VDP 405

www.peep.asso.fr - numéro 405 - Mars-avril 2019 33 MAGAZINE EN FAMILLE hallenges pas si anodins « Si tous les jeunes peuvent potentiellement y prendre part, ces défis attirent surtout les adolescents à la recherche de sensations fortes et qui ont une mauvaise d’image d’eux-mêmes. Dans le fait de diffuser sur les réseaux sociaux des images les montrant en train de réaliser des exploits, ils trouvent un moyen d’exister aux yeux des autres. Plus leurs vidéos génèrent de réactions positives et plus ils se sentent vivre. Le problème, c’est que certains jeunes ont tendance à vouloir aller toujours plus loin et ne parviennent pas à s’arrêter à temps. La lutte contre ce phénomène passe avant tout par la prévention. Il est important que les parents et l’école alertent les adolescents sur les risques qu’ils prennent à relever ce genre de défis. Les inciter à prendre leurs propres décisions sans subir l’influence du groupe est aussi un bon moyen de lutter contre le phénomène d’entraînement. Et si des parents découvrent que leur enfant se met en danger, ils doivent à tout prix éviter de lui tenir un discours moralisateur qui risquerait d’avoir un effet inverse. Le mieux est qu’ils fassent appel à un professionnel. » « Certains jeunes ont tendance à vouloir aller toujours plus loin » Grégory Michel, professeur des universités à Bordeaux et psychologue spécialiste des défis sur Internet, auteur de « La prise de risque à l’adolescence » (éd. Masson) et « La dépendance aux jeux vidéo et à internet » (éd. Dunod) seau de glaçons sur la tête, c’est plutôt amusant. D’autres défis, en revanche, sont moins anodins. Qu’il s’agisse de boire cul-sec une grande quantité d’al- cool, de se jeter dans une rivière gelée (défi « A l’eau ou au resto »), de sauter dans une piscine depuis un balcon (Bal- coning) ou de se filmer en train de dan- ser à côté d’une voiture en marche (In- MyFeelings Challenge), les défis sur Internet ont été à l’origine de nombreu- ses blessures plus ou moins graves. Des Américains ont même été grave- ment brûlés après s’être aspergés de déodorant pendant plusieurs minutes ou après s’être mis le feu sur une partie du corps (Fire challenge). Des jeunes filles ont arrêté de manger pour relever un défi qui consistait à cacher ses hanches derrière une feuille A4 ou pour réussir à avoir le plus grand écart possible entre les cuisses en faisant en sorte que les deux genoux se touchent. Des parents se sont inquiétés après la disparition de leur enfant resté 3 jours sans donner la moin- dre nouvelle, conformément à ce que lui imposait le « 72 heures challenge ». La France n’a pas été épargnée par le phénomène. A Paris, un jeune est mort en se filmant en train de marcher sur le toit d’un métro en mar- che (Train surfing chal- lenge). En Bretagne, un jeune est décédé en sautant dans l’eau avec son vélo après avoir tenté de relever le défi « A l’eau ou au resto ». Le deux-roues, attaché à sa jambe, l’avait en- traîné au fond de la ri- vière. Et à Saint-Omer (62), en mars dernier, une collégienne a été sauvée in extremis alors qu’elle tentait de se pendre conformément au dernier défi du BlueWhaleChallenge. Un phénomène nourri par les réseaux sociaux Ces défis ne sont pas nou- veaux. Ils sont en fait la version 2.0 des jeux du type « Cap ou pas cap ». Depuis des décennies, les adolescents s’y adon- (suite page 34)

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