VDP 403

Grand Témoin Sandra Franrenet Aliments de mauvaise qualité, plats mal préparés, l’état des lieux que vous faites des cantines scolaires en France est inquiétant. Quelles sont, d’après vous, les principales raisons qui ont mené à une telle situation ? La multiplication des normes d’hygiène a contribué à la situation de malbouffe que je dénonce. L'augmentation de la sécurité sanitaire s'est traduite par la fermeture de nombreuses cuisines intégrées au profit de grosses cuisines centrales dans lesquelles on se contente d’ouvrir des boî- tes de conserve, de réchauffer des barquettes et de com- poser des plats à partir d’aliments déjà préparés. C'est Tricatel version restauration collective ! Les règles des mar- chés publics, non plus, n’ont pas amélioré la situation. Elles sont si strictes qu’elles jouent en faveur des gros distribu- teurs et ne permettent pas toujours de privilégier les petits fournisseurs locaux. De plus en plus de cantines servent des produits labellisés. Cela va plutôt dans le bon sens, non ? Les labels permettent surtout aux collectivités et aux indus- triels de rassurer les parents. Bien sûr que le bio va dans le bon sens mais pas n'importe lequel ! Les produits bio ultra- transformés sont dénués de vitamines, de minéraux et d’anti-oxydants. Il faut exiger des produits bio bruts en pro- venance directe du producteur et que l'on va cuisiner sur place. Les labels ne doivent pas nous empêcher de réflé- chir, or c’est exactement ce que l'industrie essaie de faire... Que peuvent faire les parents d’élèves pour peser sur la qualité des repas servis ? Je les invite à aller manger à la cantine de leur enfant, à se rendre dans les cuisines, à réclamer les fiches techni- ques des aliments pour contrôler la liste des ingrédients des plats servis et à discu- ter avec le personnel. En tant qu’usagers d'un service public, les parents ont droit à ces informations. Ils peu- vent peser ensemble sur la collectivité locale pour réclamer des changements en commençant par ce qui peut être modifié facilement (remplacer les yaourts aromatisés par des yaourts nature avec une dosette de sucre, par exemple) puis en montant crescendo (comme faire interdire les bar- quettes en plastique). Selon les cantines, les actions à mener sont très variées. N’y a-t-il pas un risque qu’on leur oppose systématique- ment des problèmes de budget ? Il y a des années, on réussissait à confectionner sur place de bons repas. Il n’y a pas de raison pour qu’on ne puisse pas le faire aujourd’hui. Qui plus est, certaines cantines sont parvenues à améliorer la qualité des repas sans en augmenter le prix, notamment en travaillant sur le gaspil- lage alimentaire. C’est d'abord une question de volonté politique. Sandra Franrenet DOSSIER LES CANTINES N’ONT PAS ENCORE TROUVÉ LA BONNE RECETTE « Les parents peuvent peser sur la qualité de la restauration scolaire » numéro 403 - Novembre-décembre 2018 - www.peep.asso.fr 24 Après avoir soutenu une thèse sur l’éthique médicale et avoir travaillé dans l’humanitaire, Sandra Franrenet est devenue journaliste. C’est en s’interrogeant sur ce que mangeait sa fille à la cantine qu’elle s’est penchée sur le sujet de la restauration scolaire. Elle est l’auteure du « Livre noir des cantines scolaires », chez Leduc.s Editions. Daniel Fouray

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