VDP 403

numéro 403 - Novembre-décembre 2018 - www.peep.asso.fr 10 leur créateur, un psychologue améri- cain : le WPPSI pour les enfants de 2 à 7 ans environ et le WISW de 6 à 16 ans environ. Ils se déroulent sur 3 heures, s’accompagnent d’un test de person- nalité et comprennent un compte-rendu détaillé remis à la famille quelques jours plus tard. Un moment pas si évident à vivre. « J’avais tellement peur que le test soit positif que, de stress, j’en suis devenue aphone pendant plusieurs jours. Au final, mon fils a vécu ce pas- sage chez le psychologue bien mieux que moi, car on a pu mettre des mots sur sa “différence” » , se souvient Alexandra Reynaud. Si ces tests peuvent être sources d’angoisse, ils sont aussi un sésame pour la mise en place d’un pro- jet éducatif adapté. Respecter les besoins de l’élève En effet, une fois l’enfant reconnu intel- lectuellement précoce et suite à la demande des familles, des aménage- ments peuvent être envisagés. Il peut s’agir d’actions menées en classe comme privilégier l’oral si l’enfant pré- sente des difficultés à l’écrit, limiter les exercices répétitifs, proposer à l’élève des activités complémentaires le temps que les autres finissent leur travail, etc. A un autre niveau, l’élève peut participer à des séances d’apprentissage de la classe supérieure, s’il est particulière- ment performant dans une matière. Enfin, il est possible également de lui faire sauter une classe. Hélène Arrieta est enseignante spéciali- sée du Pôle Ressources de l’inspection académique du Puy-de-Dôme. Son quotidien est fait du suivi de ces jeunes surdoués, un public parfois en difficulté. « Nous essayons de faire au mieux en fonction de l’environnement de l’élève qui évolue dans une école plus ou moins conciliante, avec un enseignant plus ou moins enclin à l’adaptation. Parfois les parents pensent que la seule solution possible est le saut de classe, ce qui n’est pas forcément le cas, car tout dépend du profil de l’élève. Notre rôle est donc aussi de réunir tout le monde pour constituer une équipe éducative qui lui est dédiée et où la famille est associée. Enfin, il ne faut pas oublier de soigner les relations avec les autres élè- ves, qui peuvent s’avérer compliquées » , développe-t-elle. Elle intervient alors avec sa collègue pour aider notamment les enseignants. Ces derniers sont les pre- miers à devoir s’adapter à ces enfants particuliers… sans pour autant laisser de côté les autres élèves. n CT EDUCATION VIE SCOLAIRE Si de nombreux élèves intellectuellement précoces poursuivent une scolarité sans pro- blème et sans avoir été détectés, d’autres manifestent un comportement qui peut aler- ter : trouble de l’apprentissage, ennui, mal-être voire insolence envers l’enseignant… Monique Binda, présidente d’honneur de l’ANPEIP, Association nationale pour les enfants intellectuellement précoces Quel est le rôle de l’ANPEIP ? Notre objectif est d’abord de réconforter les parents, souvent démunis et confus face à la précocité. Quand elle n’est pas encore détectée, les retours qu’ont les parents du quotidien de leur enfant à l’école sont plutôt négatifs. Les enseignants parlent alors d’enfant déconcentré, qui n’écoute pas, etc. Bien sûr, il y a aussi des enseignants qui connaissent la précocité intellectuelle et savent alerter les parents sur la nécessité d’un test chez le psychologue. En effet, notre travail consiste aussi à orienter les parents vers des psychologues spécialisés qui, à travers un test, valideront ou non la précocité intellectuelle de l’enfant. Nous organisons aussi des rencontres entre les parents, autour de sujets-clés. Cela leur permet de partager leurs difficultés. Chaque enfant est différent et chaque avance est différente. L’ANPEIP existe depuis 1971. La prise en charge des élèves surdoués a-t-elle évolué ? Oui, elle s’améliore même. Il n’y a qu’à voir la nomination récente des référents académiques EIP : les parents ont désormais quelqu’un à qui ils peuvent s’adresser. Ensuite, il est important qu’un accompagnement de l’équipe pédagogique se mette en place. Etre intellectuellement précoce suppose « juste » de devoir trouver l’accompagnement scolaire qui convient à l’enfant : un saut de classe, ou la mise en place de « compléments » pour l’occuper sur le temps de classe quand les autres élèves terminent leur exercice, par exemple. Il faut qu’il y ait, de la part de l’enseignant, l’écoute et l’acceptation de la différence. « La prise en charge des élèves surdoués s’améliore »

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