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ment d’enfants qui se sont apostrophés le week-end. Il peut servir de lieu d’exutoire. » La possibilité de partager des vidéos peut aussi exacerber les situations. « On a eu le cas d’un élève qui chassait les scènes de violences, pour les partager sur un site spécialisé, précise Philippe Donatien. Fil- mer la bagarre devient un spectacle gra- tuit. » La vidéo, élément déclencheur de la violence ? « On est à une époque où l’on cherche à se mettre en valeur, confie Florence Delannoy. Filmer en classe peut amplifier certains mouvements… » En tout cas, sur l’affaire de Créteil, les élèves as- surent à Didier Sablic que « c’était pour ri- goler » . « Avec ce qu’ils voient dehors, les vidéos, les clips, ils perdent le sens des réalités » , explique ce dernier. Moyens et formations Comment endiguer le problème ? Ensei- gnants et proviseurs évoquent tous un « besoin de formation » . « On envoie des jeunes professeurs dans les académies les plus complexes, et on ne les prépare pas au public » , regrette Philippe Donatien. « Savoir comment réagir, ce n’est pas fa- cile, note Florence Delannoy. Il y a des techniques pour répondre à une agression verbale, faire retomber la pression. » Sur- tout qu’elle rappelle que les élèves chan- gent. « Ils n’ont plus les mêmes codes, plus le même langage. On doit se former tout au long de la carrière, pour s’adapter. » Philippe Donatien imagine notamment des « ateliers d’échange, où les ensei- gnants mutualisent leurs expériences. » Une idée qui semble faire l’unanimité. Mais le problème est aussi une question de moyens. « On manque de professeurs, de cadres intermédiaires, de CPE, de sur- veillants et d’assistants d’éducation, tran- che Florence Delannoy. Pour qu’un éta- blissement fonctionne, il faut des adultes pour encadrer les élèves. » Philippe Do- natien souhaite également des « profes- sionnels compétents pour gérer certains problèmes : éducateurs spécialisés, mé- decins, psychiatres, orthophonistes… » Bruno Sablic résume la problématique : « Plus il y aura d’adultes qualifiés dans les établissements, plus on réduira les ten- sions et les risques. Sinon, on est dans la gestion des urgences. » Pour réussir à faire face, tous nos interlocu- teurs soulignent l’importance d’équipes éducatives « stables et solides ». « Si chez nous, cela ne va pas si mal, c’est grâce à une dynamique collective, annonce Bruno Bobkiewicz. On est beaucoup plus efficace quand on gère les problèmes ensemble. » Didier Sablic assure que l’af- faire de son lycée a d’ailleurs « ressoudé » l’équipe enseignante. Depuis l’incident, en octobre, lui et ses collègues parlent avec les classes, expliquant que les cinq jeunes impliqués ont été exclus définitive- ment et seront poursuivis. « Il est important de faire passer un message commun. Les élèves ne perçoivent pas toujours la gra- vité des actes et leurs conséquences. » n GC EDUCATION ZOOM

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