EDUCATION

EDUCATION – Pédagogie : le point sur l’accompagnement éducatif après l’école

Prendre en charge les enfants après l’école et leur offrir les conditions d’une scolarité réussie, telle est la – belle – promesse de l’accompagnement éducatif. Mais cinq ans après son lancement, le dispositif et son application ne semblent pas acquis pour tous.


Des cours d’échecs, de golf ou de cuisine à l’école, c’est possible, ça ne grignote pas le programme scolaire ni ne remplace l’aide aux devoirs. Il s’agit d’activités mises en place dans le cadre de l’accompagnement éducatif après l’école. Un dispositif lancé en 2007 par Xavier Darcos dans les collèges de l’éducation prioritaire – puis étendu à tout le second degré ainsi qu’aux écoles élémentaires de l’éducation prioritaire – qui vise à contribuer à l’égalité des chances. Une passerelle entre l’école et la famille pour travailler ses leçons, pratiquer un sport ou une langue étrangère à l’oral, ou encore pour découvrir une activité artistique. « C’est un bon outil de lutte contre le décrochage scolaire. Cela nous permet de privilégier davantage le dialogue que lors des temps de classe », témoigne Bertrand, professeur d’EPS dans le 19e arrondissement de Paris.
Comme lui, ce sont majoritairement des enseignants volontaires qui encadrent ces activités (71 % en élémentaire et 61 % au collège). D’après le ministère de l’Education nationale, l’aide aux devoirs est le projet le plus étendu avec plus de 60 % d’écoles et de collèges impliqués dans cette démarche. Si les exemples de dispositifs réussis ne manquent pas, on doit malheureusement pointer des manques. Et difficile de savoir à qui attribuer la faute.

Des paramètres variables
A la cité scolaire Villon dans le 14e arrondissement de Paris, les 540 élèves (répartis sur 27 classes dont trois non francophones) se voient proposer de nombreux ateliers. La partie culturelle est variée avec des activités chorale, orchestre, cinéma, théâtre, ciné-club et arts plastiques. De la boxe, du tennis, de la natation et du self-defense pour le sport. Du soutien en anglais et espagnol pour l’axe linguistique. Et bien entendu, l’aide aux devoirs. Bien que le quartier ne manque pas de structures associatives pour accompagner les enfants dans leurs leçons ou dans une activité extra-scolaire, certains ateliers du collège les attirent en nombre.
Les atouts du collège : la gratuité, pas ou peu de déplacement, des groupes de camarades parfois déjà formés et la présence dans l’établissement de certains intervenants à tout moment. Par exemple, c’est un assistant d’éducation qui anime le ciné-club et en cas de questions en dehors de l’atelier, il est facile de le trouver. En outre, l’accompagnement éducatif permet aux élèves non francophones du collège d’améliorer leur pratique du français, une démarche encouragée par leurs enseignants.
Pour se mettre correctement en place, les établissements porteurs de projets doivent donc jongler avec différents paramètres : l’offre locale déjà existante, l’implication des enseignants ou intervenants et le volontariat des élèves. L’objectif final est peut-être parfois difficile à atteindre pour certains, à savoir créer des groupes homogènes et non surchargés afin de satisfaire les besoins de tous.

Une mise en œuvre conjointe
Pour financer ces activités périscolaires, un budget est prévu grâce au soutien du Centre national pour le développement du sport (CNDS) et par la mise en cohérence des dispositifs d’accompagnement à la scolarité et des programmes de réussite éducative. Or, il se murmure depuis deux ans que les enveloppes budgétaires seraient moins épaisses qu’auparavant. A tel point que certaines municipalités mettraient la main à la poche pour maintenir les projets, comme à Villetaneuse (Seine-Saint-Denis) en 2010 par exemple. Mais d’autres seraient contraintes de les supprimer faute de crédits suffisants.

