VDP 400

Grand Témoin Nathalie Groh Comment jugez-vous la prise en charge actuelle des trou- bles « dys » ? Aujourd’hui pour un jeune qui présente une difficulté d’ap- prentissage, la prise en charge est très longue. Entre le moment où l’on repère une difficulté et la pose du diag- nostic, il peut se passer beaucoup de temps. Pour certains enfants, il faut attendre l’âge de 8 ans, voire de 10 ans, avant que le bon diagnostic ne tombe. Certains troubles, comme la dyspraxie par exemple, restent méconnus, y compris des professionnels de la santé. Cette attente est synonyme de souffrance pour l’enfant. Le risque est alors qu’il se décourage. Seuls les parents acharnés, qui sont un peu sensibilisés aux troubles « dys » et qui ont la chance de rencontrer le bon professionnel dès le départ, bénéficient d’une prise en charge rapide. Comment remédier alors à ce délai ? La difficulté est de savoir s’orienter vers les bonnes person- nes pour avoir accès à un diagnostic. Pour cela, il faut une équipe pluridisciplinaire qui vérifiera notamment que l’en- fant entend bien, voit bien, etc. Autrement dit, il faut éliminer toute pathologie qui expliquerait pourquoi il ne rentre pas dans les apprentissages. Par exemple, il y a des jeunes qui souffrent d’une certaine forme d’épilepsie, qui les empêche d’apprendre. Ce n’est pas pour autant un trouble « dys » et consul- ter un orthophoniste ne lui servira à rien. Le traitement pour lui doit être différent. De même pour les jeunes qui souffrent de troubles de l’attention avec une hyperactivité. Une fois que le bon diagnostic est posé, il y a la prise en charge adéquate qui s’installe. On gagne alors du temps dans la prise en charge de l’enfant. Tous les intervenants ont donc un rôle à jouer dans la détection des troubles dys ? En effet, la prise en charge des troubles « dys » repose égale- ment sur un partenariat santé – éducation – famille. Le travail entre les parents, les enseignants et les professionnels de santé doit être coor- donné. Concernant les enseignants, ils pourraient aussi être formés à mieux repérer les troubles « dys ». La suite du processus de reconnaissance du trouble s’en trouverait alors facilitée. De plus, cela permettrait de mettre en place très tôt des adaptations pédagogi- ques et ainsi permettre aux enfants d’ap- prendre différemment. Certains enfants ont un réel besoin d’accompagnement, voire de reprendre les bases. Le risque, sinon, est de devoir remédier au décrochage de l’enfant une fois entré au collège. VIE SCOLAIRE TROUBLES DYS : INVISIBLES MAIS PAS INVINCIBLES « La difficulté est de savoir s’orienter vers les bonnes personnes pour avoir accès à un diagnostic » numéro 400 - Mars-avril 2018 - www.peep.asso.fr 8 Engagée depuis plus de 10 ans dans la vie associative, Nathalie Groh est originaire de la région Midi- Pyrénées, où elle a présidé l’association Avenir Dysphasie. En 2011, elle devient vice-présidente de la FFDys et y anime le pôle santé. Présidente d’AAD France du groupe Avenir Dysphasie, elle est nommée présidente de la FFDys en mars 2015. « Avant de parler de trou- ble « dys », il faut éliminer toute pathologie qui expliquerait pourquoi l’enfant ne rentre pas dans les apprentissages. » Nathalie Groh, présidente de la Fédération Française des Dys (FFDYS).

RkJQdWJsaXNoZXIy MTI2MTY0