VDP 398

Grand Témoin Patrice Gaillard Quelles sont les conditions à réunir pour qu’un jeune réus- sisse dans la filière professionnelle ? Il faut avant tout qu’il soit acteur de son orientation, et non qu’il la subisse. Cette préoccupation, qui implique la famille, doit être engagée bien avant le lycée. Le parcours Avenir, qui accompagne chaque élève de la sixième jusqu’à la ter- minale, permet à l’élève de découvrir les différents métiers ainsi que les formations qui y conduisent, notamment les emplois méconnus et pourvoyeurs d’emploi. Nous devons dans le même temps lutter contre tous les stéréotypes, notamment ceux liés au genre. À titre d’exemple, dans l’académie de Lyon, les Meilleurs Ouvriers de France vien- nent chaque année exposer aux élèves de 6 e et de 5 e leur métier et leur parcours ; et un camion « micro usine mobile » se déplace dans les collèges et lycées pour promouvoir les métiers de la plasturgie. Comment faites-vous pour rapprocher l’école du monde de l’entreprise ? Nous travaillons avec le Conseil régional et les établisse- ments pour adapter la carte de formation afin qu’elle réponde aux besoins des entreprises. Chaque année, nous fermons des formations et nous en ouvrons d’autres. Nous avons créé des formations dans le domaine de la logistique et du transport après avoir identifié des besoins dans ce domaine. Nous envisageons de renforcer les formations aux métiers de la sécurité car la demande est forte dans ce sec- teur. Nous essayons d’être le plus réactif possible. Nous avons même formé une trentaine de jeunes sur trois ans pour répondre au besoin ponctuel d’une entreprise de la région. Il en va de l’intérêt de l’économie, mais aussi de celui des élèves qui sont quasiment certains de trouver un emploi quand ils sortent de l’école. Après la création de 500 nouvelles formations au niveau national à la rentrée 2017, nous allons continuer à mettre l’accent sur les filières d’avenir et les métiers en tension. Enfin nous nous efforçons de mieux articuler l’offre de formation sous statut scolaire et en apprentissage pour que chacun puisse construire son propre parcours de formation. En quoi la filière professionnelle est-elle selon vous une voie de réussite ? Ses principaux atouts sont la richesse de l’offre de formation et son modèle pédagogi- que dans lequel bon nom- bre d’élèves se retrouvent. La pédagogie de l’alter- nance, qui permet des allers-retours permanents entre activité profession- nelle en entreprise et forma- lisation des compétences en CFA et en lycée, est un atout indéniable pour s’insé- rer dans le monde du travail. La voie professionnelle per- met en outre à chacun de réussir à son rythme. Nous cherchons d’ailleurs à ren- forcer cette souplesse en favorisant la reconnais- sance des compétences par les blocs de compéten- ces. Cela permet par exem- ple aux jeunes qui ont décroché d’être reposition- nés sur un parcours adapté. Cette souplesse s’exprime également dans le cadre des classes de seconde pro- fessionnelle à orientation progressive qui donnent plus de temps à un jeune pour faire le choix de son orientation. Nous misons beaucoup aujourd’hui sur le croisement et la com- plémentarité des expériences et des compétences. Par exemple ? Dans les campus des métiers et des qualifications labellisés par les ministères de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de l’Économie, un jeune en CAP peut être amené à travailler avec un élève ingénieur, les jeunes sous statut scolaire et les apprentis partagent les mêmes plateaux techniques et des entreprises viennent tester les équipe- ments... Le fait que les mondes de l’enseignement secon- daire, du supérieur et de l’entreprise se côtoient donne du sens aux apprentissages, favorise les échanges d’expé- rience et ouvre des perspectives. Patrice Gaillard est Délégué académique à la formation pro- fessionnelle initiale et continue (DAFPIC) de l’académie de Lyon et coordonnateur de la carte des formations initiales pour la région académique Auvergne-Rhône-Alpes. À ce titre, il conseille la rectrice de la région académique sur la for- mation professionnelle tout au long de la vie et participe à la mise en œuvre de la formation professionnelle initiale des éta- blissements publics et privés. DOSSIER L’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL AU CENTRE DES ATTENTIONS « Nous nous efforçons d’adapter l’offre de formation » numéro 398 - Novembre-décembre 2017 - www.peep.asso.fr 24

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