VDP 401
numéro 401 - Mai-juin-juillet 2018 - www.peep.asso.fr 6 marrainage des jeunes filles désireuses de se tourner vers des carrières d’ingé- nieure ou de technicienne. Des résultats « pas à la hauteur » Ce genre d’actions a beau se multiplier aux quatre coins de la France, les stéréo- types ont encore la vie dure. La dernière étude Filles et garçons sur le chemin de l’égalité, publiée le 8 mars dernier, mon- tre que si les filles maîtrisent mieux le fran- çais et sont plus nombreuses à accéder au baccalauréat que les garçons (83,9 % d’entre elles l’atteignent contre 73,9 % des garçons), elles ne représen- tent encore que 43,5 % des élèves ins- crits en première année des classes pré- paratoires aux grandes écoles. Elles sont aussi moins nombreuses à se tourner vers les filières scientifiques (en 2016, 41,3 % des terminales scientifiques S, STI2D et STL étaient des filles et 30 % des ingénieurs étaient des femmes) et ne représentent que 15 % des élèves et des apprentis des filières de production contre 70 % des élèves des filières menant à des métiers de services, notamment paramédicales et sociales. Au sein des établissements scolai- res non plus l’égalité des sexes n’a pas cours. Les filles restent plus souvent victi- mes de propos sexistes et plus souvent mises à l’écart que les garçons. Les enseignants participeraient eux-mêmes à cette différenciation. D’après plusieurs études, les membres des équipes édu- catives auraient trop souvent tendance, inconsciemment, à adopter une atti- tude différente selon qu’ils s’adressent à des filles ou à des garçons. Que ce soit au moment de leur donner la parole, de les noter ou de les sanctionner, l’attitude des enseignants tiendrait compte des compétences présupposées des unes et des autres. « Alors que l’indiscipline des garçons est tolérée, vue comme un comportement fâcheux mais inévitable, elle est stigmatisée et rejetée parfois vio- lemment chez les filles dont on attend la docilité » , notait le Haut Conseil à l’éga- lité dans son rapport publié le 22 février 2017. Ce même Haut Conseil expliquait ces mauvais résultats par le fait que les dispositifs mettant en avant l’égalité entre les sexes étaient insuffisamment connus des enseignants, mais aussi par le manque de formation de ces derniers. Ainsi, l’année dernière, seule la moitié des Ecoles supérieures du professorat et de l’Education (ESPE) proposaient une formation sur le sujet alors que la loi de refondation de l’école votée en 2013 les y oblige. Quant aux postes de chargés de mission égalité filles-garçons, créés par la même loi, ils ne travaillent trop souvent qu’à temps partiel sur cette thé- matique. Le Haut conseil à l’égalité notait enfin que les manuels scolaires faisaient encore trop souvent la part belle aux hommes. « Dans les manuels de CP, les femmes représentent 40 % des person- nages, 70 % de ceux qui font la cuisine et le ménage, mais seulement 3 % des personnages occupant un métier scien- tifique » , affirmait-il. A ce rythme, l’éga- lité entre les hommes et les femmes n’est pas pour demain. n CB EDUCATION VIE SCOLAIRE Que ce soit au moment de leur donner la parole, de les noter ou de les sanctionner, plusieurs études montrent que les enseignants auraient trop souvent tendance, inconsciemment, à adopter une attitude différente selon qu’ils s’adressent à des filles ou à des garçons. « Dans mon collège, nous organisons régulièrement des actions de sensibilisation pour lutter contre l’homophobie, les discours sexistes ou les stéréotypes. Mais nous avons constaté que, plus que les actions qui ont tendance à mettre en évidence le fait qu’il y a un problème, il était bien plus efficace d’inculquer au jour le jour l’égalité entre les filles et les garçons. En sport, par exemple, les enseignants sont particulièrement vigilants à ce que les équipes soient toujours mixtes, que le capitaine ne soit pas toujours un garçon et qu’il y ait des contacts entre élèves des deux sexes. Les activités du midi sont aussi systématiquement mixtes. Résultat : il arrive ainsi que des garçons fassent de la couture et cela ne pose aucun problème. Pour compléter cette action, nous effectuons un gros travail afin que chaque élève apprenne à faire des choix personnels, sans tenir compte du groupe. Cette sensibilisation a un vrai impact sur leur comportement, notamment au moment de l’orientation. Au final, les problèmes sont rares. Il arrive que des garçons arrivant de Syrie ou d’Afghanistan refusent de s’asseoir à côté d’une fille, mais cette réaction est avant tout culturelle. Nous parvenons toujours à les faire changer d’avis. » Eric Sanchez, principal du collège Jean-Zay de Niort (79) « Un travail au jour le jour »
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy MTI2MTY0