VDP 404

numéro 404 - Janvier-février 2019 - www.peep.asso.fr 10 ment, qui consiste aussi à rediriger l’élève victime pour qu’il soit écouté à l’extérieur de l’établissement. Une autre partie de la mission du réfé- rent académique harcèlement a pour préoccupation de sensibiliser les élèves, mais aussi les personnels qui, mieux for- més, pourraient mieux identifier les possi- bilités de harcèlement. « La commu- nauté éducative ne voit pas toujours les situations de harcèlement ou quelque chose qui pourrait les présager. Or, il faut pouvoir désamorcer tout conflit qui pourrait donner lieu à du harcèlement ensuite : nous nous attelons donc à favo- riser la formation. Le dispositif ambassa- deurs lycéens va d’ailleurs s’ouvrir au dis- positif ambassadeurs collégiens, qui seront formés par des représentants de leur établissement » , ajoute Régine Fontaine. Les ambassadeurs ont en effet pour mission de nouer le dialogue avec leurs pairs pour faciliter les échanges et, donc, la parole (voir encadré). Un hackathon contre le cyber-harcèlement Lorsqu’il est question de prévention du harcèlement scolaire, tout le monde est engagé. Il s’agit d’une action générale et commune, qui va au-delà du cercle infirmière scolaire – CPE – assistante sociale. C’est pourquoi de plus en plus d’enseignants se mobilisent, à travers l’enseignement civique et moral par exemple, mais aussi à travers des initiati- ves originales. Outre la journée nationale de lutte contre le harcèlement (le 8 novembre), les bonnes idées se multiplient dans toute la France. En 2017, le lycée profes- sionnel Salvador Allende à Béthune (62) a imaginé un Jeu de l’Oie, sorte d’outil de prévention, pour être diffusé au sein d’autres établissements du départe- ment. Ce support ludique a pour objec- tif d'apprendre aux élèves du CM1 à la 6 e les risques liés au harcèlement. Autre démarche originale, celle menée par le collège Jean-Jacques Rousseau à Lasbastide-Saint-Pierre (82), dont deux classes de 4 e ont participé en novembre dernier à un hackathon, sorte de mara- thon d'une journée, sur le thème du har- cèlement par sexting, c'est-à-dire la dif- fusion, par sms ou via les réseaux sociaux, de photos qui peuvent mettre en difficulté un adolescent. Le point commun entre ces initiatives ? Rendre les élèves acteurs. « Ils ont beau- coup de choses à dire. Parfois, ils en savent même plus que les adultes » , sou- ligne Régine Fontaine. Pour Mme Forest, CPE du collège La Fontaine à Antony (92), tout réside dans un élément-clé : « le bien vivre ensemble ». « Les travaux réalisés avec les élèves pour dénoncer le harcèlement prennent différentes for- mes. Ainsi, chacun peut être touché d’une manière différente. Ce travail peut ensuite impliquer l’ensemble du collège, à une plus grande échelle. Le plus important est de faire réfléchir les élèves sur le bien-vivre ensemble. Chaque élève doit pouvoir comprendre que chacun a sa place dans l’établisse- ment. Si le bien-vivre ensemble est acquis, normalement la problématique du harcèlement baisse » , explique-t-elle. En abordant la question du harcèle- ment sous différents biais, chacun trou- vera le ton ou la parole qui lui corres- pondra, permettant ainsi de briser la loi du silence. n CT EDUCATION VIE SCOLAIRE Formés sur la problématique du harcèlement scolaire par l’académie, les ambassadeurs lycéens sont des relais entre les élèves victimes et l’équipe pédagogique d’un établissement. Le lycée Jacques Monod à Clamart (92) compte trois ambassadeurs lycéens. L’action de ces derniers est très étendue. Ils chapeautent en effet un groupe d’élèves qui veillent au quotidien à prévenir le harcèlement scolaire. Ils sont donc en tout 20 élèves à aller de classe en classe pour intervenir et sensibiliser leurs camarades sur le sujet, voire à se déplacer dans les écoles primaires et collèges de la ville de Clamart. « L’objectif est de libérer la parole et de permettre à des élèves de s’adresser plus facilement à leur pairs » , sou- ligne Mélanie Blino, CPE du Lycée Jacques Monod. Les ambassadeurs lycéens de l’établissement envisa- gent également de produire une vidéo pour le concours Non au harcèlement. Ils espèrent mobiliser un certain nombre d’élèves, leur projet nécessitant des figurants. « Il s’agit de travailler sur le groupe et le sens des res- ponsabilités de chacun » , ajoute Mélanie Blino. Les ambassadeurs ont même créé une page Instagram pour revenir sur leur action et offrir un rapide compte-rendu des réunions anti-harcèlement qu’ils suivent avec l’équipe pédagogique. Zoom sur les ambassadeurs lycéens Le harcèlement scolaire a pour caractéristiques la violence et la répétitivité de propos déni- grants qui entraînent l’isolement de la victime, selon la définition de l’Education nationale.

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