la Voix des Parents 408

(autisme notamment), qui ont plus de mal à obtenir un PPS. Pour tous, les difficultés débu- tent dès la maternelle, et ne font que croître au fil des années. « L’entrée dans le secon- daire est souvent très difficile, explique Fadila Nasri. En primaire, l’enfant n’a qu’un ensei- gnant, avec qui il est plus facile de travailler, contre plusieurs professeurs, d’implication iné- gale, au collège et au lycée. S’ajoutent à cela des problématiques d’ordre relationnel avec leurs camarades. » D’après une enquête flash du Défenseur des Enfants de mai 2019, 60 % des enfants « dys » ont subi des violences à l’école, dont 34 % des violences physiques. Pour ceux qui ne peuvent être scolarisés dans une classe ordinaire en inclusion individuelle, l’intégration d’une classe spécialisée, voire d’un IME ou d’un ITEP, peut être la solution. A condition, toutefois, de résider dans un « bon » département. « Les inégalités territoriales sont réelles, commente Pierre Baligand. Concernant par exemple les ULIS, leur nom- bre par département est laissé à l’apprécia- tion des Inspecteurs d’académie. L’annonce de l’ouverture de 30 unités d’enseignement en maternelle (UEMA) et de 10 unités d’ensei- gnement en élémentaire (UEEA) pour enfants autistes est l’une des rares mesures obligatoires fixées par le ministère pour 2019. » Autre problématique : le manque d’ULIS spéci- fiques pour des élèves n’ayant pas leur place dans une ULIS TFC (troubles des fonctions cog- nitives ou mentales) trop marquée par le retard intellectuel : notamment les ULIS TSLA (troubles spécifiques du langage et des apprentissages) et les ULIS TED (troubles enva- hissants du développement, dont l'autisme). gnants, au travers notamment de la plateforme Cap École inclusive (également accessi- ble aux AESH). Outre des res- sources pédagogiques, elle leur permettra de contacter des enseignants ressources pour les accompagner dans la mise en place d’aménage- ments, notamment pour les élèves avec des troubles du spectre de l'autisme (TSA). Une innovation qui laisse sceptique Laetitia Branciard : « Les ensei- gnants me disent qu’ils n’arri- vent pas à trouver de l’infor- mation en ligne facilement, que ce dont ils ont le plus besoin, ce sont des mises en situation de terrain » , objecte- t-elle. Une dizaine d’heures de formation sont instituées, dans le 1 er comme le 2 nd degré. Manque de places persistant Enfin, depuis la rentrée 2019, les parents peuvent aussi faire appel à la cellule départe- mentale d’écoute des familles. Le ministère promet une réponse sous 24 heures. Et les appels risquent d’être fréquents. Car, au-delà de ces aménagements logistiques, de nom- breux problèmes de fond demeurent. Surtout pour les élèves souffrant de handicaps dits « invisibles » (troubles des apprentissages et du comportement) et de déficience mentale numéro 408 - Novembre-décembre 2019 - www.peep.asso.fr 24 Grâce aux associations, des élèves sont sensibili- sés aux questions de handicap qui peuvent concerner certains de leurs camarades ; comme ici une séquence dans le Cher, animée par Jacques Biringer, délégué national du Pôle Jeunesse, éducation, scolarité, petite enfance de la Fédération APAJH (lire l’interview de son prési- dent, Jean-Louis Garcia, page 26). « Notre fils Paul, aujourd’hui âgé de 18 ans, est atteint de troubles dys multiples. Depuis la maternelle, cela a été un combat pour lui assurer une scolarité normale. Arrivé en CP, l’enseignante référente de l’école m’a aidée pour monter le dossier MDPH et demander les aménagements nécessaires : ordinateur, tiers-temps, scanner de poche… Mais notre demande d’AVS a été refusée, sous prétexte que Paul n’en avait pas besoin. En 6 e , en dépit de l’acceptation par la MDPH, nous avons eu du mal à imposer l’ordinateur. Les enseignants craignaient que Paul triche, ne savaient pas comment gérer ce matériel… C’est l’ergothérapeute qui a été notre carte maîtresse, en venant au collège pour les accompagner. En seconde, les difficultés relationnelles avec les enseignants ont encore augmenté, mais les aménagements ont suivi. Au lycée, Paul bénéficiait d’un tiers-temps et rendait toutes ses évaluations sur clés USB. Il a passé son bac L l’année dernière, et est actuellement en fac d’histoire, en attendant d’intégrer une école militaire. Nous revenons de loin, mais toutes les familles n’ont pas eu notre chance. » « Un parcours du combattant, de la maternelle au bac » Fatiha Janier, Saint-Priest (Rhône-Alpes) DOSSIER INCLUSION SCOLAIRE : ENCORE TROP D’ENFANTS HANDICAPÉS LAISSÉS POUR COMPTE Apajh

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