Cohérence locale
Autre possible défaillance du système : la lisibilité de l’offre, dense à certains endroits et inexistante à d’autres. En juillet dernier, lors de la première journée académique de l’accompagnement éducatif, l’académie de Rouen présentait la situation de la commune de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) où huit établissements sur neuf relèvent de l’éducation prioritaire. Pour simplifier l’offre et assurer une cohérence locale, une convention a été signée entre ces écoles, les familles et les acteurs locaux. Le but : créer des espaces éducatifs partagés pour l’ensemble des élèves de la commune. Les procédures d’inscription sont prises en charge par un guichet unique, à la mairie et la gratuité du service est maintenue, exceptée une participation pour le goûter, calculée sur le coefficient familial.
En effet, la circulaire de 2008 du ministre Xavier Darcos insiste sur cette notion de « cohérence locale », mais aussi sur celle de « pilotage départemental ». Pour assurer l’équilibre, il revient notamment à l’inspecteur d’académie de valider les projets et de les coordonner à l’échelle de sa circonscription. La réussite de la mise en place du dispositif est donc concrètement l’affaire de tous les partenaires.
AJ

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INTERVIEW
Marie-Françoise Rohé, adjointe à l’inspecteur d’académie du Val-de-Marne, pour l’enseignement élémentaire et pré-élémentaire

De quelle façon est géré l’accompagnement éducatif après l’école ?
Au niveau du département, nous effectuons un suivi : effectif pris en charge, nature des activités, répartition des élèves dans les ateliers et, bien entendu, suivi financier. Quant aux établissements, il leur revient de faire des choix. Ces ateliers ayant lieu hors temps scolaire, ils doivent être en complémentarité avec ce qui existe déjà dans la commune. Pour le second degré, les projets doivent également être en correspondance avec le projet de l’établissement.

Comment se présente le dispositif en Val-de-Marne ?
L’accompagnement éducatif est mis en place dans 60 écoles et tous les collèges val-de-marnais. L’accompagnement éducatif est stable avec une impulsion sur l’aide au travail scolaire, notamment en ce qui concerne la méthodologie.

Jugez-vous cet accompagnement efficace ?
Pour les élèves, il peut s’agir d’activités d’ouverture sur des champs non explorés ou d’un renforcement des apprentissages dans la continuité de la journée. Pour être efficace, cette offre doit donc s’articuler afin d’obtenir une réelle complémentarité.

Existe-t-il des inégalités territoriales ?
On ne peut pas parler exactement d’inégalités car l’accompagnement éducatif, dans le 1er degré, est un dispositif qui s’adresse à l’origine aux territoires situés dans les zones prioritaires de l’Education nationale (établissements ECLAIR* et réseaux de réussites scolaires). Dans le second degré, la mise en place a eu lieu, un an plus tôt, en tenant compte de cette géographie prioritaire, puis l’année suivante, elle s’est généralisée indépendamment de ce critère. La décision de généraliser l’offre à toutes les écoles élémentaires dépend du ministère et nous n’avons pas d’indication à ce niveau.

* Pour en savoir plus sur les établissements « ECLAIR » reportez-vous à l’article que nous avons consacré à ce sujet dans le numéro 368 de La Voix des Parents.

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REPERES
Les règles du dispositif

Qui : Depuis 2008, l’accompagnement éducatif concerne toutes les écoles élémentaires situées en zone prioritaire et tous les collèges publics et privés sous contrat. Dans le second degré, la priorité est accordée aux élèves de 6e afin de favoriser leur intégration.
Quand : Le dispositif a cours toute l’année, à raison de modules de deux heures – de préférence après la classe – quatre jours par semaine.
Quoi : Aide aux devoirs, pratique sportive, pratiques artistique et culturelle, renforcement de la pratique orale des langues étrangères.
Encadrement : Enseignements volontaires, assistants d’éducation, pédagogiques, de langues, intervenants d’associations agréées, artistes et étudiants disposant des compétences requises.

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TEMOIGNAGE
Florence Weissler, principale adjointe de la cité scolaire François Villon à Paris (14e)

« L’an dernier, nous avons souffert d’un manque de visibilité de notre offre, seuls 10 à 15 % d’élèves étaient alors inscrits. Pour la rentrée 2011, nous avons alors édité une documentation précise à l’attention des élèves et des parents. Au retour des dernières vacances de la Toussaint, nous étions en progression avec environ 30 % de retour. A cette période, qui correspond à celle des conseils de classe, nous effectuons une relance lors de la rencontre avec les parents d’élèves. En effet, certains ateliers peuvent être pris en cours d’année. C’est un énorme chantier, mais c’est un bon outil de dialogue et de réussite individuelle. L’an prochain, pour optimiser le succès du dispositif, nous envisageons de décaler les inscriptions après ce conseil du premier trimestre. »

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