VDP 404

www.peep.asso.fr - numéro 404 - Janvier-février 2019 33 MAGAZINE EN FAMILLE Mais ils peuvent mettre l’enfant en dan- ger et perturber l’environnement familial par leur soudaineté. Et même fragiliser la vie de couple car l’ado ravive les émois de certains parents » . Opposition, refus des règles, agressivité verbale… Le test de ses limites et de celles fixées par les parents (ne pas fumer, ne pas boire, ren- trer à telle heure…) est souvent un pas- sage obligé. « Que leur entourage le veuille ou non, les adolescents se frottent de façon inévitable au risque et à la transgression, un peu comme les insectes attirés par la lumière. Le chemin de l’au- tonomie passe par l’examen, l’explora- tion et la mise en pratique des ressources de son corps et de son esprit » , expliquent les auteurs du « Manuel de survie pour pa- rents d’ados qui pètent les plombs ». Les parents doivent jongler entre ce be- soin d’autonomie et le souci de règles et d’autorité. Car il est important de mainte- nir des marques et limites afin que votre adolescent puisse construire son identité en toute sécurité. « Les parents doivent oser dire « non » à leur enfant quitte à ce qu’il leur en veuille et les prenne pour des ringards ou des nuls. C’est le rôle des pa- rents » . Essayez de trouver un terrain d’en- tente en proposant votre point de vue et en n’oubliant pas de demander à votre ado ce qu’il en pense. Vous êtes en dés- accord ? Argumentez car les explications sont indispensables, tout comme les compromis, qui sont une belle marque de confiance que vous lui accordez, et qui désarmorcent nombre de conflits. Maintenir le dialogue « Ce ne sont pas les manifestations d’op- position qui sont les plus inquiétantes, mais lorsque la crise prend des formes plus silencieuses comme des attitudes de repli sur soi, renforcées par les jeux vidéo, qui amène à un désinvestisse- ment scolaire et social et au danger des troubles du com- portement alimentaire pour les filles… et des risques de dé- linquance » , met en garde Stéphane Clerget qui rappelle qu’en dix ans, la délinquance des filles a grimpé de 50 % : vols, rackets, atteinte aux biens et personnes. « C’est lorsque la crise devient patho- logique qu’il faut intervenir au niveau psy, du fait de la dan- gerosité des conduites : il faut évaluer s’il y a un risque sur sa santé, des troubles affectifs, s’il a des idées noires… » . C’est ce qui a conduit Laure, 51 ans, à interve- nir en urgence pour son fils cadet qui sou- haitait mettre fin à ses jours. « Il n’avait plus goût à rien et restait enfermé dans sa chambre, il n’allait plus en cours et avait déjà fait une fugue. J’ai toujours veillé à maintenir le dialogue ce qui a permis de réagir à temps pour, qu’avec son accord, il soit pris en charge au niveau psychiatri- que » , relate-t-elle. Car le dialogue et l’honnêteté sont très importantes dans votre relation, lui men- Comportement ambivalent courant chez l’adolescent : aux phases de régression succèdent des attitudes d’opposition et de rejet. « L’adolescence peut susciter des problèmes aux conséquences variables, pour lui et pour l’entourage. Alors que votre enfant a toujours été admiratif, respectueux, il se détache de façon brutale ce qui est décontenançant ! Il faut surtout dialoguer et évaluer s’il y a des éléments inquiétants, de risques pour sa santé en repartant des éléments de bien- être comme pour un petit : Dort-il bien ? Parle-t-il avec ses amis, et pas que sur un mode virtuel ? Il n’a pas de trouble du comportement alimentaire ? Prend-il du plaisir dans sa vie de tous les jours ? Si vous répondez oui il n’y a pas lieu de s’inquiéter, même s’il est en opposition constante. La crise d’ado est passagère, mais il faut s’assurer de sa bonne santé psychique et physique. Si un ado ne sourit plus, rate l’école et se replie, il faut alerter son médecin puis un psy si besoin. Même si la mode est à l’éducation bienveillante, cela n’empêche pas de lui rappeler les règles et toujours vérifier où il est, avec qui, veiller et exiger le maintien de ce cadre. Pour les aider à s’émanciper, il ne faut pas hésiter à lui confier des responsabilités, à l’impliquer dans le quotidien de la famille ! Et continuer à appliquer une tolérance zéro sur les drogues, rappeler les dangers de l’alcool etc. Si la consommation devient trop fréquente, il faut consulter. NOTRE ANGOISSE EST QU’ILS N’AILLENT PLUS DEHORS ! Parmi les comportements à risque, on note chez les filles une recrudescence de grossesses précoces et la hausse de consommation de porno chez les garçons, sans oublier la dépendance aux jeux vidéo. Attention que cette dernière n’entraîne pas un isolement puis des difficultés sociales et scolaires. Alors qu’avant les parents avaient peur qu’ils ne rentrent pas à la maison, aujourd’hui face à la suprématie des écrans, notre angoisse est qu’ils n’aillent plus dehors ! » « S’assurer de sa bonne santé psychique » Stéphane Clerget, pédospychiatre, auteur de « Adolescents, la crise nécessaire » (éd. Plurielles) (suite page 34)

RkJQdWJsaXNoZXIy MTI2MTY0