VDP 407

numéro 407 - Août-septembre-octobre 2019 - www.peep.asso.fr 14 donc réfléchir à développer la formation continue. » Ce sera au moins le cas pour les admis externes : désormais, ils bénéfi- cieront d’une vraie année de prépara- tion à mi-temps ! L’occasion de se pencher sur la demande récurrente de formation en gestion de classe. « Les modules compor- tement, conflits, gestion de classe, sont les plus demandés, annonce Brigitte Marin. Mais ils ne sont pas forcément dis- ponibles… » Elle y voit une « priorité pour l’avenir ». « On ne peut pas enseigner si on ne gère pas bien la classe ! Il faut développer les outils psychologiques et sociologiques. Comprendre les mécanis- mes selon l’âge, ce qui va heurter les enfants et adolescents, car ce n’est pas forcément une évidence. S’appuyer sur l’expérience de terrain. » Même si le sujet n’est pas simple. « C’est compliqué à aborder en formation ini- tiale, témoigne Richard Wittorski. Quel est le bon moment ? Si on évoque la ques- tion de l’élève agressif avant que l’ensei- gnant soit sur le terrain, on la vit de façon abstraite. Il faut attendre que les gens soient face aux classes pour vivre et ana- lyser la situation avec eux. » C’est le prin- cipe d’une formation continue ! Tous nos contacts partagent un souhait : que les formations répondent aux besoins réellement exprimés… « Il faut développer les remontées de terrain, espère Richard Wittorski. Comme l’entre- tien annuel dans le privé, le rendez-vous de carrière des professeurs pourrait être l’occasion d’évoquer les besoins en for- mation. » De nouveaux apprentis profs Surprise de la réforme : à la rentrée 2019, des « milliers d’étudiants volontaires » seront recrutés dès la 2 e année de licence pour intervenir dans les classes. L’occasion de tester sa vocation en découvrant très tôt la réalité. « C’est plutôt pas mal, sourit Richard EDUCATION ZOOM En 2018, 11 000 nouveaux enseignants ont obtenu un poste en primaire, ce qui a permis de couvrir l’ensemble des besoins (notamment pour assurer le dédoublement des clas- ses de CP et CE1 – lire notre dossier « Nouveautés de la rentrée »). ture, l’écriture, le calcul, le raisonnement, pointe Brigitte Marin. Si l’on veut déve- lopper l’esprit critique des élèves, ils doi- vent savoir bien lire, écrire et compter… Ce n’est pas rétrograde d’y voir une prio- rité ! » Richard Wittorski est plus nuancé, crai- gnant l’écueil de la « standardisation ». « Les réalités sont différentes et la popula- tion scolaire n’est pas la même selon les régions. Il semble y avoir une pertinence à s’adapter aux contextes locaux… » D’autant qu’il signale que les conditions actuelles de formation au sein des Espé ne permettent déjà pas d’aller au fond des sujets. « On veut être dans une logi- que d’accompagnement, de profes- sionnalisation. Comment faire quand on a un groupe de 300 étudiants pour le premier degré ? Difficile de faire de l’indi- vidualisation : on est obligé de standardi- ser la formation… » Enfin une formation continue ? Le projet intègre également un « plan pluriannuel » de formation continue. L’objectif : assurer un « continuum » d’accompagnement entre formation et carrière. « Le début de carrière est tou- jours difficile, on a besoin d’accompa- gnement » , confirme Pierre Périer. Il pro- pose ainsi que pendant les premières années d’exercice, des référents restent à disposition du jeune prof, pour écouter et conseiller. Brigitte Marin appuie sur la situation post-concours : « Avec la réforme, les 2 e année en Inspé ne passe- ront plus qu’un tiers du temps en classe, contre 50 % actuellement. Il faut Chiffres-clés • En 2018, 187 000 personnes ont tenté un concours de recrutement pour devenir professeur dans l’enseignement public. • Près de 11 000 ont obtenu un poste dans le premier degré (maternelle, élémentaire), ce qui a permis de couvrir l’ensemble des besoins. • Près de 12 000 ont obtenu un poste dans le second degré (collège, lycée). Les besoins sont pourvus, sauf dans certaines matières : lettres classiques, allemand, mathémati- ques… • En 2018-2019, les Espé comptaient 65 600 étu- diants. Ils représentaient 60 % des admis pour le premier degré, mais seulement 40 % des admis pour le second degré. • Dans le public, près de 10 % des professeurs du second degré ne sont pas titulaires (remplaçants, vacataires…).

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