VDP 404

numéro 404 - Janvier-février 2019 - www.peep.asso.fr 12 Les images d’un lycéen menaçant son enseignante avec une arme, à Créteil, ont provoqué une vive émotion cet automne. Comment endiguer le problème récurrent de la violence scolaire ? Les acteurs de terrain suggèrent plusieurs pistes, mêlant moyens, formation et travail d’équipe. bieux (lire son interview page 14). Ce type de faits concernerait selon lui « moins de 0,2 % des enseignants » . L’affaire repose en tout cas la question de la violence scolaire. « La violence du quotidien est surtout verbale, signale Ghislaine Bazir, proviseur d’un lycée fran- cilien. On doit constamment reprendre un langage cru, ordurier, souvent sexiste. Cela peut sembler vain, mais on ne peut pas banaliser. » Dans son lycée de la campagne lilloise, Florence Delannoy a surtout affaire à « des élèves qui n’ac- ceptent aucune remarque, dont la pa- role dérape plus vite » . « Désormais, les jeunes sont habitués à tout argumenter » , complète Philippe Donatien, proviseur à Montauban et secrétaire général du syn- dicat ID-FO. « Quoi que dise l’adulte, une logorrhée se met en route. Cela peut être insupportable. » Mais ce n’est pas nouveau. « Ce sujet a toujours existé, rappelle Florence Delan- «P our tout le monde, cela a été un choc ! » Didier Sa- blic, professeur d’EPS au lycée Branly, a vécu de l’intérieur l’affaire de Créteil. À la veille des vacances de Toussaint, la vidéo d’un élève réclamant à une enseignante, pis- tolet en main, d’être marqué présent, a provoqué une vive émotion. « Pour une simple absence, la situation est dispropor- tionnée » , regrette le prof de sport, délé- gué syndical Snep-FSU. Et même si l’arme était factice – ce qu’on ignorait sur le mo- ment – l’onde de choc a atteint les som- mets de l’État. Une grande concertation a été lancée par le ministère de l’Éduca- tion, et doit aboutir à de nouvelles mesu- res (lire en encadré page ci-contre). « Le sujet ressort toujours à l’occasion d’événements graves » , confie Florence Delannoy, proviseur au lycée de Ge- nech, près de Lille. Mais elle est formelle : ces images choquantes « sont loin de tra- duire la réalité de ce que vivent les ensei- gnants » . C’est l’avis de Didier Sablic : « Je suis à Branly depuis 24 ans, on n’est pas à Chicago ! Ce qui s’est passé ne corres- pond pas à notre quotidien. » Il n’empê- che : début octobre, plusieurs élèves ont également exhibé des armes factices dans leur lycée du Havre. « C’est très grave, mais fort heureusement, c’est très rare » , assure le chercheur Eric Debar- noy. La violence évolue, mais on ne constate pas d’explosion. » Philippe Do- natien estime que c’est le reflet du monde extérieur : « Les violences urbaines existent, et certains lycéens y partici- pent… On isole les faits scolaires, mais les élèves ne se transforment pas une fois franchies les grilles des établissements ! ». Chacun sa méthode Pour apaiser le climat, chaque équipe pédagogique élabore sa propre recette. Habituée des lycées sensibles, Ghislaine Bazir a ainsi trouvé une parade contre les bagarres : elles aboutissent systématique- ment à un conseil de discipline ! « On en fait un outil pédagogique. On pose le fait qu’une bagarre n’a rien d’anodin. Qu’il faut répondre de ses actes. » Se réunis- sant « bien plus qu’ailleurs » , le conseil mobilise intensément les représentants des enseignants, parents, élèves… « Cela est bien perçu, car il y a un impact : le ris- EDUCATION ZOOM Comment faire face aux violences scolaires ? Envisagée par le ministère de l’Education nationale, la présence policière dans les établisse- ments scolaires divise les différents acteurs de la communauté éducative.

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