VDP 407

Le trouble hyperactif, ou TDAH, toucherait un enfant sur 20. Il peut causer de grandes souffrances chez ceux peinant à contrôler leur corps et leur attention. Mais, s’il est bien pris en charge, les perspectives sont très positives. MAGAZINE SANTÉ numéro 407 - Août-septembre-octobre 2019 - www.peep.asso.fr 30 T ous les enfants sont-ils hyperactifs ? Non, bien évidemment ! « Il y a un effet de mode, mais il n’y a pas plus d’enfants hyperactifs qu’avant » , certifie Nathalie Franc, pé- dopsychiatre au CHRU de Montpellier. « Il ne faut pas confondre l’ébullition socié- tale et l’hyperactivité » , sourit la pédop- sychiatre Marie-France Le Heuzey, au- teure de « L’enfant hyperactif » (éd. Odile Jacob). L’hyperactivité, également appelé TDAH (trouble déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité) est un trouble de dé- veloppement du cerveau, de la même catégorie que l’autisme. Il toucherait près d’un enfant sur 20, avec une prédomi- nance de garçons diagnostiqués. Il se manifeste par divers symptômes. « No- tamment l’inattention, la difficulté à se concentrer, à aller au bout des choses » , décrit le Dr Franc. « L’enfant n’arrive pas à se fixer sur une tâche, une conversation, un jeu, complète le Dr Le Heuzey. Il zappe d’une activité à l’autre. » Cela peut s’accompagner d’une agitation physi- que. « Ce n’est pas forcément spectacu- laire, nuance Nathalie Franc. L’enfant peut avoir du mal à tenir en place, tortiller sur sa chaise, parler fort… » Enfin, elle ajoute que certains patients présentent « une impulsivité, la difficulté à prendre son temps, la tendance à se précipiter, couper la parole, parler sans lever le doigt... » La solution : la psycho-éducation Mais on ne parle de trouble que lorsque ces symptômes empoisonnent la vie. « À l’hôpital, nous recevons des enfants qui souffrent, précise Nathalie Franc. Ils sont en échec dans tous les domaines de leur vie, malgré leurs capacités. Ils sont isolés, se sentent très dévalorisés. À la maison, les parents s’épuisent à répéter les choses 50 fois, à punir. » Si l’on a un doute, il faut en parler à son médecin traitant. À partir de 6 ans, l’en- fant peut rencontrer un pédopsychiatre ou un neuropédiatre. Mais la solution passe surtout par la « psycho-éduca- tion ». « S’informer, mettre en place des stratégies pour aider l’enfant à la maison et à l’école » , explicite le Dr Le Heuzey. « Il faut arrêter de penser que l’enfant fait exprès, qu’il provoque, qu’il est fainéant, et au contraire l’encourager et le valori- ser » , ajoute Nathalie Franc. « Cet ac- compagnement représente 90 % du trai- tement, note Marie-France Le Heuzey. Il peut changer la vie des familles. » « Seulement en dernier recours » , une mo- lécule psychostimulante et très contrôlée, le méthylphénidate, pourra aider à être « plus attentif, plus éveillé, moins agité » , selon les médecins. Dans tous les cas, inutile de culpabiliser : les causes, incertaines et multiples, ne sont pas liées à l’éducation. Par contre, il est important de réagir, pour éviter une ado- lescence très difficile. Bien accompagné, un enfant verra ses symptômes s’estomper. Le Dr Le Heuzey connaît des centaines de TDAH bacheliers, « qui ont fait des études et s’épanouissent dans leur vie » . Être hy- peractif n’a donc rien d’une fatalité ! n Nathalie Franc, pédopsychiatre au CHRU de Montpellier, auteur de « 100 questions-réponses, l’hyperactivité de l’enfant » (éd. Ellipses) Vers qui se tourner si l’on s’inquiète pour son enfant ? L’Éducation nationale et beaucoup de médecins connaissent mal ce trouble. Les parents peuvent contacter l’association Hypersupers TDAH France, qui recense des professionnels bien formés, à même de poser un diagnostic. Faut-il prendre des médicaments à tout prix ? La plus grande partie de la prise en charge, c’est la psycho- éducation, l’accompagnement. Dans un second temps seulement, on envisage les médicaments. Cela se prescrit à l’hôpital, et il faut que le bénéfice soit réel et conséquent. Les parents ont tendance à culpabiliser… Mais ce n’est pas une histoire d’éducation ! Il y a des facteurs génétiques, des causes multiples. Par contre, ils ont un rôle actif à jouer pour aider leurs enfants à aller mieux. « Les parents ont un rôle actif à jouer » Hyperactivité : quand tout va trop vite

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