VDP 403

numéro 403 - Novembre-décembre 2018 - www.peep.asso.fr C’est ce que défendent le docteur Eugénie Izard, pédopsychiatre et Hélène Romano, psychothérapeute : parler de prévention oui, sans pour autant aborder des sujets trop intimes qui déstabilise- raient l’enfant ou l’adolescent qui ne souhaiteraient pas aborder le sujet. « La difficulté actuelle c’est que les élèves n’ont pas réellement une parole libre à ce sujet puisque ces séances sont obliga- toires. Si pour certains, parler et échan- ger avec d’autres est vécu positivement, pour d’autres c’est un cauchemar, car la parole prise par un est entendue de tous » , commente Hélène Romano. Privilégier des séances facultatives ? Tous les jeunes ne sont pas forcément au même niveau concernant ce sujet. Si les plus précoces doivent obtenir des réponses à leurs questions, il faut égale- ment respecter les autres, respecter leur rythme et leur appréhension du sujet. « Les cours « d’éducation à la sexualité » sont des apprentissages qui doivent rele- ver de la sphère publique, développe Eugénie Izard. Aussi apprendre aux enfants à respecter les autres et à conte- nir leur monde pulsionnel, c’est leur apprendre qu’on ne parle pas de prati- que sexuelle en public, donc encore moins dans une classe. La meilleure façon de leur apprendre, c’est de ne jus- tement pas le faire dans ces cours. Par contre, informer sur la prévention (ce qui appartient au discours public) oui, et en le faisant en fonction des besoins et des âges, c’est une nécessité ». En effet, parmi les premiers concernés, certains avouent être parfois frileux à l’idée de séances collectives. « Une explication sur les règles, les hormones ou la puberté serait bien plus utile aux adolescents qu’un exposé sur comment mettre un préservatif. Quand on est encore un peu enfant dans sa tête, ça peut vite devenir déstabilisant » , par- tage Héloïse, collégienne en région parisienne. Le flou persiste donc autour des cours d’éducation à la sexualité. Il faudrait à la fois se mettre d’accord sur leur contenu, leur fréquence, leur caractère obliga- toire. « Ces cours ont une place à l’école, car ils ont une visée pédagogi- que et de santé publique, affirme Caroline Rebhi. Le problème est que le terme est peut-être mal emprunté et qu’il provoque une confusion dans l’es- prit des gens. Sexualité ne veut pas dire rapports sexuels. La sexualité des enfants est avant tout psychologique. Elle n’a rien à voir avec celle des adultes. » Pour mieux accepter ces cours, selon l’ex- perte, il faudrait soigner l’information qui est transmise auprès des parents. « Ils ont beaucoup de questions légitimes, car ils ne savent pas comment aborder le sujet. Personne ne nous apprend à parler sexualité avec nos enfants » , ajoute Caroline Rebhi. En plus des cours d’édu- cation à la sexualité des élèves, une séance annuelle d’information auprès des adultes permettrait non seulement de démystifier ces cours, mais aussi de répondre à leurs questions de parents. n CT EDUCATION VIE SCOLAIRE « Parler d’éducation à la sexualité à l’école, c’est d’abord former les enseignants pour que ça soit fait dans le respect de l’élève et dans celui de l’ensei- gnant. Si ce dernier ne sait pas comment aborder le sujet, il sera mis en difficulté » , affirme Karine Guého-Liguet, chargée de mission inspection SVT à l’académie de Rennes. Elle participe à un comité de pilotage sur l'éducation à la sexualité, dont le rôle est de donner les clés aux enseignants, CPE ou infir- mières scolaires pour mieux parler d’éducation à la sexualité. La formation vient en effet en aide à ceux qui sont volontaires, qu’il s’agisse d’encadrer des séances d’éducation à la sexualité ou à les intégrer dans un enseignement. APPRENDRE LA RESPONSABILITÉ, LE RESPECT MUTUEL « L’accent est mis sur la dimension psycho-affective et la dimension sociale, le volet biologique étant, lui, déjà inscrit dans les programmes. Nous voulons montrer aux enseignants qu’ils sont tous impliqués dans l’éducation à la sexualité car il ne s’agit pas d’une mécanique sexuelle mais d’apprendre la res- ponsabilité, le respect mutuel, apprendre à dire non, etc. » , précise Karine Guého-Liguet. De plus en plus de volontaires souhaitent suivre les formations de l’académie, démontrant ainsi que les cours d’éducation à la sexualité gagnent en impor- tance au sein des établissements scolaires. 6 Quelle formation pour les enseignants ? Pour Karine Guého-Liguet, qui a participé à un comité de pilotage sur l'éducation à la sexualité (lire en encadré ci-dessous) : « L’accent est mis sur la dimension psycho- affective et la dimension sociale (…). Il s’agit d’apprendre la responsabilité, le respect mutuel, apprendre à dire non, etc. ».

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