VDP 403

Les verrues inquiètent souvent les parents. Pourtant, elles font partie du quotidien des enfants, car le virus qui les déclenche est présent partout. Sauf dans les cas où elles font mal, il est même inutile de les combattre à tout prix. MAGAZINE SANTÉ numéro 403 - Novembre-décembre 2018 - www.peep.asso.fr 30 Les verrues, un mal bénin C’ est un petit bouton qui cause de vrais tracas. Les verrues, petites boules de peau souvent arrondies, se logent dans les mains, pieds ou ge- noux des enfants. « C’est une lésion virale liée au virus HPV, ou papillomavirus, expli- que Dominique Penso-Assathiany, der- matologue à Issy-les-Moulineaux. À l’oc- casion de microtraumatismes cutanés, il produit son œuvre. » Elle l’assure : « cela n’a rien à voir avec un problème de sa- leté, d’hygiène ». Claudine Blanchet Bar- don, vice-présidente du syndicat des dermatologues, signale d’ailleurs que le virus est très répandu : « il est partout, dans la cuisine, au supermarché, dans le bus… Personne ne peut y échapper, surtout pas les enfants ! » Les deux spécialistes l’affirment : la verrue est « totalement bénigne » , sans danger pour la santé. Pourtant, les parents s’en inquiètent souvent. « Ils veulent faire disparaître les verrues de leurs enfants à tout prix » , regrette Claudine Blanchet Bardon. Le problème, c’est qu’elle est difficile à combattre. « Après un traite- ment, elle peut repousser, se multiplier » , ajoute-t-elle. « On détruit la verrue, mais pas forcément le virus » , souligne Domini- que Penso-Assathiany. Qui déplore l’usage de solutions lourdes : laser, chirur- gie... « Ces techniques peuvent laisser des séquelles douloureuses. Le laser CO2 demande six semaines de cicatrisation : c’est une mauvaise idée pour une verrue banale. » Et l’azote liquide ? « Cela fait vraiment mal » , tonne la dermatologue. De quoi agacer Claudine Blanchet Bar- don : « on tombe parfois dans un achar- nement, au prix de tortures qui n’ont pas lieu d’être. À quoi bon faire souffrir un en- fant pour quelque chose de strictement bénin ? Cela frise la maltraitance ! » . Traitement doux en cas de douleur Mieux vaut donc laisser la verrue tran- quille. « Elle peut durer de 3 mois à 3 ans, détaille Claudine Blanchet Bardon. Le plus souvent, il vaut mieux attendre qu’elle parte toute seule. » Sauf si elle est douloureuse. « On privilégiera alors des traitements plus doux, comme les pom- mades à base d’acide salicylique, confie Dominique Penso-Assathiany. Cela mar- che au moins aussi bien que l’azote li- quide ! » Et il ne faut surtout pas exclure les enfants pour une simple verrue ! « Il faut sensibili- ser parents et enseignants, suggère Clau- dine Blanchet Bardon. Il y a autant de chance d’attraper une verrue en tenant la main d’un camarade qu’en tenant une barre dans le bus ! C’est pratique- ment un passage obligatoire. » n Dominique Penso Assathiany, membre de la Société française de dermatologie Pourquoi peine-t-on à soigner les verrues ? Le problème, c’est qu’il n’existe pas de modèle animal. On n’est pas capable de cultiver le virus. On n’a donc pas trouvé de remède miracle. La verrue est encore pleine de mystères. Y a-t-il des zones à risque ? Il y a plus de risques là où l’on marche pieds nus. Mais l’endroit où la contamination est la plus importante n’est pas la piscine ou la salle de sport : c’est la salle de bain familiale ! Faut-il consulter un médecin systématiquement ? Notre société verse dans l’hygiénisme, mais rien ne sert de s’acharner contre les verrues. Dans certaines régions, les dermatologues refusent même de voir les patients pour cela ! Par contre, si elle est douloureuse, il faut faire quelque chose. « Ne pas s’acharner contre les verrues ! » Contrairement aux idées reçues, « l’endroit où la contami- nation est la plus importante n’est pas la piscine ou la salle de sport : c’est la salle de bain familiale ! » , souligne la dermatologue Dominique Penso Assathiany.

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