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mise en œuvre de l’interdiction et les sanctions applicables aux contreve- nants restent aussi à définir. Certains établissements, par exemple, pourraient décider de contraindre leurs élèves à déposer chaque matin leur téléphone dans un casier prévu à cet effet où ils le récupèreront en fin de journée. Néanmoins, pour des questions prati- ques, la plupart des établissements devraient plutôt imposer à leurs élèves d’éteindre et de ranger au fond de leur cartable leur téléphone dès qu’ils fran- chiront les grilles de l’établissement. C’est cette solution qu’a choisie le conseil d’administration du collège Les Saules à Eybens (38) qui a instauré l’in- terdiction avec un an d’avance. « A une époque où les jeunes passent leurs journées sur leur portable, il nous paraissait utile d’introduire chez les ado- lescents qui nous sont confiés l’idée que l’on peut se passer de son portable pen- dant quelques heures » , justifie Sophie Ravanne, la principale du collège, qui ne voit dans cette mesure que des aspects positifs. Des élèves partagés Les élèves, eux, sont plus mitigés. Si cer- tains d’entre eux disent s’ennuyer pen- dant les récréations depuis qu’ils n’ont plus accès à leur portable, d’autres reconnaissent les bienfaits de la mesure, à l’image de Loan, un élève du collège Les Saules : « Avant, dès que j’avais un moment, je jouais sur mon portable et j’allais sur les réseaux sociaux, mais maintenant, je discute plus avec mes amis » . Les surveillants sollicités L’interdiction n’est toutefois pas sans conséquences. Les surveillants doivent faire preuve d’une attention accrue et d’une bonne organisation dans la ges- tion des sanctions. Au collège Les Saules, par exemple, lorsqu’un surveillant prend un élève en flagrant délit d’utiliser son téléphone dans l’enceinte de l’établissement (cela se produit 5 à 6 fois par semaine), il le lui confisque. Lorsque l’incident se produit pour la première fois, l’élève peut venir récupérer lui-même son téléphone à la fin de la journée. Mais en cas de réci- dive, le téléphone est rangé dans le cof- fre-fort de l’établissement et les parents sont prévenus de manière à ce qu’ils viennent eux-mêmes chercher le télé- phone. Cette procédure prend du temps et nécessite une bonne dose d’organisation : que les téléphones ne soient ni abîmés ni perdus, qu’ils soient remis au bon propriétaire, etc. L’utilité de la loi en question Si la volonté d’interdire les téléphones au sein des établissements scolaires peut se justifier, l’utilité d’une loi pour y EDUCATION VIE SCOLAIRE numéro 402 - Août-septembre-octobre 2018 - www.peep.asso.fr 6 « Dans mon collège, nous avons interdit les portables dès la rentrée 2017, après avoir découvert que des vidéos à caractère pornographique étaient visionnées dans l’enceinte de l’établissement et que des photos prises par des élèves dans les toilettes de l’établissement circulaient. Cette décision répondait aussi à une attente de la vie scolaire et des parents qui s’inquiétaient de voir les jeunes constamment les yeux rivés sur leur écran. Désormais, les portables doivent être rangés de manière à ce qu’on ne les voie pas. Si un élève est surpris avec un téléphone à la main, l’appareil est confisqué. Seul un tuteur pourra venir le récupérer. Nous avons expliqué aux représentants d’élèves que cette mesure n’avait pas pour but de les brimer, mais de limiter certains abus et de les protéger. Nous avons également relancé des activités de cour pendant les pauses et instauré une éducation aux médias. Nous sommes conscients que cette mesure n’a pas changé le rapport qu’ont les élèves avec leur téléphone et qu’elle n’a pas vraiment fait évoluer le climat scolaire, mais au moins, les problèmes liés aux portables ont disparu. Et même certains élèves reconnaissent que cette interdiction a eu un impact positif. » « L’interdiction des portables a eu un impact positif » Philippe Niemec, principal du collège Georges Besse de Loches

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