VDP-397

www.peep.asso.fr - numéro 397 - Août-septembre-octobre 2017 33 MAGAZINE EN FAMILLE ces, c’est la plus intense , rappelle Olivier Merckel, chef de l’évaluation du risque lié aux nouvelles technologies à l’Anses. Les enfants sont plus exposés que les adultes du fait de leurs différences morphologi- ques et anatomiques ». Au niveau du cer- veau, en particulier, certaines zones, en- core en transformation, sont plus sensibles aux ondes. « Requérant une attention permanente pour répondre à la moindre image envoyée, c’est très fatigant pour le cerveau, d’où un déficit d’attention » , confirme Stéphane Clerget, qui incite les parents à la vigilance. Soucieuse de ces dangers, Laëticia, mère de 3 enfants dont l’aînée Lou-Ann est entrée au collège, a fini par équiper sa fille après quelques mois de résis- tance : « J’y ai trouvé des avantages pour l’organisation familiale, mais nous avons fixé des règles pour qu’elle le dé- pose en rentrant du collège et qu’elle ne l’ait jamais près de son lit » . Or, les adoles- cents aimant déroger aux règles, il est parfois difficile de gérer cet intrus dans le cercle familial. « J’ai rapidement vu l’ef- fet portable : elle était tout le temps rivée dessus, et cela a provoqué de violentes disputes et pleurs entre copines suite à des SMS envoyés, des gossips (ragots). J’ai dû le confisquer ». L’effet addictif est aussi fort qu’auprès des adultes, pour qui le téléphone de- vient une « 3 e main », ce qui contribue à un véritable paradoxe selon Stéphane Clerget : « les parents se plaignent des ef- fets du portable mais sont eux-mêmes fas- cinés par cet objet et solidaires avec leur ado. Ils l’offrent en trouvant génial ce que leurs enfants font avec… alors que c’est moins compliqué d’utiliser un ipad que de faire un dessin avec crayon ! » . Résultat, dans les foyers, la gestion du téléphone devient une bagarre quotidienne dont le dernier levier reste la confiscation. « Mes deux filles l’emmèneraient même à table si je ne l’avais pas interdit ! » , témoigne Fanny, qui a dû s’interposer sur un des ré- (suite page 34) seaux sociaux utilisés par ses filles suite à des échanges insultants. Réseaux sociaux Car les adolescents utilisent peu leur télé- phone… pour téléphoner : 5 % de leurs communications ! Ils préfèrent communi- quer via des applications comme Snap- chat, WhatsApp, et passent leur vie sur les ! » Stéphane Clerget, psychiatre et pédopsychiatre, est spécialiste de l’adolescence, auteur de nombreux ouvrages dont « Adolescents, la crise nécessaire », publié chez Fayard. « Les adolescents deviennent dépendants de leur téléphone notamment pour son aspect rassurant. Avoir l’impression d’être toujours en contact calme l’angoisse de la solitude et remplace le doudou. Ce n’est pas un hasard qu’à l’adolescence se produise cette régression : le téléphone lui permet, comme plus jeune lors de la séparation des parents, d’avoir l’impression de pas être seul et de pouvoir être sauvé à tout moment de tout danger réel ou imaginaire ! Cela permet aussi d’éviter de se confronter à ses pensées, qui à cet âge peuvent être sexuelles, agressives et mettre mal à l’aise. En fixant le téléphone il se sent protégé, ce qui explique qu’il reste face à l’écran plutôt que de parler. Car les ados téléphonent assez peu, et ne sont d’ailleurs pas plus joignables ! Les garçons sont sur des vidéos, les filles sur les réseaux sociaux, leur mode de communication étant l’envoi de photos, selfies et SMS. Il faut leur expliquer qu’il est plus intéressant d’être dans la relation directe, et de peaufiner leur image dans la vraie vie, en les inscrivant à des activités réelles. L’adulte entretient l’impression que son enfant entre dans la modernité, où le téléphone s’apparente à la pierre philosophale, comme si tout le savoir y était contenu. C’est encore une illusion à ne pas entretenir, il y a tant de moyens différents pour s’informer et se cultiver ! » « Le téléphone portable : un doudou et une pierre philosophale » L’ado et son portable : partout, tout le temps !

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