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Grand Témoin Saphia Guereschi, secrétaire générale du SNICS-FSU Comment le sujet de la santé des élèves a-t-il évolué au cours de ces dernières années ? En 2013, lors des travaux sur la loi de refondation de l’école, l’Education nationale s’est intéressée au sujet de la santé à l’école. Ses travaux ont abouti à des textes adoptés en novembre 2015, qui définissent la politique de santé à l’école. Cette dernière est présentée comme une mission de l’Education nationale avec toute une politique chapeau, mais aussi des projets de santé par niveau académique et par éta- blissement, avec une évaluation de la santé des élèves et la prise en compte du parcours scolaire. Le parcours éducatif de santé a ensuite été formalisé l’année suivante. Il y a donc eu toute une cohorte de textes qui encadrent ce qu’on appelle la politique de santé à l’école. C’est le concept que nous aimons défendre au sein du Snics-FSU. Les infirmiers scolaires sont au service de la réussite scolaire avant tout et c’est ce qui est affirmé dans les textes de 2015. Pourtant, il semble y avoir de nouvelles perspectives… Le gouvernement actuel a annoncé vouloir intégrer la méde- cine scolaire dans le cadre de la santé publique, mettant à mal toutes les prérogatives des années précédentes. Or, il y a une différence entre être au service de l’Education natio- nale (sous la hiérarchie des chefs d’établissement et au ser- vice de la réussite scolaire) et être au service de la Santé publique pure. Dans le second cas, nous devrions répondre aux priorités de santé publique alors qu’aujourd’hui, nous répondons aux besoins de l’élève qui est en face de nous, en fonction de sa problématique à lui. Il s’agit de rester centré sur l’individu. Chacun, de la mater- nelle à l’université, doit mettre une pierre à l’édifice pour amener l’élève vers la dimen- sion émancipatrice de l’école et lui permettre une meilleure appropriation de sa santé. Affilier ces services à l’Education nationale, c’est aussi prendre en compte la santé comme un déterminant de la réussite scolaire. Le Snics-FSU souhaite également alerter les pouvoirs publics sur une modification de l’examen médical de la 6ème année. Pourquoi ? Cet examen a fini par dériver pour être mené par des infirmiè- res scolaires, alors que cela ne relève pas de leurs compéten- ces. Et tout le temps qu’elles dédient à ces examens, elles ne sont plus en mesure de répondre aux missions de suivi et d’écoute du quotidien. Nous ne savons pas faire de diagnos- tic médical. En revanche, nous savons accompagner. L’inquiétude porte également sur la création d’un service de la santé scolaire qui a été dissous en 1982, en raison de son inefficacité et du non-service rendu aux élèves. Or, on ne peut pas améliorer la prise en charge de la santé des élèves, en recréant un service extérieur à l’Education nationale. Il faut montrer l’utilité du soin infirmier et laisser l’examen de la 6 e année aux médecins de ville et aux pédiatres, pour qu’on puisse se recentrer au sein de l’Education nationale et assurer l’accueil des élèves. Il y a un problème de respect et de connaissance du rôle de chacun. DOSSIER LA SANTÉ SCOLAIRE, UNE DÉMARCHE À SOIGNER www.peep.asso.fr - numéro 401 - Mai-juin-juillet 2018 25 « La santé doit être prise en compte comme un déterminant de la réussite scolaire » Saphia Guereschi est secrétaire générale du SNICS-FSU (le syndicat national des infirmiers – conseillers de santé) et responsable académique rattachée à l’Académie de Dijon. Saphia Guereschi

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