VDP 406

moments de sortie. » « C’est important de se ressourcer, de respirer, appuie Josette Ripoll. Au retour de l’école, prendre le temps d’un goû- ter, avant de se mettre au travail. » Des pauses qui n’ont rien de temps perdu : cela aide à apprendre ! Alterner révisions et faut penser à dépenser ! « On parle d’esprit sain dans un corps sain, reprend-elle. Un ado doit prendre le temps de déconnecter, bouger son corps, faire du sport. » Véronique Gomez, elle, poussait d’ailleurs ses enfants à prendre l’air : « Je pense qu’il ne faut pas réviser tout le temps. C’est bien d’avoir des DOSSIER BAC, BREVET : ÊTRE PRÊT POUR LE JOUR J www.peep.asso.fr - numéro 406 - Mai-juin-juillet 2019 23 Isabelle Pailleau, psychologue du travail et des apprentissages, coauteur de « Keep calm et réussis tes exams » (éd. Eyrolles) Le Bac et le Brevet sont des sources d’angoisse… C’est la même chose pour tous les examens : CAP, BTS… et même pour des adultes qui reprennent des études. Nous sommes dans la société de l’évaluation : on évalue tout le monde, tout le temps. La pression est constante : il faut être parfait, performant. Qu’on soit clair : on ne prépare pas, ou pas assez, les enfants à ces grands examens. On oublie de leur donner des clés sur leur fonctionnement : pourquoi il est important de s’hydrater, s’oxygéner, d’avoir dormi… L’angoisse est partagée par les parents ! On en voit dire « on a eu notre bac », alors que c’est leur enfant qui l’a passé ! Ils contribuent à une pression indirecte. La tension est liée à l’image de l’examen dans la société : le bac est « tellement simple », on le donnerait à « tout le monde ». Dès lors, ceux qui n’obtiennent pas le bac, que sont-ils ? Même pour des personnes d’un certain âge, cet échec peut rester comme une blessure. Quelle posture adopter pour soutenir ses enfants ? Les parents apportent une hygiène de vie affective. Il faut veiller à ce que l’enfant ne s’épuise pas au travail. Lui faire les petits plats qu’il aime bien, être le plus doux et à l’écoute possible, l’inviter à sortir un peu. Les parents qui font réviser les enfants en permanence, ce n’est pas normal. Il faut arrêter de mettre la pression, et plutôt renforcer le sentiment de confiance. Sans tomber dans l’aveuglement : si l’enfant passe 6 heures par jour sur sa console de jeu, on ne va pas l’encourager ! Comment réduire la pression ? Les patients que je rencontre ne savent pas ce qui est attendu d’eux. Ils vont donc à l’abattoir, sans savoir ! Or plus on adapte sa préparation selon l’examen, plus la pression diminue. L’élève doit faire sa partie, réviser, et accepter qu’il n’a pas la main sur les sujets, les évaluateurs. Même ceux qui travaillent peuvent perdre leurs moyens… Le rituel ne met pas dans des conditions favorables : la pièce d’identité, poser ses sacs contre le mur… C’est vrai, de bons élèves échouent aux examens. Mais il faut voir dans quel état ils sont ! Même s’ils ont beaucoup travaillé, le jour de l’examen, certains se rendent compte qu’ils n’ont pas le contrôle. Il se peut que des émotions fortes prennent le dessus. Il est important de les laisser s’exprimer. Accepter ces 5 minutes de panique absolue. Puis les laisser ensuite à côté de soi, et se mettre à travailler. Est-il utile de consulter un psy ? Un enfant qui révise tout le temps, refuse de prendre des pauses, ce n’est pas sain. Ce surinvestissement traduit sans doute un fort sentiment d’anxiété. À l’inverse, un enfant qui ne fait rien du tout, il faut voir ce qui se trame derrière : de la peur, une posture, des addictions… Un psychologue spécialisé en pédagogie peut donner des trucs pour travailler sans s’épuiser et avoir des résultats. L’élève pourra comprendre comment fonctionne sa tête, sa mémoire, connaître son mode d’apprentissage. Et trouver des outils propres qui répondent à ses besoins. Que dire à ceux qui n’ont pas assez révisé ? Cela ne sert à rien d’angoisser ! Autant ne pas paniquer et y aller détendu : peut-être que l’on aura un coup de chance… Pour les parents, inutile de stresser : il faut renvoyer l’enfant vers sa responsabilité. Rappeler qu’il y a un minimum à faire. Le jeune n’est pas un petit de 4 ans. Il doit assumer. « Adapter sa préparation à l’examen ! » (suite page 24)

RkJQdWJsaXNoZXIy MTI2MTY0