VDP 403

EDUCATION VIE SCOLAIRE une démarche qui divise amis ? Est-ce que les garçons ont le droit de soulever les jupes des filles ? Ce sont des questions issues de leur quotidien » , partage Caroline Rebhi, co-présidente du Planning Familial. Ce dernier inter- vient en effet soit pour proposer une approche pédagogique sur des sujets- clés, soit à la demande des chefs d’éta- blissement en collège et lycée en cas d’événement important (comme une élève qui tombe enceinte, par exem- ple). Les conseillers du planning familial travaillent souvent en partenariat avec l’infirmière scolaire ou même les ensei- gnants, surtout en primaire. Auprès des plus jeunes, il s’agit d’abor- der des situations concrètes pour mettre en lumière des sujets tels que l’égalité et le respect de l’autre. Ces séances per- mettent notamment de déconstruire les stéréotypes sur les filles et les garçons. « Notre objectif est de faire parler les enfants. Nous traitons aussi de l’anato- mie à partir de dessins pour amener les enfants à mieux connaître leur corps. Ces séances permettent même d’agir sur le dépistage des violences. Il nous est déjà arrivé de nous rendre compte d’in- cestes ou de violences à la maison en abordant le sujet de la propreté… » , complète Caroline Rebhi. Pour les plus grands, au collège et au lycée, sont abordés des thèmes plus pré- cis : puberté, émotions liées à la sexua- lité, pornographie ou encore discrimina- tions. Des questions liées aux droits, comme rendre accessible la contracep- tion d’urgence, peuvent aussi être évo- quées. « Ce qui est impor- tant, c’est de répondre aux questions dès le moment où les élèves se les posent, sinon cela crée des tabous » , poursuit Caroline Rebhi. Une démarche qu’approuve Elsa, collégienne dans le Var : « il faut parler de ces sujets car le débat est la meilleure des solutions pour échanger entre nous. Pour qu’il soit vraiment intéressant, il faut vraiment l’ouvrir aux questions que se posent les jeunes, sans intervenants qui soient vieux-jeu » , confie-t-elle. Ces séances d’éducation www.peep.asso.fr - numéro 403 - Novembre-décembre 2018 5 à la sexualité sont donc adaptées aux classes d'âge et elles s'organisent le plus souvent autour des questions des élèves. Mais là encore, l’organisation même de ces séances divise. Pour certains spécia- listes, il faut respecter le rythme de cha- que enfant et ne pas en faire un ensei- gnement systématique, ni obligatoire. Yann Cottet, principal adjoint au collège Jules Lequier, à Plérin-sur-Mer (Côtes d’Armor) Comment l’établissement aborde-t-il l’éducation à la sexualité ? L’action phare de l’établissement se fait en 5 e . Elle dure trois heures pour chacune des classes. Chaque séance comprend un temps de travail entre garçons et entre filles, où ils abordent les changements physiques propres à la puberté. Ils reviennent aussi sur d’autres changements liés à l’adolescence, qui sont de l’ordre du comportement et de l’évolution des relations entre eux. Ensuite, nous prévoyons un temps de restitution où tous les élèves sont réunis : ensemble, ils échangent sur les points qu’ils ont abordés. Les élèves en viennent à analyser certaines situations également, comme des cas de harcèlement par exemple. Comment sont préparées ces séances ? Le souci est à chaque fois de faire le lien avec les enseignements qui sont dispensés en classe : la SVT pour les changements physiques ou physiologiques, l’éducation morale et civique pour ce qui relève de l’aspect citoyen. L’objectif est de susciter l’adhésion des élèves et leur prise de parole. Il faut qu’ils soient acteurs : nous partons donc de leurs questionnements. « Il faut que les élèves soient acteurs » A l’heure où une majorité de jeunes ont une première image de la sexualité par les écrans – une image déformée, éloignée du réel –, le rôle de l’école est aussi de répondre à toutes leurs interrogations en la matière. (suite page 6)

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