycéens qui ne bénéficient pas de la même liberté de circulation », souligne Jean-Claude Narci, proviseur du lycée Joffre de Montpellier (une cité scolaire qui comprend un collège, un lycée et des classes préparatoires aux grandes écoles). « Sauf avis contraire des parents, les lycéens peuvent ainsi disposer de leur temps libre et sortir de l’établissement à leur guise à condition, bien sûr, de revenir à temps pour assister à leurs cours. »
Au lycée, le problème n’est donc plus tant la sortie que l’absence de l’élève. « Le collège est régi par un grand principe qui est celui de l’obligation scolaire, rappelle Daniel Gillard, inspecteur de l’Education nationale (IEN) adjoint à l’inspection d’académie de Bordeaux. Celle-ci s’applique de 6 à 16 ans, au-delà, l’élève a de plus en plus d’autonomie. »

Vigilance à l’égard de l’extérieur
De même, pendant les interclasses, les récréations, les sorties scolaires et pendant la pause méridienne, l’Éducation nationale est tenue d’assurer la sécurité des élèves. « En cas de problème avéré, l’État se porte garant pour ses personnels, comme l’indiquent les textes du code de l’éducation », souligne Gilles Gustau.
Ensuite, c’est le règlement intérieur qui décline les conditions spécifiques propres à chaque établissement : heures d’ouverture, de fermeture et de la pause déjeuner, des récréations, etc. Au lycée Joffre, les élèves disposent d’un carnet de correspondance pour les collégiens et d’une carte de lycéens pour leurs aînés, ce afin de réguler les entrées et les sorties. « Tous les établissements se doivent d’exercer cette vigilance, note Gilles Gustau, afin d’empêcher les intrusions extérieures. » « Des surveillants contrôlent en permanence les entrées et les sorties aux deux portails de la cité scolaire, insiste Jean-Claude Narci, ce qui permet d’assurer une sécurité optimale au sein de l’établissement. »
Contrôle des absences
« L’état d’esprit global au lycée est qu’il est indispensable d’organiser et de responsabiliser les élèves qui sont en voie d’apprentissage de l’autonomie, or cela passe notamment par la compréhension de ces règles », affirme Daniel Gillard.
Au collège, la liberté des élèves s’amenuise puisque la règle est la même qu’au primaire : quand les élèves ne sont pas en classe, ils doivent être gardés. Toutefois, sous réserve d’autorisation préalable des parents, ils peuvent être autorisés à quitter l’établissement dans certains cas précis (absence d’un professeur ou interruption des cours). Mais uniquement si l’élève n’a plus cours après cette heure vacante.
En cas d’absence, bon nombre d’établissements se sont pourvus d’un arsenal de détection et d’alerte des parents de plus en plus sophistiqué et souvent « en temps réel ». « Dès 8 h du matin, les parents sont informés par téléphone, se félicite Jean-Claude Narci. En outre, nous expérimentons actuellement un système de saisie des absences sur Internet par les enseignants en début de cours avec envoi de message automatique ou de sms. »

Sécurité renforcée en primaire
Dans le 1er degré et, dans une moindre mesure, au collège, le signalement des absences relève d’un enjeu de sécurité jugé autrement plus grave qu’au lycée. Si l’enfant n’est pas à l’école, il faut impérativement savoir où il se trouve. « L’alerte sms est très utilisée à Bordeaux comme un peu partout en France, remarque Daniel Gillard, mais moins dans le primaire où les liens avec les familles sont plus directs et où les parents sont souvent directement appelés. » Le niveau de sécurité monte considérablement. « C’est aux enseignants qu’il revient d’accompagner les enfants jusqu’à la sortie. En maternelle, ils n’ont pas le droit de les laisser partir seuls mais doivent soit les confier à leurs parents, soit à une personne dûment autorisée. » Ce qui s’explique par la vulnérabilité du public concerné. « En cours élémentaire, les enfants peuvent être autorisés à rentrer seuls chez eux. On considère qu’ils sont capables de dire quand ils ne connaissent pas telle ou telle personne, en maternelle c’est plus difficile », reconnaît Daniel Gillard.
Et pour garantir au mieux la sécurité des plus petits, les écoles du premier degré, qui relèvent de la responsabilité des communes (voir encadré), ont tout prévu. Ainsi à Vannes, la mairie organise le fonctionnement du service de prise en charge des enfants dès la maternelle et jusqu’au CM2 pendant tous les temps périscolaires, comme l’explique Latifa Bakhtous, adjointe au maire de Vannes, chargée de l’enseignement, de la réussite éducative et des affaires scolaires. « Nous intervenons le matin avant l’école, pendant la pause méridienne et après l’école. » « Nous proposons des activités structurées avec un double objectif social et éducatif. » Celles-ci tournent autour du sport, du jeu, de la culture, « avec un échange, une prise en compte et un respect du rythme de l’enfant ». Surtout, « nous travaillons dans un esprit de complémentarité avec l’école et les familles pour que l’enfant se sente à la fois en sécurité et en situation d’autorité », précise Latifa Bakhtous. Un sentiment que n’auront de cesse de faire perdurer, de la maternelle au lycée, tous les personnels au contact des enfants.
CC

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INTERVIEW
Daniel Gillard, IEN adjoint à l’inspection d’académie de Bordeaux

Qu’est-ce qui est prévu pour l’accueil et la sortie des élèves de maternelle?
Règlementairement, les écoles ouvrent leurs portes dix minutes avant l’heure d’entrée en cours et les ferment dix minutes après la fin des cours. Dans le premier degré, de la même façon que les enseignants ne partagent pas la responsabilité de l’enseignement, la surveillance des enfants relève de leur seule responsabilité.

Quels sont les moments les plus propices à la survenue d’incidents ?
Les incidents ont toujours lieu dans le temps de passation, quand les élèves vont à la cantine ou quand ils en reviennent, c’est humain : les surveillants jusqu’alors en charge relâchent leur attention et en face d’eux, les personnels qui prennent le relais sont dans un état de moindre vigilance.
La difficulté consiste à ne pas oublier d’enfants demi-pensionnaires à l’issue des cours de la matinée, aux toilettes notamment, ce qui peut arriver. Les enfants de cet âge peuvent paniquer et avoir des comportements aberrants et imprévisibles. Ce sont les moments les plus complexes à gérer.

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REPERES
Le premier degré : un cas à part

Les écoles publiques ne disposent pas du même statut que les collèges et lycées. Elles sont la propriété des communes, alors que les collèges relèvent du département et les lycées des régions. Ainsi, dans les écoles maternelles et élémentaires, l’organisation de la restauration relève de la commune. Et le service est généralement assuré par le personnel communal. En outre, c’est la commune qui gère les personnels non enseignants tels que les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles, chargés notamment de s’occuper des enfants lors de temps périscolaires et d’assurer leur surveillance.

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L’INFO EN +

Dans le second degré, l’obligation de surveillance est précisée dans la circulaire n° 96-248 du 25 octobre 1996. Cliquez ici pour la lire.

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