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Isère. « Tout a commencé en grande section de maternelle lorsque la maî- tresse de Mathis, elle-même mère d’un enfant dyslexique, a remarqué que quelque chose n’allait pas avec mon fils. Il bloquait réellement sur l’apprentissage de la lecture. Je me suis donc tournée vers un orthophoniste, puis vers le Centre du Langage de Grenoble. Les soupçons de sa maîtresse se sont révélés justes puisque Mathis a été diagnostiqué multi- dys » , partage Ludivine. Accompagnement en classe Si un bilan orthophoniste et une consul- tation du pédiatre fournissent des pre- mières pistes, l’enfant peut en effet être ensuite aiguillé vers d’autres spécialistes en fonction de ses difficultés : examen psychologique, examen psychomoteur, bilan ergothérapique, etc. Avec un diagnostic précis, l’enfant pourra être suivi par le professionnel de santé adé- quat. Mais à l’école, aussi, il doit pouvoir bénéficier d’un soutien et d’un accom- pagnement au quotidien. Si Ludivine a eu la chance de trouver une maîtresse conciliante et sensible aux troubles dys, cela n’a pas toujours été le cas durant la scolarité de Mathis. « En primaire, certains enseignants étaient compréhensifs et adaptaient leurs cours. Mais je me suis aussi heur- tée à des professeurs qui n’essayent pas de faire d’efforts pour mon fils » , regrette Ludivine. La diffi- culté ? Beaucoup d’en- seignants méconnaissent encore ces troubles. « Il faut rappeler aux ensei- gnants que les élèves souffrant de troubles dys ont les mêmes capacités de compréhension que tout autre élève, à condition de prendre en compte les besoins liés à leurs difficultés. C’est au système de s’adapter aux particularités EDUCATION VIE SCOLAIRE www.peep.asso.fr - numéro 400 - Mars-avril 2018 5 is pas invincibles ! (suite page 6) Françoise Garcia, orthophoniste, vice-présidente de la FNO (Fédération nationale des orthophonistes) Comment s’organise la prise en charge d’un enfant suspecté « dys » ? S’il y a une suspicion de trouble dys, nous recevons l’enfant et sa famille pour réaliser un bilan. Ce bilan donne une idée de ce qui fonctionne bien et de ce qui fonctionne moins bien chez l’enfant. Dans les cas les plus simples, nous posons un diagnostic de dyslexie et proposons un projet thérapeutique. La plupart du temps, il repose sur des soins de compensation, puisque la dyslexie est un trouble durable dont on ne guérit pas. De plus, il y a autant de dyslexies que d’enfants dyslexiques. Certains compenseront sur l’aspect phonologie, d’autres sur l’aspect visuel, d’autres encore sur les stratégies de compréhension qui leur sont propres. C’est très varié. Le projet thérapeutique est vraiment individualisé : il doit s’adapter à l’enfant et à son trouble. Comment associer les parents à ce projet thérapeutique ? En plus des adaptions pédagogiques qui peuvent être déployées en classe, les parents ont un rôle important lors du temps des leçons, à la maison. C’est pourquoi, il faut leur donner des grilles de décodage du mode de fonctionnement de leur enfant. L’essentiel est que l’enfant ne soit pas réduit à ses difficultés. L’estime de soi est facilement altérée quand on ne réussit pas à l’école. Les parents ont souvent l’impression qu’il faut faire plus pour faire mieux. C’est faux : avec les enfants dyslexiques, il faut faire autrement. « Avec les enfants dyslexiques, il faut faire autrement » Intégrer un enfant « dys » dans la classe doit se faire en associa- tion avec tous les autres élèves.

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