VDP 405

numéro 405 - Mars-avril 2019 - www.peep.asso.fr 10 une école n'a pas le droit de refuser un enfant parce qu'il n'est pas propre. Selon l’article L113 du Code de l’Education, « tout enfant doit pouvoir être accueilli, à l'âge de trois ans, dans une école mater- nelle ou une classe enfantine le plus près possible de son domicile, si sa famille en fait la demande ». Et ce, qu'il soit propre ou non. La sieste à l’école De même, jusqu’à présent, les enfants de trois ans pouvaient être mis à l’école que le matin, pour rentrer chez eux à l’heure du déjeuner et y faire la sieste. Ce genre d’organisation ne sera plus possi- ble. En revanche, se pose la question des conditions d’accueil. Une large partie des enfants de trois ans a besoin de dor- mir l’après-midi. Toutes les écoles seront- elles en mesure de gérer les enfants les plus jeunes sur une journée entière ? « Il va falloir faire attention à ce que tous les élèves scolarisés puissent faire la sieste s’ils en ont besoin, confirme Laurent Pinel. Face à des nombres de lits disponibles parfois limités, la réponse avancée était alors souvent « comme l’école n’est pas obligatoire, pas besoin d’y laisser l’enfant l’après-midi . Or, dans certaines écoles, les choses sont déjà bien organisées : les élèves reprennent l’apprentissage dès 15 h, à leur réveil qui doit être échelonné. Ils prennent le temps de se lever, d’aller aux toilettes, de se rhabiller avant de retourner travailler avec les autres. Ne pas aller à l’école l’après-midi, c’était se priver de près d’1h30 d’apprentissage par jour. La sieste fait partie du temps de vie de l’enfant à l’école et ce sera d’au- tant plus vrai avec l’obligation d’inscrip- tion ramenée à 3 ans », explique Laurent Pinel Un autre regard sur la maternelle ? Enfin, à savoir, il reste bien sûr possible d’envisager une instruction à domicile. A condition d’être prêt à répondre à toutes les exigences administratives que sup- pose un tel choix, à commencer par la visite régulière d’un inspecteur académi- que, qui viendra s’assurer que l’enfant progresse correctement et acquiert tou- tes les compétences attendues à son âge. Une attention particulière doit être apportée aux fondamentaux. « Les Assises ont eu pour but de mettre en place une école maternelle du langage et de l’épanouissement. Cela signifie que c’est à l’école maternelle que les enfants préparent les apprentissages du CP. Les programmes sont donc légère- ment modifiés, notamment pour les moyennes et grandes sections, mais c’est avant tout pour mettre en avant les activités de langage et une meilleure prise en compte de la conscience chro- nologique, c’est-à-dire du développe- ment du langage chez l’enfant » , précise Laurent Pinel. Les apprentissages de français et de mathématiques vont faire l’objet de tou- tes les attentions dès l’école maternelle, amenant peut-être à changer le regard que porte le grand public sur l’école maternelle. « Cette dernière sera peut- être considérée avec plus de sérieux, espère Laurent Pinel. Avant on disait « tu as 6 ans, tu vas aller à la grande école. Aujourd’hui, il n’est plus question de petite ou de grande école. Il y a une école. » . Selon l’inspecteur académique, le succès de cette obligation se mesu- rera dans quelques années, lors des éva- luations de début d’année en CP. n CT EDUCATION VIE SCOLAIRE « L’obligation scolaire va augmenter l’assiduité. Pour certains élèves, l’absentéisme se comptait en dizaines de journées, chaque année » , commente Laurent Pinel, IEN adjoint en charge du premier degré pour le département de l'Aisne. Si l’école devient obligatoire à 3 ans, peu de choses sont encore précisées concernant l’école à 2 ans. L’accueil scolaire de ces petits continuera à se faire au cas par cas… et à opposer deux clans ! « Notre département est très actif dans la scolarisation des enfants de moins de trois ans, assure Laurent Pinel, IEN de l’Aisne. Il y a un encadrement renforcé, des classes allégées en effectif et des Atsem à temps complet. Sur les 18 000 enfants scolarisés en mater- nelle que compte notre département, plus de 800 d’entre eux ont moins de 3 ans. Il suffit de prendre en compte leurs besoins particuliers. » Du côté des détracteurs de l’école à 2 ans, Boris Cyrulnik tient à souligner la trop grande fragilité de certains enfants à cet âge-là : « A 3 ans, les enfants parlent et, la plupart du temps, sont propres. Ce n’est pas le cas à 2 ans : si pour certains, la mater- nelle améliore en effet leur langage, pour d’autres elle peut être vécue comme un petit syndrome psy- chosomatique. » L’école à 2 ans ? Des « pour » et des « contre »…

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