VDP 402

Accepter que son adolescent porte un piercing n’est pas une décision à prendre à la légère. Pour éviter les risques d’infec- tion ou de mauvaise cicatrisation, cet acte doit être réalisé dans les règles de l’art. MAGAZINE SANTÉ numéro 402 - Août-septembre-octobre 2018 - www.peep.asso.fr 30 S ymbole identitaire, envie de se démarquer ou de prendre pos- session de son corps… Les raisons qui poussent un adolescent à demander un piercing sont multiples. Pour Barbara, 16 ans, qui « rêve » d’un piercing sur la langue, l’idée ne se ré- sume pas à un simple caprice. « J’y ai vraiment réfléchi : je ne le demande pas sur un simple coup de tête, ni pour suivre une mode. Je me suis déjà renseignée dans différents salons et je vais privilégier un perceur professionnel qui utilise une aiguille et non le pistolet, qui n’est pas entièrement stérilisé » , assure l’adoles- cente. Sa mère, Nathalie, commence à se faire à l’idée. « Je préfère rencontrer les différents spécialistes avec elle, plutôt qu’elle agisse en improvisant et choisisse un perceur amateur » , reconnaît-elle. Mère et fille vont donc faire la tournée des salons, le choix du professionnel étant très important. Sans une hygiène scrupuleuse lors de la pose du bijou, une infection peut se dé- clencher (streptocoques, staphyloco- ques et autres bacté- ries) et donner lieu à des complications graves. Le piercing peut aussi être à l’origine de la transmis- sion des virus de l’hépatite B et C. Autre risque, les allergies aux métaux ou aux produits désinfectants utilisés. Enfin, si la cicatrisation ne se passe pas correcte- ment, une boursouflure sur la peau ap- paraît. Un peu de bon sens Après un piercing, une réaction inflam- matoire locale est normale, à condition qu’elle n’excède pas quinze jours. Pour qu’un piercing soit complètement cica- trisé, il faut compter de trois à six mois. En attendant, un rituel de soins quotidien doit être respecté à la lettre. Une désin- fection rigoureuse est indispensable et, règle de bon sens, iI est interdit de tou- cher le nouveau piercing sans arrêt, avec des doigts plus ou moins propres. « Il faut également être particulièrement vigilant quant aux piercings au niveau de la bouche, alerte Dominique Denjean, dermatologue à Paris. Ils peuvent entraî- ner de grosses complications, qu’il s’agisse de gingivites sévères ou de dents cassées. C’est pourquoi, il est important de consulter régulièrement son dentiste après la pose du piercing. » Les baigna- des et l’exposition au soleil tant que la ci- catrisation n’est pas complète sont aussi à proscrire. Par ailleurs, la pratique du piercing est contre-indiquée chez toutes les person- nes souffrant de déficience immunitaire ou de diabète : les risques d’infection sont alors plus importants. De même, si l’adolescent suit un traitement à base de corticoïdes ou d’anti-inflammatoires, mieux vaut attendre avant de franchir le pas. S’il est sujet à une maladie chroni- que de la peau type eczéma, il aura tout intérêt à renoncer au piercing. Essentiel et à savoir : cette pratique n’étant pas anodine, il est interdit de per- cer la peau d'un mineur sans le consen- tement écrit de ses parents. n Dominique Denjean, dermatologue à Paris « Il faut savoir responsabiliser les adolescents. La pose d’un piercing, avec tout l’entretien qu’il requiert, est une étape vers cette responsabilisation. Mais les parents aussi ont un rôle à jouer. S’ils acceptent que leur enfant porte un piercing, ils doivent être présents à chaque étape : cibler le bon professionnel, accompagner leur enfant lors de la pose, veiller à ce que le bijou soit stérile et préalablement fermé dans un sachet hermétique… Sans oublier de vérifier régulièrement que le piercing cicatrise bien. Au moindre doute, il ne faut pas hésiter à enlever le bijou et à consulter immédiatement son médecin. » « Les parents aussi ont un rôle à jouer » Piercings : une pratique à surveiller

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