VDP-397

numéro 397 - Août-septembre-octobre 2017 - www.peep.asso.fr 14 ont choisi l’instruction à la maison, nul besoin de cours classiques pour que l’en- fant apprenne les bonnes choses. Dans le cas d’Oyan, les séances de cuisine sont ainsi l’occasion de travailler les mathématiques. « Nous ne faisons du for- mel que si notre fils le demande. En tout, nous avons dû lui enseigner à peine une vingtaine d’heures de mathématiques de toute sa vie, précise sa mère. Les bases des mathématiques sont dans la vie courante. Aussi, il est facile de trans- former l’enseignement en jeux : les enfants retiennent beaucoup mieux. » Pour les autres enseignements, comme l’histoire, la géographie ou l’art, ces familles multiplient les visites culturelles. Et quand au collège le niveau se corse, les enfants ont gagné suffisamment en autonomie pour développer leur propre apprentissage. Ils savent chercher l’in- formation par eux-mêmes et multiplier les sources. Solliciter l’aide d’amis des parents pour apprendre l’anglais, faire des recherches sur internet ou à la bibliothèque, lire beaucoup, voyager avec leurs parents… Tout est prétexte à apprendre. Pour ceux qui préfèrent des EDUCATION ZOOM Sur les quelque 25 000 enfants « instruits à la maison », un tiers sont âgés de 6 à 10 ans. Ancienne enseignante dans le Loir-et-Cher, Samara n’avait jamais eu de mauvais a priori concernant l’école. Au contraire, elle y était très attachée. Ses filles aînées ont d’ailleurs poursuivi une scolarité « classique ». Mais pour ses deux derniers enfants, tout s’est passé différemment. Lou, 13 ans et Alizée, 11 ans, n’ont connu que respectivement 2 ans et demi et 5 mois d’école. Ils étaient alors en école maternelle, mais Alizée, en petite section a développé une véritable phobie de l’école. Samara choisit alors de déscolariser ses deux jeunes enfants et de leur donner des cours à la maison. « Je me suis mise en disponibilité pour pouvoir enseigner à mes enfants. Mais j’avais peur : d’une part de cette image de moi-même seule, face à mes enfants durant de longs tête-à-tête, et d’autre part, qu’ils s’ennuient et se sentent isolés. Je n’avais pas envisagé l’instruction en famille sur le long terme » explique Samara. Au final, huit années se sont écoulées et Samara apprécie son choix. « Pour les enseignements type mathématiques ou français, je me suis rendue compte que quatre ou cinq heures de cours par semaine suffisent pour acquérir le même niveau qu’en classe, qui, lui, demande plusieurs semaines d’apprentissage. Nous sommes sur de l’individuel : les enfants progressent mieux. Dans les classes surchargées, il y a beaucoup de perte de temps. » « Nous sommes sur de l’individuel : les enfants progressent mieux ! » Samara, maman de Lou et Alizée et organisent des séances régulières de travail. D'autres s'inspirent des pédago- gies alternatives. Par exemple, pour enseigner la lecture à sa fille, Alix Delehelle a opté pour la méthode des Alphas, qui propose une approche ludo-éducative grâce à de petits per- sonnages. D’autres familles encore préfèrent laisser l'enfant aller vers les sujets qui l'intéres- sent et se contentent de répondre à sa curiosité. « Je n’aime pas le terme “école à la maison” car justement nous ne faisons pas l’école. Il n’y a pas de cours imposés. Nous apportons à nos enfants un environnement stimulant et riche, et nous essayons d’être le plus dis- ponible possible pour leurs questions. Ils apprennent ce qu’ils veulent, comme ils veulent, quand ils veulent » , com- mente Gwenaële Spenlé. Une absence de planning et une approche très libre auxquelles adhère également Alix Delehelle : « Les enfants apprennent beaucoup par eux-mêmes. Ils dévelop- pent leur curiosité et deviennent vite autonomes. De plus, s’ils aiment un sujet, ils ont du temps pour l’approfon- dir » , affirme-t-elle. Transformer l’enseignement en jeux Ainsi, pour la plupart des familles qui

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