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efféminé), l’orientation sexuelle, le han- dicap (un trouble de la communication à cause d’un bégaiement par exemple) ou l’environnement social. « Les élèves peuvent contribuer à ce qu’un élève perde confiance en lui, car souvent le harcèlement fait résonance à un com- plexe ou à une différence. Quand un élève est touché, c’est qu’il se sent stig- matisé » , souligne Régine Fontaine, référente académique de la lutte contre le harcèlement scolaire pour l'académie de Toulouse. Son rôle consiste notamment à assurer le suivi d’un cas de harcèlement signalé par les parents d’élèves. Avec son homologue (deux réfé- rents harcèlement sont nommés par académie et deux par dépar- tement), elle vérifie que la situation est bien prise en charge sur le ter- rain, par le chef d’établissement. Ce dernier doit être tenu au courant de tous les cas de harcèlement, comme il doit en informer sa direction académi- que, le rectorat voire la police ou la gen- darmerie pour les affaires les plus graves. Il doit aussi maintenir le contact avec les parents. Ces derniers le rencontrent lors d’un rendez-vous formel, notamment pour préciser les agissements et propos blessants dont a été victime leur enfant. Ils peuvent alors demander au chef d’établissement de prendre des mesures pour que le harcèlement cesse. « Souvent, les parents considèrent que leur enfant n’est pas suffisamment pro- tégé. Les familles pensent, à tort, que les auteurs ne sont pas pénalisés » , intervient Régine Fontaine. Pourtant, les harceleurs passent en conseil de discipline, qui peut décider d’une période d’exclusion de l’établissement. Mais pour la référente académi- que, cela n’arrange pas forcé- ment les choses. « Le harcèlement est un cercle vicieux : souvent, l’élève auteur a été lui-même vic- time à un moment donné » , assure- t-elle. C’est pourquoi, elle tient à rassurer parents et élèves sur la prise en charge de cet événe- EDUCATION VIE SCOLAIRE à l’action, non au silence ! 9 (suite page 10) www.peep.asso.fr - numéro 404 - Janvier-février 2019 Emmanuelle Piquet, psychopraticienne et fondatrice du centre Chagrin Scolaire Comment intervenez-vous au sein du centre Chagrin Scolaire ? Lorsque nous recevons les enfants harcelés dans nos structures, nous privilégions un virage à 180° : nous identifions ce qui a déjà été fait pour aider la victime et ce qui n’a pas fonctionné. Souvent, l’enfant est dans l’évitement. Ce n’est que dans un second temps qu’il évoque ses problèmes à un adulte. Le risque est qu’il n’acquiert aucune confiance en ses compétences : il doit donc comprendre qu’il peut se défendre seul. Il faut lui inculquer des ripostes pour faire tomber le harceleur de son piédestal. Souvent, il jouit d’une certaine popularité au sein de l’école, harceler est en quelque sorte se donner en spectacle. Que faire en cas de cyber-harcèlement ? Là aussi, l’idée est de favoriser la répartie. Sur le web, la structure harceleur/harcelé est identique, mais le public est plus grand, plus large. Le cyber-harcèlement est toujours provoqué par quelqu’un que l’enfant connaît déjà. S’il y a un risque via sa vie online, c’est qu’il souffre déjà de moqueries au quotidien, à l’école. En revanche, la répartie est plus facile derrière un écran : l’enfant a plus de temps pour la formuler. Quel rôle pour les parents et les adultes si l’enfant doit se défendre seul ? L’enfant doit apprendre à avoir sa propre répartie, à trouver en lui les ressources nécessaires pour se défendre, mais cela ne signifie pas qu’il doit rester seul. Les parents doivent aider les enfants à puiser dans leurs ressources. Ils doivent les entraîner pour que les phrases sortent plus naturellement une fois face au harceleur. En parallèle, nous formons de plus en plus de professionnels (infirmière scolaire, professeurs, CPE), pour qu’ils sachent mieux appréhender les cas de harcèlement. « L’enfant doit apprendre à se défendre seul »

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