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33 MAGAZINE EN FAMILLE des codes d’accès. Si je voulais les utiliser non-stop, je le pourrais ! » Elle trouve cela « beaucoup mieux que la télévision : on ne regarde que ce qui nous intéresse ». Car le système Netflix est redoutable. Dès qu’un épisode de série se termine, le sui- vant démarre automatiquement. Des contenus sécurisés Le tableau n’est pas totalement noir. L’avantage : les Svod offrent un environnement protégé, sans contenus trop sensibles. Michael Bourgatte, spécialiste du numéri- que éducatif, y voit un intérêt : la légalité. « Sur internet, les ados ne connaissent pas la frontière entre les contenus licites et illicites. Les services comme Netflix remplis- sent malgré eux une fonction de régulation. » Il y voit même un en- jeu « culturel ». « Le catalogue de films est un peu ancien. Cela per- met à des jeunes d’élargir leur horizon. » La Svod touche également les plus jeunes. Expatriée en Angleterre, Ju- liette Mouquod apprécie le « mode en- fant » de Netflix. « Ils proposent des pro- grammes ”enfant”, des films familiaux, précise-t-elle. Nos deux filles, Zoé et Yoko, 13 et 9 ans, adorent les dessins animés. Elles y ont accès moins d’une heure par jour. » Et si la qualité laisse parfois à dési- (suite page 34) rer, « au moins, c’est adapté à leur âge. Avec la télévision, on n’a pas le contrôle de tout. Et Internet peut réserver de mauvaises surprises. » Un exemple : les deux filles de 11 et 7 ans d’Émilie Gillet, résidant à Paris, utilisaient souvent YouTube. « Elles tombaient par- fois sur un dessin animé doublé par des voix disant des cochonneries... Avec Netflix, l’environnement est sécurisé. Il n’y a pas de publicité. À la différence de la télévision, el- les doivent choisir ce qu’elles re- gardent. C’est un bon exercice. » Sa benjamine a le droit à 30 minu- tes par jour. Pour la plus grande, Sur la télévision ou l’ordinateur, mais surtout sur tablette et smart- phone, Netflix se regarde sur de nombreux supports… sans limite, avec tous les excès que cela peut comporter pour ses jeunes utilisa- teurs. qui rend accros les ados Les parents peinent à suivre leurs enfants dans leurs usages numériques… On observe une évolution des pratiques de consommations excessives des produits multimédias, notamment via le smartphone. Netflix vient d’arriver. Il y a un phénomène de mode autour des séries, qui prennent la place du cinéma. Mais la consommation des jeunes passait déjà par d’autres canaux, comme YouTube. Netflix peut-il provoquer une addiction ? La consommation des écrans peut avoir une fonction relativement addictive, voire créer une dépendance. Il faut savoir que tout est fait par les programmateurs pour amener une plus grande consommation. Les produits sont pensés, théorisés, pour générer une attente, un suspens, inciter à continuer à regarder. On peut y voir un système d’hameçonnage. Faut-il l’interdire ? On a le droit de dire non en tant que parent ! Les interdits peuvent être structurants. Mon conseil, c’est de moduler en fonction de l’âge. Avec des précautions de base : pas d’écrans quand on mange, quand on dort, et quand on travaille. Il faut maîtriser le temps et l’espace pour cette consommation. « Les parents ont le droit de dire non ! » Claude Allard, pédopsychiatre et auteur (« Les désarrois de l’enfant numérique », éd. Hermann) www.peep.asso.fr - numéro 402 - Août-septembre-octobre 2018

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