VDP 399

www.peep.asso.fr - numéro 399 - Janvier-février 2018 33 MAGAZINE EN FAMILLE déos). Derrière la volonté de poster des photos sous des filtres esthétiques, se ca- che une recherche permanente du beau. « Instagram, c’est le réseau social du visuel, qui promeut l’image idéalisée. C’est un espace assez tyrannique qui pousse les jeunes à la perfection » , met en garde Michael Stora. Les autres plateformes sont loin d’être ir- réprochables également : Facebook, ré- seau social numéro 1 au monde (plus d’un milliard d’utilisateurs !) est considéré comme le lieu le plus propice au cyber- harcèlement, selon l’étude #StatusOf- Mind, et Snapchat, comme le réseau so- cial le plus addictif duquel il est très difficile de se déconnecter. Le principe de Snapchat ? Poster un message ou une photo qui disparaît automatiquement au bout d’un temps limité, souvent de quel- ques secondes ! C’est en quelque sorte le réseau social de l’éphémère, qui conduit les adolescents à ne jamais décrocher, par « peur de manquer quelque chose ». Construction identitaire Pourtant, malgré ce tableau très sombre, l’utilisation de ces réseaux sociaux peut receler certains aspects positifs. « Un ado- lescent est un être aux multiples facettes, avec un soi triste, un soi “vitrine” où il évo- que ses centres d’intérêt, etc. Donc, de manière générale, les adolescents utili- sent les réseaux sociaux comme un espace de la construction identi- taire, où les “like” et les commentai- res vont confirmer ou infirmer leurs publications. C’est une quête de sa personnalité » , souligne Michael Stora. Les réseaux sociaux font par- tie d’un processus normal de l’ado- lescence. Auparavant, les adoles- cents passaient des heures au téléphone, après les cours, pour continuer d’échanger avec leurs copains. Aujourd’hui, ils pianotent sur leur smartphone et se retrouvent sur Facebook ou Snapchat. Inter- dire l’usage des réseaux sociaux, ce mmer avec modération ! (suite page 34) serait les priver de vivre avec leur temps. Si les réseaux sociaux sont néfastes, c’est avant tout à cause de comportements déviants. Et pour éviter les dérives, mieux vaut accompagner ses enfants dans l’usage de tels outils. C’est ce que tient à faire Sophie, maman Changement de comportement, renfermement, phobie scolaire… Attention aux signes qui peuvent montrer que l’enfant vit mal les réseaux sociaux ! En quoi les réseaux sociaux sont-ils dangereux ? Les réseaux sociaux sont des outils qui permettent aux adolescents de communiquer, de s’exprimer mais aussi de se valoriser. Pour cela, ils sont intéressants : ce sont des supports qui permettent d’être quelqu’un aux yeux des autres. Le problème, ce sont les usages déviants. Mal employés, les réseaux sociaux peuvent créer un embrasement et conduire, dans les cas les plus graves, à du harcèlement. C’est d’autant plus délicat pour les 11-14 ans, qui sont en pleine construction de leur personnalité, à mi-chemin entre l’enfance et l’adolescence et sans prise de recul par rapport aux choses. Quels conseils donner aux parents pour un bon usage des réseaux sociaux ? Déjà, les parents doivent rester vigilants, pour repérer les éventuels « signes » qui montrent que leur enfant vit mal les réseaux sociaux : changement de comportement, renfermement, phobie scolaire, etc. Il ne s’agit pas d’être intrusif, mais d’instaurer un dialogue. L’usage des réseaux sociaux n’est pas à bannir, mais il doit être modéré. Par exemple, les parents peuvent demander à leur adolescent de laisser son smartphone dans le salon avant de se coucher, ce qui sera en plus très bénéfique pour son sommeil. Mais à eux également de savoir mettre de côté leur propre appareil : par ce geste, ils donnent l’exemple et montrent qu’ils restent disponibles pour leur enfant. « Aux parents de montrer l’exemple ! » Dr Thierry Delcourt, pédopsychiatre - psychanalyste à Reims

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