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reçoit des réponses. Quand il aura obtenu deux réponses posi- tives, il devra choisir entre les deux, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il ne conserve que le vœu qu’il préfère. Entre vœux des candidats et places disponibles, les établisse- ments vont-ils devoir faire preuve de vigilance pour éviter tout risque de « surbooking », par exemple ? En effet, il existe aujourd’hui un problème de places dans l’en- seignement supérieur, mais seulement dans les filières dites « en tension ». Je rappelle qu’il restait encore 130 000 places dispo- nibles à la fin de l’APB 2017. Le problème est donc celui des licences générales les plus demandées, mais aussi d’un certain nombre de BTS et d’IUT desquels les bacheliers technologiques et professionnels se trouvent évincés en raison de l’afflux mas- sif de bacheliers généraux. Pour y remédier, j’ai engagé près d’un milliard d’euros uniquement fléchés pour l’ouverture de places dans ces filières, pour créer des postes et reconnaître l’engagement des enseignants dans la mise en place des par- cours personnalisés. Ces mesures se concrétiseront dès l’an prochain et se déploieront au fur et à mesure des années. Elles permettront d’enrayer le risque de « surbooking ». Une fois les réponses à leurs vœux obtenues, comment aider les élèves à faire leur choix définitif ? Il faut garder une chose à l’esprit : tous les élèves qui souhaitent poursuivre des études auront une place dans l’enseignement supérieur, car le bac est le seul passeport pour ouvrir ces portes. Je sais à quel point l’année de terminale peut être stressante pour les parents d’élèves. Tous les dispositifs que nous mettons en place visent justement à mieux accompagner les enfants vers la vie d’adulte, et donc aussi à aider les parents. Une des choses les plus importantes est de remettre de l’humain dans ce moment essentiel de la vie de nos enfants. Tous les parents que j’ai rencontrés m’ont fait part de leur impuissance lorsqu’ils se sont retrouvés seuls face à un algorithme dont la seule fonction- nalité était de faire concorder une offre et une demande. C’est pour cela que la nouvelle plateforme affichera autant d’informations en amont. C’est pour cela aussi que deux pro- fesseurs principaux sont mobilisés par classe : ils accompagne- ront les lycéens et pourront les conseiller y compris lorsqu’ils auront les réponses à leurs vœux. Il ne faut pas hésiter à aller les voir. Une commission mixte entre le lycée et l’enseignement supérieur sera également créée, pour faire tomber cette bar- rière entre deux mondes qui se connaissent encore trop peu. Enfin, nous mettons en place, pendant toute la durée de l’ad- mission une cellule qui répond aux questions que se posent les DOSSIER POUR UNE ORIENTATION RÉUSSIE www.peep.asso.fr - numéro 399 - Janvier-février 2018 25 e et de l’Innovation s’autocensurer » lycéens et les parents : par téléphone mais aussi sur les réseaux sociaux. Si un élève veut suivre une filière, mais qu’il ne dispose pas du niveau requis, un recours lui est-il possible (une formation, une remise à niveau, etc.) ? Nous voulons accompagner la diversité des profils des bache- liers et mieux les accompagner en généralisant des dispositifs qui existent déjà dans plusieurs universités et qui ont fait leurs preuves puisqu’ils ont permis d’éviter le décrochage en pre- mière année. Leur principe est simple : les universités ont l’obli- gation d’accepter toutes les demandes d’inscription, dans la limite de leurs capacités d’accueil. Cela signifie que les bache- liers sont bien inscrits en première année de la licence de leur choix. Mais nous leur demandons de faire confiance aux uni- versités pour dessiner le chemin vers leur réussite : quand un bachelier aura un niveau trop éloigné des « attendus » définis par les formations, les universités pourront calibrer son emploi du temps pour y inclure des remises à niveau. Par exemple, si un bachelier littéraire veut suivre une licence de biologie, il débutera sa licence avec des cours complémentaires en bio- logie, car il n’aura pas fait de biologie en terminale. Bien orienter les futurs bacheliers, par quoi cela passe-t-il ? De l’information, de l’accompagnement, car il n’y a rien de plus injuste socialement que l’inégalité d’accès à l’information. Nous mettons beaucoup d’outils nouveaux à la disposition des parents et de leurs enfants : il ne faut pas hésiter à s’en saisir. Je voudrais ajouter une dernière chose : bien s’orienter, c’est aussi ne pas s’autocensurer. Quand on a 18 ans, on a toute la vie devant soi. Il faut croire en soi, il faut y aller ! Et si on se trompe, ce n’est pas grave ; c’est aussi comme ça qu’on se construit et qu’on devient adulte. Biologiste spécialisée en génétique moléculaire, Frédérique Vidal débute sa carrière dans le privé, dans la recherche et développement. Elle rejoint ensuite l’Université de Nice-Sofia Antipolis d’abord en tant que maître de conférence, puis en tant que présidente de 2012 à 2017. En mai 2017, elle devient ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.

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