VDP-397

Que ressentez-vous à l'idée de vivre votre première rentrée scolaire en tant que ministre de l'Education nationale ? Le sentiment d’une grande responsabilité. Il y a beaucoup à faire, notamment pour les plus fragiles. Il faut agir en amont : la maîtrise par tous les enfants des savoirs fondamentaux (lire, écrire, compter et respecter autrui). Aujourd’hui deux enfants sur dix sont en difficulté en lecture, en écriture ou en calcul à la fin du CM2. C’est inacceptable ! Il faut aussi porter notre attention sur l’autre extrémité de la scolarité en améliorant l’articulation entre le lycée et les études supérieures, mais sur- tout en rénovant notre enseignement professionnel. Quels sont, d'après vous, les points forts et les points faibles de l'école d'aujourd'hui ? L’école française sait mener au plus haut niveau les élèves les plus motivés. Toutes les enquêtes internationales le montrent. Nos ingénieurs, nos techniciens sont recherchés. En revanche, l’École doit faire plus et mieux pour certains enfants issus de milieux défavorisés qu’elle a du mal, globalement, à mener à l’excellence. Et quand je parle d’excellence, je dis que chaque élève mérite que l’école l’aide à trouver et à développer ses talents. Il en va de même pour les enfants issus de milieux plus aisés qui ont du mal à s’adapter à la culture scolaire. C’est la condition de l’ « école de la confiance » que j’appelle de mes vœux. La confiance de la société en son école. C’est le marqueur commun de tous les systèmes qui réussissent. Dès votre arrivée, vous avez remis en cause plusieurs mesures prises par votre prédéces- seur dont certaines n'avaient pas montré tous leurs effets. En quoi ces changements précipités étaient-ils nécessaires ? Il n’y a eu aucune précipitation ! Nous avons mis en œuvre des mesures annoncées tout au long de la campagne prési- dentielle. Personne ne doit en être surpris. L’inspiration com- mune à toutes ces mesures est de réparer ce qui a été abîmé et d’approfondir ce qui fonctionne. Au collège, nous donnons la souplesse nécessaire pour l’adapter aux besoins des élèves. Surtout, nous enrichissons l’offre éducative en ouvrant à nouveau des classes bilangues, en réinstallant des classes européennes et un véritable ensei- gnement de latin et de grec. Sur les rythmes scolaires, la philosophie est la même. Nous ne créons pas une obligation ; nous proposons une liberté nou- velle. Chacun sait que la réforme des rythmes, si elle a été bien acceptée dans certains endroits, a aussi créé des difficul- tés dans d’autres endroits. En quoi le plus grande autonomie des établissements, que vous appelez de vos vœux, peut-elle améliorer la qualité des apprentissages. Ne risque-t-elle pas de renforcer les inégalités entre les territoires ? Les inégalités à l’école, c’est la situation actuelle de l’école française. Parler d’autonomie c’est parler de la liberté laissée aux acteurs de terrain pour mieux répondre aux besoins de leurs élèves. Je note qu’en matière éducative, les prescrip- tions autoritaires et uniformes ont créé de l’inégalité. Je crois au contraire que la liberté, inscrite dans un cadre national, est facteur d’égalité, d’égalité devant la réussite. Je veillerai tou- jours au respect de ce principe. Il nous faut par exemple nous assurer que les écoles et établis- sements ruraux bénéficient de tous les atouts. Je pense évidemment à la question du trans- port scolaire qui relève des régions. Je pense aussi à la qualité des réseaux numériques. Comment voyez-vous l'école française dans 5 ou 10 ans ? Une école qui inspire confiance parce qu’elle s’est imposée comme la garante de l’équité sociale. Une école plus tolérante aussi où cha- que parcours, chaque profil a sa légitimité. Je souhaite qu’on puisse dire que l’école française est à l’avant- garde des systèmes scolaires des pays de l’OCDE grâce à l’in- novation, aux expérimentations et à une approche plus rationnelle de la pédagogie et un traitement plus systémati- que de la difficulté scolaire. Quel doit être le rôle de l'école dans la construction des futurs citoyens ? L’école de la République est la fabrique du citoyen qui com- mence par le respect d’autrui, ce que je considère être l’une numéro 397 - Août-septembre-octobre 2017 - www.peep.asso.fr 24 Grand Témoin Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale « L’importance des parents d l’école sera accrue » “Chaque élève mérite que l’école l’aide à trouver et à développer ses talents”

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