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numéro 407 - Août-septembre-octobre 2019 - www.peep.asso.fr 12 Dès lors, il faut bien sélectionner. Le pro- blème, c’est que le concours est placé « à la plus mauvaise place » , tranche Brigitte Marin, présidente du réseau national des Espé. Au milieu de la pre- mière année de master, il ne laisse pas le temps, même au sein des Espé, de maî- triser les questions pédagogiques. Logique, donc, qu’il soit plus orienté sur les connaissances. « Actuellement, en Espé, tout se joue en six mois, analyse le sociologue Pierre Périer, qui a longue- ment étudié le début de carrière des professeurs. Les étudiants entrent en sep- tembre et passent le concours en mars. On se concentre uniquement sur cette échéance. Cela ferait presque oublier ce à quoi les étudiants se préparent réel- lement : enseigner en classe ! » La réforme propose de retarder d’un an le passage du concours, en fin de Master 2 (Bac + 5). Une idée qui peut avoir un avantage selon Pierre Périer : « Son passage en Master 2 pourrait per- mettre de desserrer l’étau du calendrier. Rajouter un an apporte plus de temps pour la formation universitaire, la maîtrise des outils, la didactique... » À condition, glisse Richard Wittorski, que les Espé ne deviennent pas de simples « prépas » au concours… « Ce décalage ne doit pas se faire au détriment des savoirs à ensei- gner et de la professionnalisation » , com- plète Pierre Périer. Le réseau national des Le ministère amorce une refonte profonde de la formation des enseignants. Recrutements anticipés, programmes harmonisés, formation continue… Tout pourrait changer dans les prochaines années ! Pour comprendre les enjeux, la Voix des Parents a interrogé plusieurs experts du sujet. C’ est une révolution qui se prépare dans le monde scolaire. Déjà réformée dans les années 2010, lorsque les IUFM ont été remplacés par les Espé (Écoles supérieures du professo- rat et de l’éducation), la formation des enseignants est sur le point d’être totale- ment repensée. Une réponse à des situa- tions complexes : difficultés de recrute- ment dans certaines filières, vacances de postes dans les zones sensibles, soucis de gestion de classe… Le tout, alors que le niveau des élèves français affiché dans les études internationales est loin de faire des étincelles… Le ministre Jean-Michel Blanquer a donc fixé en début d’année un nouveau cap, dans le cadre du projet de loi sur l’école de la confiance. Le plan est ambitieux : nouveau programme, nou- veau concours, accompagnement et formation continue, présélection en facultés… De quoi changer la donne ? Un concours mal placé L’enjeu principal, c’est la professionnali- sation des personnels. Car le métier de prof suppose non seulement de maîtriser sa discipline, mais également l’art de la transmission. Or, le concours actuel privi- légie les connaissances académiques. « On a tendance à recruter des experts d’une discipline » , souligne Richard Wittorski, chercheur en sciences de l’éducation à l’Université de Rouen et ancien directeur de l’Espé de Rouen (2014-2018). Une raison à cela : ce concours est « ouvert ». À côté des étu- diants en Espé, voie royale vers le profes- sorat et le métier de CPE, les « externes », étudiants de tout master universitaire, peuvent tenter leur chance. EDUCATION ZOOM Actuellement, une fois le concours obtenu (passé seulement 6 mois après leur entrée en for- mation), les étudiants deviennent enseignants stagiaires, en charge d’une classe à mi-temps. Quelle réforme pour la for

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