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EDUCATION VIE SCOLAIRE (suite page 10) avoisinent le 100 %, le chiffre est bien dif- férent en Corse, par exemple. De même, l’assiduité en petite section reste incom- plète. Certains parents d’élèves considèrent que la scolarité maternelle n’est pas indispensable, au point de retirer l’enfant de l’école pour pouvoir partir en vacan- ces hors saison… Ce genre de procédé ne sera désormais plus toléré. « L’obligation scolaire va augmenter l’as- siduité. Pour certains élèves, l’absen- téisme se comptait en dizaines de jour- nées, chaque année » , commente Laurent Pinel. Maintenant, les parents d’élèves âgés de 3 à 6 ans devront four- nir à l’école une explication justifiée pour chaque retard ou absence. En cas d’ab- sence de justification légitime, l’établisse- ment scolaire est en droit de saisir la jus- tice. Les parents encourent jusqu’à 135 euros d’amende. Inciter les parents à laisser leurs enfants dès 3 ans à l’école chamboulera surtout les organisations personnelles. La propreté en question Des parents s’interrogent éga- lement sur l’impératif de pro- preté de l’enfant, souvent exigé par les écoles. C’est le www.peep.asso.fr - numéro 405 - Mars-avril 2019 9 cas de Karine, dont le fils Ethan, 3 ans en octobre, devra prendre le chemin de l’école dès septembre. « Quand je lui parle de l’école, mon fils n’est pas vraiment rassuré, mais surtout, il est loin d’être propre ! Je me demande donc comment l’école va pouvoir gérer ça. Auparavant, après concertation avec la direction de l’école, on pouvait envisager un autre rythme, à savoir une rentrée repoussée ou une présence en matinée uniquement. Là, nous n’avons plus le choix : Ethan devra assister à des journées entières, malgré des accidents de propreté et malgré son angoisse » , partage Karine. Jusqu’à présent, dans de nombreuses écoles, ils arrivent que les directeurs refusent d'accueillir les enfants qui ne sont pas encore à l'aise avec les toilettes. Maintenant, ils vont devoir s'adapter. D'autant que dans les faits, en importance Boris Cyrulnik, neuropsychiatre Vous avez dirigé les Assises de la Maternelle qui se sont tenues en mars 2018. Quels sont les changements envisagés pour les plus jeunes élèves ? Le premier changement pourrait concerner la formation des professeurs des écoles. Ces derniers ont déjà un très bon niveau, mais leur formation n’est pas adaptée à la petite enfance. On n’y parle pas de la théorie de l’attachement ni de la biologie de l’attachement. Certains ont des maîtrises de linguistique ou d’histoire mais ils n’ont jamais tenu un enfant dans les bras. Ils n’ont donc aucune expérience vécue de ce qu’est un enfant. Il est capital de comprendre la sémiologie comportementale des enfants quand ils pleurent ou quand, au contraire, ils sont trop sages (car cela signifie qu’ils évitent les relations). Les Atsem (agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles, ndlr) sont également très demandeuses de ce type de formation. Leur rôle n’est pas assez reconnu alors qu’il est fondamental puisqu’elles servent de relais entre les familles, les enfants et les professeurs des écoles. Il s’agit donc d’appréhender autrement la relation avec les élèves ? C’est le deuxième point important soulevé lors des Assises de la maternelle, à savoir le ralentissement (des apprentissages, ndlr) qui sécurise les enfants. Les pays du Nord ont adopté une telle conduite. Au bout de plusieurs années d’application, ils n’ont pu que constater les différents progrès : l’ambiance dans les écoles maternelles est grandement améliorée. Il n’y a pas un seul cri ni aucune brutalité relationnelle car les Atsem, les enseignants et même les parents comprennent mieux les enfants. Ils savent comment interagir avec eux. Ces pays observent également une réduction sensible de l’illettrisme et un mieux-être des anciens élèves de maternelle, une fois adolescents. » « Le rôle des Atsem n’est pas assez reconnu alors qu’il est fondamental »

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